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La présidentielle jette son voile sur les législatives
16/09/2019 | 20:16
4 min
La présidentielle jette son voile sur les législatives

 

Le premier tour de l’élection présidentielle est terminé, et le verdict a été annoncé. Certes dur pour la majorité de la classe politique, mais les urnes ont parlé et le peuple a exprimé son choix, imposé sa volonté. Cela dit, durant le sprint final de cette campagne enflammée, beaucoup ont omis que les enjeux majeurs résident dans les législatives et que le coup d’envoi de la campagne a été donné alors que la majorité a été focalisée sur le résultat du premier tour de la présidentielle. Mais quel impact auront ces résultats sur la suite des élections législatives.

 

Fin de la récréation ! Les dés sont jetés et les résultats sont sans équivoque. Le peuple se trouve devant un choix crucial : voter pour Kaïs Saïed ou Nabil Karoui lors du second tour. Certains diront que c’est un choix entre la peste et le choléra, d’autres diront qu’ils seront amenés à départager un mafieux et un ultra-conservateur. Mais simplement, ils ont omis qu’un autre choix s’impose : celui des législatives. Un choix beaucoup plus important dans la mesure où c’est le parlement qui aura la mission de suivre un tel ou un tel président dans ses choix et ses orientations ou de lui faire opposition et lui barrer la route, voire même le destituer.

C’est dire qu’un président de la République a certes un rôle à jouer. Toutefois, toutes les initiatives qu’il va entreprendre dépendront inéluctablement du vote parlementaire. Ce mécanisme de contrôle et de supervision garanti par la Constitution, passe avant tout par la case des législatives.

 

De coutume, et tenant compte de leurs importances vitales dans le système de gouvernance actuel, les législatives se tiennent avant l’élection présidentielle, afin que cette dernière n’impacte pas les résultats. Or, le décès du président de la République, Béji Caïd Essebsi à quelques mois de scrutin a anticipé tout le processus, chamboulant, ainsi, toutes les cartes des formations politiques.

Mais les résultats de la présidentielle ont démontré un nouvel équilibre des forces. Des partis qui tablaient sur un bon score de leur candidat, ont affiché des résultats médiocres, comme ce fût le cas pour Youssef Chahed, qui se voyait déjà président avec une bonne majorité parlementaire, ou encore Nidaa Tounes qui soutenait Abdelkarim Zbidi. Même Mehdi Jomâa qui se présente, ainsi que son parti Al Badil, comme une alternative à ceux qui ont démontré leurs limites, son score n’excède pas les 2%.

Le cas du parti Ennahdha est bien différent. En effet, même si Abdelfatteh Mourou ne se positionne qu’en 3ème place derrière Nabil Karoui, cela ne veut pas dire pour autant la défaite du parti Ennahdha, puisqu’une grande partie de ses partisans et des mécontents de la direction actuelle du mouvement islamiste ont voté pour Kaïs Saïed.

 

Il reste tout de même à savoir, l’appartenance du réservoir électoral dont a bénéficié, Kaïs Saïed. Ce candidat « indépendant » a réuni derrière lui les conservateurs, les jeunes étudiants qui ne se voient en aucun autre candidat, et les fameuses ligues dites de protection de la révolution. Ces mêmes ligues qui constituent, visiblement une masse non négligeable, ont présenté des listes pour les législatives : la coalition de la Dignité. On retrouve en tête des listes les Seifeddine Makhlouf, Imed Deghij, Rached Khiari, Aymen Agerbi dit Reccoba… Ces noms qui nous renvoient vers une période sombre de l’après révolution où la violence et les agressions étaient les maitres mots, logeront sous l’hémicycle du Bardo, si on suit bien la logique des résultats de ce premier tour de la présidentielle.

 

Il va, donc, de soi que les législatives donneront, a priori, l’avantage aux forces conservatrices et intégristes se présentant sous la nouvelle étiquette des indépendants. Ces derniers pourraient facilement réaliser des alliances avec les partis politiques qui leur ressemblent sur le plan idéologique.

Toutefois, il est important de souligner le taux de participation faible enregistré lors de la présidentielle. Il est donc possible que les abstentionnistes puissent faire leur choix à la lumière des résultats obtenus lors de ce premier tour, cela si on compte sur une grande mobilisation pour les législatives, puisqu’il est aussi possible de voir un taux d’abstention encore plus élevé lors des législatives qui traduirait le boycott et le ras le bol des citoyens de toute la vie politique.

 

En tout état de cause, la classe politique se retrouve devant le fait accompli. Et si certains estiment que le résultat de ce premier tour de la présidentielle n’est pas à la hauteur des attentes, il est temps de se rappeler qu’il s’agit du principe même de la démocratie où la majorité exprime librement son choix. Le résultat Saïed/Karoui doit être rapidement digéré, assimilé et analysé afin de comprendre que l’heure n’est plus aux tiraillements politiques, encore moins aux petites guéguerres d’égos démesurés. Les chiffres ne se trompent pas et il est encore possible d’agir avant qu’il ne soit trop tard. La menace est grande et le danger semble imminent, pour le camp se disant progressiste, puisque, jusqu’à présent, il est clair qu’il vit dans une autre dimension.

 

Sarra HLAOUI

16/09/2019 | 20:16
4 min
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Commentaires (9)

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tounsi blid
| 22-09-2019 15:06
kais said est un usurpateur , il veut la présidence mais se désintérèsse des législatives et donc des rapports de force entre les partis présents à l'assemblée !
comment voulez vous qu'il gouverne sans parti, et sans majorité électorale au parlement ,?
IL ne pourra pas réformer le système politique et encore moins gouverner correctement ! il veut juste la place pour le salaire et le prestige !

OLM
| 18-09-2019 13:20
Centristes (Chahed, Jomaa, Zbidi, Said Aydi, Elloumi, Yassine Brahim, Ettakatol, etc.) unissez-vous pour la législative, et pour l'amour de ce pays !

lechef
| 17-09-2019 17:34
Juste je rappelle , que ce choux est celui du peuple qui s'est présenté et en conséquence légalement de tout le peuple et qu'on doit respecter .S'il y a quelques uns qui ne sont pas convaincus , ils seront devant deux situations :
Soit se présenter le jour j pour voter et choisir Karoui ou Saied
Soit s'absenter .
Dans tous les cas , nous appelons tous nos concitoyens inscrits à voter et choisir leurs Présidents. Il faut noter que 35/ de taux cumulé entre les deux candidats n'est pas représentatif , mais c:est la faute des absents .
Bref, soyons nombreux pour choisir votre futur Président Saied ou Karoui .Chacun fera librement son choix.
C'est un choux très limité cette fois-ci mais C'est la démocratie.

Mansour Lahyani
| 17-09-2019 12:16
Je ne me déjuge pas pour autant... mais la Constitution de 2014 voulue par Habib Khedher et approuvée par Fadhel Moussa - et ce n'est pas qu'un raccourci - a finalement imposé un choix qui s'apparente davantage à un moindre mal, à une sorte de pis aller qui présente un bémol très utile : ce Président de la République qu'elle nous a préparé ales ailes tellement rognées qu'il ne pourra pas nuire plus que ça à la démocratie ! Imaginez un instant Karoui, ou Saied, dotés des mêmes attributions et pouvoirs qu'un Ben Ali ou un Bourguiba vieillissant !!! J'en ai des frissons dans le dos.
Non, heureusement, finalement, que le futur boss n'aura accès qu'à une aire limitée, et bien délimitée : son pouvoir de nuisance sera bien contenu ! Et le souffle du tsunami aurait été encore plus terrible si Moussi avait bénéficié de l'adoubement de davantage d'inconscients...

aziz aziz
| 17-09-2019 11:09
'?'.La journée du deuxième tour, ça sera sortie de pêche'?'.

C'est foutu pour ce bled.

Leila Ben Achour
| 17-09-2019 07:04
La solution est simple ! L'union !

La famille démocratique doit se rassemblé , Chahed, zbidi, jomaa etc doivent travailler ensemble !

a7madou
| 16-09-2019 23:13
Le choix des Présidentielle c'est facile pour moi: un vote blanc tout simplement. Personne ne nous représente, et c'est aux autres électeurs d'assumer les choix qu'ils ont fait.
Ceci dit, Kais Saied sera clairement le nouveau président, et il faut accepter ça et passer à autre chose: reconstruire la famille démocratique centriste, écarter tous les corrompus, les nuls et les impopulaires, mettre une stratégie bien étudiée et écouter les vraies attentes du peuple: pouvoir d'achat, pauvreté, souveraineté nationale, transparence. Apprenons des erreurs du passé, adaptons-nous à la réalité et faisons le travail nécessaire. De cette manière, c'est encore possible de regagner la confiance des citoyens, s'ils trouvent qu'ils sont bien écoutés et servis par des vrais patriotes.
(w brabbi Bochra 9ouloulha toskot au moins fel période hethi. Manéch ne9sine mauvaise réputation. Il faut présenter des visages acceptables fel opinion publique et ne pas trop s'acharner sur le probable président KS; sinon on sera grillé, carrément ! Soyez posés et sages autant que possible)

Kays
| 16-09-2019 21:18
Oui. Quelle Tunisie voudront nous ?

TAHYA TOUNES

Trooop tard!
| 16-09-2019 20:26
Je suis désolé de le dire, mais ils sont tous les deux nuls. Nous sommes vraiment dans une situation merdique!