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Le secteur informel sous la loupe du FTDES
18/02/2022 | 14:02
5 min
Le secteur informel sous la loupe du FTDES

 

Une étude du FTDES (Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux), produite par Abderrahmane Ben Zakour, vient de paraitre.

Ayant pour titre « Le secteur informel en Tunisie : autorité de l'Etat ou autorité de l'informel ? », le texte traite des différents aspects du secteur informel, de son impact sur l’Etat et ses institutions et de l’expérience de certains pays du tiers monde face au phénomène.

 

Dans l’introduction de cette étude on peut lire que « le développement de l’informel est redevable à l’effritement de la société salariale » ainsi et selon une étude de l’Organisation des Nations Unies : « l’informel touche directement ou indirectement plus des trois quarts des pays et de la population mondiale, surtout celle des pays du tiers monde (Afrique, Asie, Amérique Latine…) ».

Plus le pays est pauvre et plus la part de l’informel y est importante. Cette affirmation qui met en exergue la relation entre le degré de développement et l’économie souterraine, dévoile aussi la relation étroite entre l’Etat et les barons de l’informel qui représentent l’alternative. « Un moyen de lutter contre la pauvreté et créateur d’emplois ».

Dans sa première partie, cette étude traite du cadre théorique et empirique du secteur informel tout en dressant une liste des activités informelles en Tunisie. On y trouve aussi deux définitions du phénomène émises par d’éminents chercheurs tels que : Jacques Charmes, ou encore Michel Seruzier, économiste spécialiste de l’Amérique Latine où « le non structuré » prospère.

« Le secteur informel est l’ensemble des activités réalisées par des individus dont l’objectif principal est la survie du groupe (en général le ménage). Ce secteur se développe en dehors de la mentalité accumulatrice du capitalisme moderne » écrit l’économiste, Mr. Seruzier.

 

D’un autre côté, en se basant sur la réalité socio-économique tunisienne, Abderrahmane Ben Zakour nous offre la définition qui s’adapte le mieux au contexte du pays : « Le secteur informel est l’ensemble des micro-entreprises de production et de services qui ont un faible capital matériel et humain et qui exercent en marge de la légalité, elles peuvent ne pas respecter la législation en vigueur, la respecter partiellement ou rarement, la respecter totalement ».

Pour l’auteur de l’étude « toute enquête sur le phénomène pour déterminer : la population mère, les activités exercées et les grandeurs économiques doit être entreprise avec le maximum de précaution » car l’obtention de statistiques se révèle être très difficile, voire impossible étant donné la « méfiance des agents informels », et leur grande mobilité géographique.

Après avoir exposé la dichotomie entre secteur formel et informel et la frontière abstraite qui existe entre les deux, car bien des entreprises, « sont à la fois formelles et informelles », Abderrahmane Ben Zakour, dresse les différentes approches théoriques du « secteur non-enregistré ». Ainsi pour l’approche Marxiste, par exemple, «  le secteur informel est perçu comme forme de soumission au capitalisme, comme une ‘petite production marchande’ opérée dans le mode de production capitaliste qui domine l’économie. Dans le cadre du processus d’accumulation à l’échelle mondiale, la petite production marchande du secteur informel est une transposition national du système international inégal, elle joue le rôle du maintien du sous-développement pour que la dépendance perdure ».

 

D’un autre coté, l’approche néo libérale du phénomène, dirigée par le péruvien De Soto, qui considère que : « les pauvres doivent avoir le droit de propriété duquel ils sont exclus. Dans cette logique, De Soto explique que : Puisque les opérateurs informels sont exclus du droit de propriété et qu’ils agissent dans une économie hyper flexible ; alors le secteur informel produit ses propres règles de droit (économie institutionnelle), il se présente comme une revanche des lois éternelles du marché et de la rationalité économique. Pour l’économiste péruvien, il ne s’agit ni plus ni moins d’une révolution invisible dans le tiers monde contre l’excès des lois et des exigences administratives résultant d’un état omniprésent et tout puissant.

Outre ses définitions et réalités, Abderrahmane Ben Zakour, révèle qu’en Tunisie, cette économie invisible est bien influente dans le domaine politique et agit comme un amplificateur pour la corruption. Cette « Radioscopie » des activités informelles en Tunisie est ensuite accompagnée dans le document, des « solutions » pour une formalisation, une légalisation du phénomène.

Dans le cadre de la légalisation, la négociation avec l’Etat des barons de l’informel  pourra avoir lieu après l’indentification de l’activité du « baron » et de son lien, ou pas, avec le terrorisme.

 

La stratégie de formalisation de cette économie passe aussi par des espaces appropriés dans les grandes villes pour les informels ambulants, comme cela est fait en Chine, par exemple, fait noter l’auteur de l’étude. Aussi, parmi les solutions préconisées par M. Ben Zakour : la scission par l’Etat de titres de propriétés dans les régions de l’intérieur du pays et il s’agira alors de libérer le foncier agricole en se dirigeant pleinement vers une économie sociale et solidaire.

 

Dans cette étude du FTDES, il ressort que « la formalisation est une voie obligée, inévitable et incontournable, elle doit être conforme aux normes internationales et doit converger vers le travail décent et le développement inclusif ». D’autre part, l’auteur met l’accent sur l’expérience chinoise une économie socialiste très tolérante à l’égard du secteur informel perçu comme un amortisseur du chômage et régulateur des mutations sociales.

« De par le monde et après examen de plusieurs expériences des pays en développement, et compte tenue de la croissance démographique, du chômage et du progrès technologique qui a remplacé l’homme par la machine, nous avons abouti à une conclusion quelque peu poétique : l’informel est universel, l’informel est immortel, il est éternel » peut-on lire en conclusion du rapport de l’auteur Abderrahmane Ben Zakour.

 

S.A

 

 

18/02/2022 | 14:02
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