Les criquets, en particulier le criquet pèlerin (Schistocerca gregaria), sont l’une des menaces les plus redoutées pour l’agriculture. Lorsqu’ils se déplacent en essaims, ils peuvent ravager des milliers d’hectares de cultures en quelques heures, entraînant des pertes agricoles considérables et des crises alimentaires. En Tunisie et dans d’autres régions d’Afrique du Nord, le risque d’invasions de criquets est bien réel, notamment en raison du changement climatique. Comment ces insectes représentent-ils un danger et quelles solutions existent pour limiter leur impact ?

Les dangers des criquets

Les criquets sont inoffensifs lorsqu'ils sont isolés, mais lorsqu’ils entrent en phase grégaire, ils se regroupent en essaims pouvant couvrir plusieurs centaines de kilomètres carrés. Un seul essaim peut contenir des milliards d’individus et consommer jusqu'à 100 000 tonnes de végétation par jour. Les conséquences sont multiples :

1. Destruction massive des cultures

Les criquets s’attaquent à presque toutes les cultures : céréales, légumes, arbres fruitiers et même pâturages destinés au bétail. Leur voracité peut ruiner des récoltes entières en très peu de temps.

2. Crises alimentaires et économiques

La destruction des cultures entraîne une pénurie alimentaire et une hausse des prix des produits agricoles. En Tunisie, où l’agriculture joue un rôle clé dans l’économie, une invasion de criquets peut fortement impacter la sécurité alimentaire et les revenus des agriculteurs.

3. Impact écologique et sanitaire

L'utilisation massive de pesticides pour lutter contre les criquets peut avoir des effets négatifs sur l’environnement, contaminant les sols et affectant d’autres insectes utiles comme les abeilles. De plus, la destruction de la végétation favorise l’érosion des sols et le dérèglement des écosystèmes locaux.

Comment se protéger contre les criquets ?

1. Surveillance et prévention

La meilleure défense contre les criquets repose sur la surveillance et l’alerte précoce. En Tunisie, des organismes spécialisés, comme la Direction Générale de la Protection des Végétaux, surveillent régulièrement les zones à risque pour détecter les premiers signes d’invasion.

➡ Que faire à l’échelle individuelle ?

Suivre les bulletins météorologiques et agricoles qui signalent les risques d’invasion.

Signaler immédiatement aux autorités locales toute présence inhabituelle de criquets.

2. Techniques de lutte écologique

Plutôt que d’utiliser uniquement des pesticides chimiques, certaines méthodes plus respectueuses de l’environnement sont encouragées :

✅ Champignons entomopathogènes : Des fongicides naturels, comme le Metarhizium acridum, ciblent les criquets sans nuire aux autres espèces.

✅ Pièges et barrières : Les agriculteurs peuvent installer des filets ou des tranchées pour capturer les criquets lorsqu’ils sont encore au sol.

✅ Introduction de prédateurs naturels : Certains oiseaux, comme les hérons et les étourneaux, ainsi que certaines espèces de guêpes parasitaires, peuvent aider à réguler la population de criquets.

3. Protéger ses cultures

Les agriculteurs peuvent mettre en place des stratégies pour limiter l’impact des criquets sur leurs cultures :

Cultures diversifiées : Certaines plantes, comme le ricin, sont moins appétentes pour les criquets et peuvent servir de barrière naturelle.

Irrigation intensive : Les criquets évitent généralement les zones trop humides, donc maintenir un sol irrigué peut dissuader leur présence.

Housses de protection : Pour les petites exploitations, l’utilisation de filets sur les plantations peut empêcher les criquets d’accéder aux cultures.

4. Mobilisation collective

Lorsqu’une invasion est signalée, la réactivité est essentielle. Les agriculteurs, les autorités et les chercheurs doivent collaborer pour mettre en place des interventions rapides et limiter la propagation des essaims.

Les invasions de criquets sont un défi majeur pour l’agriculture tunisienne et mondiale, mais des stratégies efficaces existent pour s’en protéger. La surveillance, la lutte écologique et la mobilisation collective sont des éléments clés pour prévenir et limiter leurs dégâts. En restant vigilants et en adoptant des solutions adaptées, il est possible de réduire considérablement l’impact des criquets sur les cultures et l’économie.