La thématique de la 24ème conférence de l’académie de la latinité, « les nouveaux imaginaires démocratiques » se voit poussée au centre des interrogations actuelles sur l’affirmation de l’identité collective au sein des tensions des « guerres de religion », de la chute des dictatures, et des nouvelles ascensions du fondamentalisme dans le monde, mais essentiellement dans le bassin méditerranéen. C’est la vision, un peu brève, de Candido Mendes, secrétaire général de l’académie de la latinité et politicien brésilien.

En ce sens, plusieurs interrogations se posent dont notamment : la démocratie devient-elle l’universel possible, à la rencontre d’un dialogue dans un monde tiré vers l’indifférence, après les hégémonies civilisatrices ? L’ampleur du questionnement intervient, nécessairement, dans un contexte défini par un malentendu entre la laïcité et le monde islamique. Un contexte qui se définit, selon Hélé Béji, enseignante de littérature française et fonctionnaire internationale à l’Unesco, par la suppression pure et simple des frontières morales et politiques entre « le monde libre » et les autres mondes.
« En effet, nous sommes face, soit à un élargissement infini mondial de ce qu’on appelait il y a quelques mois le monde libre, avec une sorte de mépris secret pour ceux qui n’en faisait pas partie, soit à la naissance indubitable de la pluralité des formes politiques que pourra prendre ma liberté à venir dans les contrées où son irruption annonce des métamorphoses inouïes et incontrôlables », explique Mme Bégi.
Sommes-nous sortis du colonialisme extérieur pour se retrouver prisonniers d’un colonialisme intérieur donnant lieu à des concepts rétrogrades ? Des concepts qui, dans la plupart des cas, n’ont rien à voir avec l’interprétation la plus fondamentale de la religion musulmane, considérée par de nombreux analystes (dont Candido Mendes) comme moderniste.

Face à cette situation, une démocratie tunisienne serait-elle imagination ou réalité ? La question demeure toujours d’actualité.