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La stratégie de transformation de la BNA suit son cap dans de bonnes conditions
29/04/2019 | 22:07
8 min
La stratégie de transformation de la BNA suit son cap dans de bonnes conditions

 

A la troisième année de son plan de transformation, la Banque Nationale Agricole (BNA) est en train de progresser à pas de géant, et ceci malgré le durcissement de la réglementation bancaire. Seul reproche fait par les actionnaires, la non-distribution d’un dividende. Mais pour le mangement, aucune concession n’est possible : il faut renforcer les fondamentaux et poursuivre le plan de modernisation, qui commence à donner ses fruits.

 

C’est donc dans une ambiance globalement bonne que s’est tenue, ce lundi 29 avril 2019, l'Assemblée générale ordinaire de la BNA pour l’exercice 2017, sous l’égide du président du Conseil d’administration Mohamed Salah Chebbi Al Ahssan et du directeur général de la banque Habib Belhaj Gouider, en présence du mandataire spécial de l’Etat Fethi Belaouid.

 

 

La BNA a clôturé l’année 2018 avec un résultat net de 175,46 millions de dinars (MD) fin 2018 contre 198,591 MD fin 2017 (-11,6%). Ceci dit, le résultat de l’activité récurrente a augmenté de 38%, pour atteindre 142 MD, soit une hausse de 74% en moyenne sur 3 ans. Grâce notamment à une hausse de la marge sur commissions en hausse de 27%. Le tout malgré une contribution au fonds de garantie des dépôts bancaires de 23,14 MD, une contribution conjoncturelle exceptionnelle de 5,04 MD et 35,26 MD d’impôt. Le Produit net bancaire (PNB) a atteint, pour sa part, 553,75 MD (+24,6%). La banque a été également négativement impactée par la décision de la Banque centrale de provisionner Carthage Cement à hauteur de 25% : la BNA a provisionné environ 20 MD en plus.

Les dépôts et avoirs de la clientèle ont augmenté de 2,2%, situés à 7.799,98 MD et des créances sur clientèle en hausse de 5,8%, atteignant les 9.259,08 MD. Le coefficient d’exploitation a atteint 48%, s’améliorant de 1,7 point. Sans comptabiliser la contribution au fonds de garantie de dépôts, le coefficient d’exploitation aurait atteint 43,9%.

Côté ratios de gestion et de rentabilité, la banque termine son exercice 2018 avec un ratio de liquidité de 181,16%, un ratio de solvabilité de 14,68%, un ROA de 1,58%, un TIER1 de 9,86%, un taux de créances classées de 15,65% et un taux de couverture de 59,27%.

«Des résultats et ratios qui surperforment le business plan», a précisé le DG. Et de souligner que la banque est prête à la transition aux normes IFRS, avec son matelas de capitaux propres.

Le groupe BNA a terminé 2018 avec un résultat consolidé de 166 MD contre 195,04 MD un an auparavant. Le PNB consolidé réalisé s’est accru de 26,8% passant de 447,23 MD à 567,25 MD.

 

 

Faisant le bilan des 3 années du plan de transformation, Habib Belhaj Gouider a estimé que la BNA est sur la bonne trajectoire, avec au menu la modernisation de la banque et sa digitalisation (mobile-payement, e-banking, application, etc.). Autre avancement, la mise en place du projet gestion du contentieux pour une meilleure maîtrise des risques : plus de place à l’approximation !

Dans ce cadre, l’établissement bancaire prévoit l’acquisition d’un Global Banking, un système d’information capable d’accompagner le projet de transformation de la banque. L’échéance est prévue pour septembre 2019, l’objectif est qu’il soit opérationnel d’ici 2021.

La banque renoue avec son secteur de prédilection, avec une solution de gestion des crédits agricoles, qui permettra un même traitement des prêts de l’extrême nord à l’extrême sud. La banque s’investit également dans le développement d’une activité porteuse, la banque assurance (bancassurance agricole, bancassurance pour le marché retail (assurance temporaire décès, assurance voyage, assurance sur découvert…), marché corporate (incendie,…).

En outre, la BNA se lance dans une stratégie de développement durable suite aux recommandations formulées dans le rapport de l’audit énergétique, avec une optimisation de la consommation énergétique, la rationalisation de la consommation de papier, le développement d’une politique d’achat responsable, etc.

Mohamed Salah Chebbi Al Ahssan a affirmé, dans ce contexte : «La stratégie de transformation de la BNA suit son cap dans de bonnes conditions».

 

 

Ouvrant le débat, et après avoir salué les réalisations qui ont permis à la banque de rattraper son retard, le président de l’Association des actionnaires minoritaires "Adam" Khaled Ahres, a critiqué le fait que les actionnaires n’auront pas droit à un dividende. Il pense aussi que l’augmentation de capital en numéraire est compromise, avec un cours de l’action s’inscrivant dans une tendance baissière.

Il est revenu sur l’affaire du représentant des petits porteurs au Conseil d’administration, qui selon lui, doit être élu par les actionnaires minoritaires uniquement. Et de souligner qu’il a dressé plusieurs courriers à la Banque centrale, pour qu’elle amende cette loi.

Mustapha Chouaïeb a souligné, pour sa part, que le but de tout actionnaire est d’engranger des bénéfices, il conseille le mangement de distribuer un dividende pour garantir la réussite de l’augmentation de capital. Il s’est interrogé sur la hausse des impôts alors que le bénéfice a diminué.

 

La participation dans l’Assurance AMI a été sévèrement critiquée, plusieurs actionnaires n’ayant pas compris l’intérêt d’une telle participation. Plusieurs actionnaires se sont interrogés sur l’affection de 8,77 MD du résultat de l’exercice de 2018 dans un fonds dénommé "Fonds de développement des compétences".

Kais Ben Hamadi a estimé que la valeur énoncée lors de la communication financière sur ce que devrait être le cours de l’action (26 dinars) est très loin de la réalité et que l’action devrait être beaucoup plus chère selon différentes méthode de calcul. Selon lui, la seule chose qui pénalise le cours de la BNA est son rendement dividende. Ainsi, et toujours selon lui, si on distribue un dividende de 1,2 dinar par action pour un impact de 42 MD, le cours doublera et le rendement sera de 10%.

Pour Habib Bouzouita, les actionnaires ont devant eux un très bon gâteau sans être autorisés à en manger.

 

 

Le mandataire spécial de l’Etat Fethi Belaouid a remercié le management pour les bons résultats réalisés. «En comparaison avec les autres banques publiques, on voit les efforts déployés», a-t-il précisé. Il s’est interrogé sur le degré de conformité au ratio crédit/dépôts. Un analyste s’est interrogé sur la cession des actions Simpar dépassant les 20% réglementaires.

 

A ceci, Habib Belhaj Gouider a affirmé qu’il ne partage pas du tout la vision de M. Ahres, pour lui, le prix de 12 dinars a été fixé après de longue discussion. Il a dit partager, cependant, l’analyse de M. Ben Hamadi en précisant que la valorisation de l’action a été tirée au maximum vers le bas pour se situer à 26 dinars.

«Le cours de la BNA est influencé par la non-distribution d’un dividende. Vous allez voir la "frénésie" dès la reprise de la distribution», a-t-il martelé.

A la demande de distribution d’un dividende, il a estimé que pour l’instant ce n’est pas possible et que l’objectif final est d’assoir la banque sur des fondamentaux saints. «Les actionnaires gagneront en valeur», a-t-il ajouté. Pour le représentant des petits-porteurs, il a noté qu’il ne fait qu’appliquer la loi.

Concernant la Simpar, le DG a indiqué que la banque a entamé le process et qu’elle a envoyé aux autorités, à cet effet. Selon lui, la cession se fera courant 2019.

 

 

S’agissant du ratio crédit/dépôts, il a indiqué qu’il était en dépassement de 30% et qu’à la fin d’année il l'était de 20%. Et de préciser que la banque finance plusieurs offices et que la BCT comprend que ce sont des engagements sans risque et que c’est juste un problème de liquidité.

En ce qui concerne AMI, M. Gouider a souligné que lors de l’acquisition en 2013-2014, l’affaire était rentable et qu’avec le plan de restructuration, l’assurance retrouvera sa santé dans 3 à 5 ans. Concernant la vente des actions SFBT, il a rappelé que cette cession a dû être opérée pour recapitaliser la banque, en accord avec les résultats du full audit de 2014/2015. Grâce à ce sacrifice, en 3 ans, la banque a pu constituer une réserve de 400 MD.

En réponse à M. Chouaïeb, le commissaire aux comptes a précisé que pour l’exercice 2017, la cession des actions SFBT avaient rapporté 100 MD exonérés d’impôt.

 

En ce qui concerne le Fonds de développement des compétences, Mohamed Salah Chebbi Al Ahssan a expliqué que ce fonds est destiné à l’assainissement social, notamment pour le rajeunissement de la banque via des compétences qui maîtrisent les nouvelles technologies.

 

 

La BNA se prépare à une importante augmentation de capital qui permettra de l’accompagner dans son développement, la digitaliser, renforcer ses fonds propres nets, améliorer les liquidités ainsi que la préparer à l’implémentation des normes IFRS et du système de notation interne.

«50% des métiers bancaires vont disparaître dans un horizon de 5 ans, il faut, donc, se positionner sur les nouveaux métiers», a précisé  Mohamed Salah Chebbi Al Ahssan.

Pour lui, il faut investir dans l’action BNA : la banque est solide et l’action a un fort potentiel. De plus, le modèle a prouvé sa résilience, le tout accompagné d’un business plan ambitieux.

Grâce à ces changements, la BNA table sur une croissance annuelle moyenne de 6% des créances sur la clientèle, de 8% des dépôts, de 12% du PNB.

Ainsi, la BNA espère dégager en 2022 un bénéfice net de 267 MD et un PNB de 766 MD, avec un coefficient d’exploitation de 43%.

Les dépôts sur la clientèle devront atteindre 11,06 milliards de dinars pour des créances sur clientèle de 11,81 milliards de dinars.

 

Imen NOUIRA

29/04/2019 | 22:07
8 min
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Commentaires (1)

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observator
| 30-04-2019 13:04
rapporté 100 MD en 2017 et non
"Les actions de la SFBT avaient rapporté 100MD en 2017".
Il s'agit d'un produit de cession et non de dividendes.
Donc à corriger.

B.N : Merci d'avoir attiré notre attention.