
Rayen Hamzaoui, ancien maire d’Ezzahara, arrêté et emprisonné depuis mai 2023, a adressé une lettre au président de la République, Kaïs Saïed. La justice tranchera dans l'appel à la prorogation de la détention de Rayen Hamzaoui le 21 décembre 2023.
L'ancien maire indique faire l’objet d’une grande injustice. La lettre, publiée le 17 décembre 2023, comportait le texte suivant :
« Cri depuis ma cellule,
Prison de la Mornaguia, le 17 décembre 2023,
17 Décembre… Un événement historique ayant ouvert de nouveaux horizons notamment pour les jeunes… Ces jeunes ayant senti qu’une partie de leurs rêves pouvait se réaliser et qu’ils pouvaient participer activement dans la construction de la nouvelle Tunisie, fière de ses acquis… La construction d’un pays juste et de lois et d’institutions garantissant, pour de vrai, les droits individuels et collectifs…
Je faisais partie de ces jeunes… Dans la vingtaine et descendant d’une famille patriote… Croyant à la souveraineté de l’État et de la loi, à la solidarité et modération… J’ai quitté le monde des rêves des jeunes vers le monde réel et j’ai décidé d’incarner ces valeurs. Je me suis présenté à la tête d’une liste indépendante lors des élections municipales de 2018, sans soutien partisan ou autre… Notre liste avait gagné, grâce à Dieu. J’ai été élu président de la municipalité de la ville d’Ezzahra, ma ville…
J’ai abandonné, volontairement, les avantages sous forme d’un véhicule de fonction, d’un salaire et autres commodités… J’ai consacré l’intégralité de mon temps à la municipalité afin de prouver qu’il est possible de servir les gens avec sérieux et d’améliorer leur environnement… La volonté et la persistance des jeunes peuvent vaincre les obstacles du quotidien… Malgré les ressources limitées…
Près de cinq ans sont passés… Dieu seul sait à quel point les sacrifices étaient lourds… Notamment… Les sacrifices de ma famille, de mes enfants, mes petits… Mais, l’encouragement et le soutien des citoyens et des résidents de ma ville, en grande partie, étaient le meilleur des motivations pour continuer à travailler…
Soudain… J’ai été extirpé vers un trou noir. J’ai été injustement inclus dans une affaire dont je n’ai pas connaissance… Ni de près, ni de loin… Ni de ses faits, ni des parties concernées… Comble de tout, les faits qu’on m’impute s’opposent fondamentalement avec mes convictions et mes valeurs… Et mes objectifs dans la vie et l’histoire de ma famille…
Le destin a fait que soit une victime… Que je sois jeté dans cette cellule… Sans péché commis de mon côté… Loin de ma famille, de mes enfants et de ma ville… Je croyais, absolument, au début, être victime d’une erreur de procédure et judiciaire qui finira par être détectée rapidement. En raison d’un témoignage malintentionné et envieux de ma réussite en tant que jeune à la tête de la municipalité d’Ezzahra… J’ai compris après six mois d’emprisonnement et sur la base d’un dossier vide que je devais comprendre la réalité…
Sentir que l’oppression s'accroît et augmente, surtout lorsqu’on est innocents… Subir l’injustice à chaque moment vécu durant la noirceur, la froideur et la solitude de la cellule… Sans même une avancée au niveau l’enquête, qui est un droit humain fondamental…
Je suis passé de l’étape des rêves de la jeunesse pour contribuer en tant que président de la municipalité d’Ezzahra dans l’amélioration de la situation au sein de ma ville et de servir les gens et l’intérêt général… Le destin m’a ramené à une situation dans laquelle mes nouveaux rêves sont tout simplement reprendre ma liberté et être au milieu de ma famille et de mes enfants… Que j’ai perdu durant ma période à la tête de la présidence de la municipalité… Et maintenant, injustement derrière les barreaux…
J’adresse ma lettre à tous ceux qui sont concernés… Pourquoi sommes-nous, de nouveau, à sacrifier des innocents… Assassiner la volonté des honorables jeunes ayant cru à leur obligation de faire partie de la vie publique afin de contribuer dans la réforme, chacun depuis sa fonction, afin de servir la Tunisie dont nous partageons l’amour ?
L’injustice ciblant un innocent est une condamnation de l’humanité de l’être humain et des valeurs acquises après tous ces siècles de cumul juridiques et de droits…
Combien d'innocents ont été broyés pour découvrir par la suite les preuves de son innocence…
Devons-nous revenir à la lettre du calife, Omar Ibn Al-Khattâb au juge et gouverneur de Bassorah, Abu Moussa Al-Achari ? Devons-nous attendre un autre cri similaire à celui lancé par Emile Zola dans sa lettre humaine et immortelle "J’accuse" défendant Dreyfus et qui s’est révélé être par la suite innocent ?
Devons-nous rappeler les tristes événements accompagnant le procès historique de Sacco et Vanzetti aux États-Unis d’Amérique ayant été injustement pendu. On leur a rendu justice un demi-siècle après, après leur mort…
Enfin, devons-nous reprendre ces mots résumant ma situation : toutes les interprétations du monde ne justifieront pas qu'un être humain soit remis entre les mains de ses accusateurs, malgré une double violation des lois basiques de notre République, celles qui protègent la dignité et la liberté de chacun d'entre nous…
J’adresse au président de la République cet appel, loin de toute ingérence dans la justice, mais, en sa qualité de chef de l’État et de garant de la constitution et de la loi... Pour dire qu’un jeune tunisien intègre et père de famille, obéissant à ses parents, se trouve injustement et pour de fausses raisons en prison depuis six mois. Pour un dossier vide et ne contenant qu’un faux témoignage, envieux et imaginaire ayant été abandonné.
Je remercie de tout mon cœur tous ceux m’ayant soutenu et ayant exprimé leur solidarité avec moi et m’ayant mentionné en de bons termes.
Le détenu Mohamed Rayen Hamzaoui ».
Pour rappel, Rayen Hamzaoui a été arrêté dans une affaire de complot contre la sûreté intérieure et extérieure de l’État impliquant plusieurs personnalités politiques importantes. Sa détention de l’ancien maire d’Ezzahra, Rayen Hamzaoui a été prorogée de quatre mois. En août 2023, il a entamé une grève de la faim en guise de protestation contre l’injustice dont il fait l’objet qui s'était soldée par une détérioration de son état de santé.
S.G

Il a tellement fait des choses intéressantes qu'il en a fait des jaloux parmi ses adversaires politiques, notamment les islamistes et les pro-KS.
Cet homme est intègre et doit être libéré.