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Journées de l’Entreprise : le rendez-vous incontournable que le gouvernement craint !
11/12/2022 | 17:06
7 min
Journées de l’Entreprise : le rendez-vous incontournable que le gouvernement craint !


Hier, samedi 10 décembre 2022, s’achevait à Sousse, la 36e édition des Journées de l’Entreprise organisées par l’Institut arabe des chefs d’entreprises (IACE), sous le thème « L’Entreprise et la Sécurité : Libertés et Souveraineté ». Ces journées, qui réunissent les acteurs économiques les plus influents de la scène nationale ont été marquées cette année par des absences pour le moins remarquées…

 

L’évènement annuel majeur de l’IACE, qui unit en un seul lieu, trois jours durant, la plupart des femmes et hommes tunisiens grâce au travail desquels le pays arrive à se maintenir à flot, a toujours aussi été le rendez-vous immanquable des politiques. Si dans les éditions précédentes le coup d’envoi de ce prestigieux évènement était donné par le président de la République, depuis l’accession de Saïed au pouvoir, c’est à la cheffe du gouvernement, Najla Bouden, qu’a été confiée la tâche. Quelle a été donc la surprise de voir apparaître sur la scène la ministre de l'Industrie, des Mines et des Énergies, Neila Gongi, venue réciter le discours de l’absente. Najla Bouden a fait faux bond à l’IACE au lendemain du panel auquel devait assister la ministre du Commerce Fadhila Rebhi, qui a aussi manqué au rendez-vous.

 

Qu’à cela ne tienne, il y a eu des ministres qui ont répondu à l’invitation, Samir Saïed, notamment, ministre de l’Économie et de la Planification et Nizar Ben Neji, ministre des Technologies. De quoi donner aux journalistes quelque chose à se mettre sous la dent et assurer une certaine présence à l’évènement… pas si sûr… d’autant plus qu’il faut le dire, le panel le plus attendu et qui rendait vraiment impatiente toute l’assistance, était le dernier, celui qui devait réunir la ministre des Finances, Sihem Nemsia, le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Marouane Abassi et Marc Gérard, le représentant résident du Fonds monétaire international (FMI), en Tunisie. Le dernier panel portait sur la souveraineté budgétaire autant dire que le sujet était « brûlant », tout comme les esprits qui peuplaient la salle.

 

Coup de théâtre, encore un et nouvelle absence, sans doute celle de trop, « Sihem Nemsia ne vient pas ! » a déclaré dépité le vice-président de l’IACE, Walid Bel Hadj Amor. L’annonce n’a, en réalité, surpris personne, mais a fait rire jaune tout le monde. Au point que le gouverneur de la Banque centrale a émis l’idée d’opter finalement pour un panel dédié au football, « la représentante du budget, celle qui avait tout à dire sur le sujet, n’étant pas là ».  « Cela va être compliqué mais nous allons nous en sortir » a lancé Walid Bel Hadj Amor, avant de donner la parole à ses invités. Le panel aura duré près de quatre heures, il a été de loin le plus long et le plus animé des journées de l’entreprise. En présence de la ministre il l’aurait sans doute été bien plus et cela expliquerait, peut-être (sûrement disent certains), son absence.

 

Marouane Abassi a ouvert le bal en revenant sur la décision impopulaire de la BCT d’augmenter le taux directeur. « (…) Malgré des conditions politiques particulièrement instables et une situation économique compliquée, la réflexion que nous avions faite était sur le moyen de baisser le déficit courant qui était arrivé à 11% et baisser le déficit budgétaire (…) Nous avons dû prendre des décisions douloureuses pour assurer une stabilisation macro-économique et nous avons dû augmenter les taux car si nous ne le faisions pas, nous perdrions aussi les taux de change (…) Ce qui s’est passé c’est que malgré la situation compliquée, en octobre 2019, le dinar a commencé à s’apprécier, l’inflation sous-jacente a baissé, l’inflation a baissé, on était B2 outlook négatif au niveau de Moody’s on est remonté à B2 outlook stable. Le Covid-19 est ensuite arrivé et on a mal géré… » a-t-il affirmé.

Sur l’indépendance de la BCT, le gouverneur a estimé que la bonne décision a été prise, que les bailleurs de fonds suivaient le sujet de très près et que demander à la Banque Centrale de donner de l’argent directement au ministère des Finances était une véritable hérésie.

« Cela fait plus de deux ans que nous n’avons pas bénéficié de financement, et les réformes sont l’une des conditions majeures du FMI. Lors des négociations avec le FMI, les questions relatives aux accords précédents, qui n’ont pas été exécutés sont remises sur la table, les réformes sont claires et leur nécessité ne date pas d’hier (…) La question de la compensation, les distorsions qu’elle engendre, par exemple, doit être discutée et mise sur la table, et le moyen de le faire bien doit être trouvé, idem pour la restructuration des entreprises publiques et sur le code des investissements par exemple (…) Toutes ces questions doivent être mises sur la table et c’est ce qui est fait en ce moment. Il faut commencer les réformes, elles sont inévitables, on travaille sur beaucoup de choses, on ne communique peut-être pas assez mais si rien n’avait été fait, nous n’aurions pas pu avoir le staff-level agreement du FMI et arriver à l’accord » a déclaré Marouane Abassi.

Il a enfin souligné, que le plus important était de stabiliser la macro-économie et d’aller à un accord avec le FMI qui soit « acceptable, implémentable et durable ». « Il est nécessaire de mettre au point le séquençage des réformes. Beaucoup de compétences et d’expertises ont travaillé sur le sujet, et je rends hommage aux économistes de l’UGTT qui y ont largement participé, il est maintenant primordial de mettre les équipes qu’il faut pour mettre tout cela sur les rails » a conclu le gouverneur de la BCT.

 

Interrogé sur la corrélation entre accord du FMI et programme de réformes, Marc Gérard, le représentant résident du Fonds monétaire en Tunisie, a souligné que la relation entre le programme et l’accord avec le FMI est « centrale ». « Cela est souvent mal compris, mais un accord avec le FMI est basé sur un programme de réforme des autorités que le FMI appuie en tant que conseil et partenaire. Les problèmes que rencontre la Tunisie sont connus depuis longtemps, les solutions identifiées aussi depuis longtemps, c’est la mise en œuvre qui a été difficile. Nous sommes arrivés au Staff-level agreement car les autorités ont élaboré un programme de réformes qu’elles ont commencé à mettre en œuvre et qui s’adresse au fond des sujets. Nous avons néanmoins dû revoir quelques points à la lumière des développements macroéconomiques internationaux, extrêmement volatiles. Si la guerre en Ukraine n’avait pas éclaté, nous n’aurions pas eu cette discussion aujourd’hui, nous aurions conclu cet exercice bien avant mais on a dû tout revoir car la crédibilité que peut avoir un accord avec le FMI est d’arriver à une convergence de vue sur un scénario qui soit le plus proche possible de la réalité » a-t-il expliqué.

Marc Gerard a confié que le programme du gouvernement n’est pas un plan d’ajustement structurel, qu’il est orienté vers l’équité sociale et le besoin de créer des espaces budgétaires pour des dépenses d’éducation, de santé et d’investissements publics.

« Pour ce qui est des financements alloués à la Tunisie, ils sont déterminés de manière statutaire, nous ne sommes pas dans une relation de créancier à débiteur. La Tunisie est membre de plein droit du FMI et à ce titre elle dispose d’un quota sur lequel elle peut tirer dans une certaine mesure. L’accord envisagé est un accord standard pour un pays à revenu intermédiaire et il n’a rien d’extraordinaire. L’appui que nous allons avoir est surtout de catalyser d’autres financements » a-t-il assuré.

La veille, le secrétaire général de l’Union syndicale, Noureddine Taboubi, également fidèle aux journées de l’entreprise, avait souligné que l’UGTT ne sait pas ce que contient le document comportant les réformes soumises au FMI, notant que l’Union syndicale n’a eu de cesse de le réclamer en vain. « On parle de généralités, personne ne sait ce que contient ce document, même les propos de la directrice du FMI sont démentis, comment voulez-vous qu’on bâtisse une confiance mutuelle dans ces conditions ? (…) Nous ne savons rien de ce qu’on a convenu avec le Fonds et cela aura plus tard de graves répercussions. Nous n’avons pas besoin de plus de tensions sociales, nous avons besoin de stabilité et quand éclatent des tensions, personne n’en sort indemne » avait-il lancé.

 

La Tunisie est sous tension et le contexte tant politique qu’économique, est critique. Dans de telles circonstances, et au vu de la sensibilité de tous les sujets qui font l’actualité du pays, il aurait été primordial, pour un gouvernement qui se respecte, de ne manquer sous aucun prétexte, un rendez-vous avec les acteurs économiques qui font que le pays soit encore capable de se maintenir à flot. Fuir les médias est une chose, mais bouder des évènements tels que les journées de l’entreprise pour ne pas avoir à réaliser l’exercice périlleux d’affronter une assistance aguerrie en est une autre….

 

Myriam Ben Zineb

 

11/12/2022 | 17:06
7 min
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Commentaires
Waiting
taboubi
a posté le 14-12-2022 à 11:07
Taboubi et sa réflexion binaire ta3 a3tini flouss wala nhablek mouvements sociaux est dangereuse.

L'UGTT doit prendre acte de sa bêtise et aider à la restructuration des entreprises étatiques.

Rediriger les dépenses publiques vers les investissements d'infrastructures et la réforme des rou5ass est urgent.

Yaman3ach ba3d les élections.
Nephentes
Nécessité absolue de concertation avec les acteurs qui maavec les acteurs économiques qui font que le pays soit encore capable de se maintenir à flot.
a posté le 11-12-2022 à 20:15
Il est vraisemblable que l'immense majorité des tunisiens ne comprend strictement rien aux enjeux de la crise socio-économique que traverse le pays. Et que leur inconscience frise en l'espèce l'infantilisme voire la débilité tout court

Ce gouvernement et le Président ont alors beau jeu de convaincre le bon peuple que la Tunisie regorge de trésors cachés fruits des rapines de milliers d'Ali Baba et de leur quarante voleurs.
A vrai dire, c'est partiellement exact , sauf que les cavernes de ces Ali Baba ne sont plus en Tunisie; et que l'accès aux lampes d'Aladin est définitivement bloqué

Alors affrontons les choses telles qu'elles sont au lieu de déblatérer n'importe quoi sur les vertus magiques du 25 juillet

https://www.banquemondiale.org/fr/news/press-release/2022/01/24/structural-reforms-needed-to-put-tunisia-on-path-to-sustainable-growth

L'exacerbation de la pression sur les finances publiques, l'absence désastreuse de véritable investissement productif, la continuité de la fuite des capitaux - avec la complicité active de fonctionnaires laudateurs de KS- l'inconcevable augmentation de la dette publique, qui est passée de 52 % du PIB en 2015 à 91 % du PIB en 2022, l'absence de réformes et le retard dans les négociations avec le FMI ont réduit de manière drastique la marge de man'?uvre de tout gouvernement

D'ou la nécessité ABSOLUE DE CONCERTATION ET DE DIALOGUE SOCIAL, nécessité soulignée par le FMI lui même

Contre toute logique de bonne gouvernance ce gouvernement a eu recours au financement de la Banque Centrale pour couvrir une grande partie du remboursement de sa dette en 2021. Cela évince le crédit au secteur privé et contribué à une accélération vertigineuse et inédite de l'inflation, qui atteint plus de 25% au niveau de la consommation des ménages.

Dix ans après la révolution, l'intensité de la concurrence a diminué de manière calamiteuse et est complètement passée sous silence . La création d'entreprises dynamiques, créatrices d'emplois et porteuses d'innovation, est un ECHEC PATENT.

Stratup Tunisia malgré tout le ramdam est une FOUTAISE.

Ce gouvernement de bouffons menteurs et bientôt kleptocrates, comme ses prédécesseurs, est incapable de relever les défis auxquels est confrontée la Tunisie pour les 15 prochaines années

Parce qu'IL NE DIALOGUE PAS avec les acteurs socio-économiques et producteurs de richesse ; voici les priorités absolues :

Parvenir à financer les déficits publics et le remboursement de la dette et maintenir
la stabilité macroéconomique du pays.

Limiter les obstacles à la concurrence et à la faiblesse de l'application des règles .

Réduire les barrières à l'allocation optimale des ressources. Ces barrières se répartissent en trois groupes.

Premièrement, l'Etat fausse la concurrence sur les marchés par le biais de contrôles à-priori.

La réglementation tunisienne restreint la concurrence dans la majorité des secteurs productifs, y compris ceux qui génèrent des externalités, limitant l'entrée de nouvelles entreprises et facilitant la collusion entre les entreprises établies.

Deuxièmement, l'Etat supplante le secteur privé par la propriété directe d'entreprises publiques qui bénéficient, de surcroît, d'un traitement préférentiel.
Le gouvernement tunisien possède ou favorise en effet des entreprises publiques dans un large éventail de secteurs productifs

Troisièmement, le cadre institutionnel et réglementaire de la politique de la concurrence reste en cours de développement et ne protège pas les acteurs du marché contre les pratiques commerciales anticoncurrentielles.

Patriote
Waw quel analyse
a posté le 11-12-2022 à 18:35
Le patronat n'est pas contre le pouvoir et il est toujours ouvert au dialogue au négociations
L'auteur de l 'article espère que le patronnat est similaire aux supposés syndicalistes destructeurs
Un article bidon basé sur des suppositions et des hypothèses nuls juste pour envinimer l'atmosphère et ajouter de l'huile sur le feu
Le 4ème pouvoir doit être au service du pays et ne pas encourager les perurbations par des insinuations et des mensonges pour servir les voleurs et les envahisseurs qui ont détruit notre chère tunisie