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Immobilier : Vers une crise des "subprimes" en Tunisie ?
23/07/2018 | 19:59
4 min
Immobilier : Vers une crise des

 

La Tunisie se dirigerait-elle vers une crise des "subprimes" ? C’est ce que redoutent certains professionnels du secteur même si la comparaison reste hasardeuse. La hausse des prix des intrants conjuguée à celle de la nouvelle TVA et aux hausses successives du TMM, les promoteurs broient du noir. Etat des lieux.

 

Depuis quelques années, la hausse des prix et la baisse du pouvoir d’achat ont fini par rattraper le secteur immobilier. Les délais de constructions sont de plus en plus long, les matériaux et prestataires de plus en plus chers, alors qu’en parallèle le Tunisien peine de plus en plus à joindre les deux bouts.

Les années 2017 et 2018 ont été particulières pour le secteur au niveau des Lois de finances et les nouvelles dispositions qu’elles comportaient, avec la hausse des droits d’enregistrement des biens immobiliers dépassant les 500.000 dinars et l’imposition d’une nouvelle TVA de 13% et qui passera à 19% à partir du 1er janvier 2020.

Mais, c’était sans compter avec les surprises réservées par 2018 et les deux hausses du taux directeur de la BCT de 175 points de base, qui passe de 5% à 6,75%. Ce qui a compliqué davantage les choses, le tout avec des textes applicatifs publiés 3 mois après la LF2018 et privant de surcroit les promoteurs de la récupération de TVA, augmentant de ce fait les prix des biens immobiliers.

 

D’ailleurs, certains professionnels du secteur ne cachent pas leur crainte : une éventuelle crise des subprimes en Tunisie, la crise financière qui a touché le secteur des prêts hypothécaires à risque dans plusieurs pays. Bien que le président de la Chambre syndicale nationale des promoteurs immobiliers Fahmi Chaâbane ait écarté ce scénario, eux estiment que tous les ingrédients sont réunis. Après tout, la crise des subprimes aux Etats-Unis en 2007 a débuté par une hausse des taux directeurs de la Réserve fédérale, ce qui a créé un renchérissant du coût du remboursement des prêts.

Certes pour le moment, la hausse du taux d’intérêt directeur ne sera pas appliquée sur les crédits logements comme décidé l’Association professionnelle tunisienne des banques et des établissements financiers (APTBEF), mais la hausse est appliquée aux crédits contractés par les promoteurs et le sera sûrement pour la comptabilisation des futurs prêts de logement. Le pouvoir d’achat étant en baisse et l’inflation en hausse, certains Tunisiens, pour ne pas dire une grande majorité, n’auront plus les moyens de contracter des crédits logements.

Le tout corrélé à une hausse du prix de l’immobilier en Tunisie qui n’a pas cessé de flamber, à cause de la hausse des prix des matières premières, des terrains et le manque d’ouvriers qualifiés. A ceci s’ajoute, un laxisme de l’administration tunisienne, de nouvelles impositions, une baisse du rendement des opérateurs et un désordre social qui sont à l’origine des retards dans la réalisation et la finalisation des projets en cours, ce qui affecte la qualité des produits immobiliers et engendre une augmentation de leurs coûts.

Pire, les promoteurs subissent aussi la concurrence d’intrus et de spéculateurs qui aggravent encore plus la situation, n’étant pas soumis aux mêmes règles et contraintes que les professionnels du secteur.

 

Ainsi, les décisions de gros investissements tels que l’achat de biens immobiliers sont ajournées voire même annulées. En effet, le retard de publication des textes applicatifs a eu un effet néfaste et désastreux sur les promoteurs. Ils ont coïncidé avec l’arrivée du mois de ramadan suivi de Aïd El-Fitr, des vacances estivales, de Aïd El Idha puis de la rentrée. Des mois à très fortes dépenses et donc où les Tunisiens, temporisent des achats qu’ils considèrent comme n’étant pas urgents. Donc au final, les promoteurs se trouvent privés de 9 mois de travail.

D’ailleurs, les chiffres publiés par les sociétés immobilières cotées en bourse sont assez éloquents et montrent une baisse significative de leurs chiffres d’affaires de plus de la moitié, dus au double impact TVA et lenteur dans la publication des textes applicatifs.

 

En voulant gagner plus de recettes fiscales, l’Etat s’en prive au même moment. Un comble. Le chiffre d’affaires des promoteurs ayant baissé, donc l’Etat touchera moins d’impôt sur le bénéfice et ayant vendu moins de biens, l’Etat aura moins de TVA et moins de droits d’enregistrement.

En plus, le secteur est en train de vivre une crise. Fin mai dernier, Fahmi Chaâbane annonçait que depuis le début de l’année et jusqu’à cette date, seulement 24 appartements ont été vendus. Ce qui explique le désarroi des professionnels du secteur et leur peur d’une crise des subprimes.

 

Quand le bâtiment va, tout va et inversement. L’immobilier est un thermomètre de la santé économique des pays. Lorsque le secteur vit une crise, il s’agit d’un indicateur important à prendre en considération. Entre l’inflation et la baisse du pouvoir d’achat, il est devenu difficile à un citoyen lambda d’acquérir sa maison. En parallèle, les promoteurs ne peuvent pas abaisser leurs prix, car ils ont des coûts à couvrir.

L’Etat devra trouver des solutions, en baissant même temporairement les impositions sur le secteur, garantir des terrains constructibles à prix raisonnables aux promoteurs pour baisser les coûts. Et pourquoi pas ouvrir l’achat de biens aux étrangers à partir de certaines fourchettes hautes, permettant de ce fait aux promoteurs de se renflouer et aux caisses de l’Etat des entrées conséquentes.

 

Imen NOUIRA

23/07/2018 | 19:59
4 min
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Commentaires (2)

Commenter

Mohamed
| 23-03-2019 11:32
La banque donne des prêts au promoteurs avec INT'?R'?T, l'acheteur prend un crédit via la banque avec INT'?R'?T.....la banque elle est la seule bénéfique de tout le circuit
Je ne sais pas pourquoi il est difficile, de trouver un arrangement entre l'acheteur et le promoteur sans passer par la banque
Les banques c'est elles la cause de tous les crises économiques au mondes, parceque c'est elle qui contrôle tous
Le jours ou il n'y a plus de banques, c'est le jours que tous le monde va être en paix

consultant makgech NON. REGLO Mahmoud kameleon78 BIDON BIDON Mohamed Djerbi le sage Tati moon
| 25-07-2018 14:22
Les subprimes sont les interets payés en plus par un emprunteur risqué et une crise de subrpime est causé par un défaut de paiement des emprunteurs (non des promoteurs et prêteur) provoqué par le relèvement des taux par la fed au dessus de 3% dans un contexte de bulle immobilière.Rien de cela existe en Tunisie. C'est une crise de la demande dû à la l'inflation et le positionnment des promoteurs sur une gamme de produits inaccessibles au Tunisien Lamda même avant la révolution , rien de plus classique. Faites un effort svp "Business" news.le prix de l'immobilier baissant, les banques finiront par appliquer un "rappel de marge" pour renflouer et garantir la couverture des prêts sous hypothèques immobilières
et donc la "crise subprime" est bien à l'horizon.Ah ce type est génie pour l administration tunisienne, d ailleurs il était très fier de l annoncer à la radio je me rappelle. Il a bien choisi le moment, quand le baril a chuté à son plus bas à 35 dollars. Non c est un génie pour l'état qui en fin de compte ne fait que sucer le sang des citoyens moyennant ses soi disant diplomés. Presque 2 dinars le litre. Voilà pour rajouter à la crise de l immobilier et des autres secteurs aussi. Les tunisiens vivent dans le dénie total, politique , économique, social...et ils sont fiers , jusqu au moment où ils disent stop comme au 14 janvier. Alors que des pétitions sur facebook ou autres peuvent constituer un excellent moyen pour boycoter tout ce qui est cher, même juste un peu cher, et ce pour contrôler les prix avec un moyen simple -du simple bon sens, sans grabuge, et les malfrats , spéculateurs....vont la sentir passerCher Redactrice, Salem
vous ecrivez ; "Quand le bâtiment va, tout va"
sachez que c'est dans l'ensemble que le proverbe a son sens, et non seulement Batiment/achat
le plus important dans l'immobilier c'est les placements / epargnes
les retraites des aines ( et la mienne ici en France, dans quelques 10aines d'annees) provient des investissements des fonds de placements dans +ieurs secteurs, mais en majorite de l'immobilier.
immobilier veut dire : Location.
or dans l'article, tout parle d'acquisition de propriete pour logement (ou residence principale)
la caisse de prevoyance a la laquelle cotise, a un patrimoine immobilier d'environ 11ans d'activites (a cotisation nulle chiffre de 2016)
tant que l'immobilier est restreint a l'acquisition pour residence principale, le secteur reste et restera fragile, car dependant de l'inflation.
d'apres mes modestes connaissances, un fort taux de proprietaires de residence principale, est un mauvais indicateur economique (stagnation des investissements, immobilisme social, regression intellectuelle et bien d'autres)
Ma parfaite consideration a I. Nouira (vous portez un lourds nom de famille)
Salem
MahmoudLe salut ne peut venir que la vente des biens aux "étrangers" (comme au Maroc) ce qui pourrait sauver le secteur mais le problème c'est que la Tunisie n'est pas attractive, rien à voir avec Marrakech, tout cela vient des retards que la Tunisie a pris dans dans ce domaine, nous sommes toujours en retard d'une guerre. Il aurait fallu prendre ses mesures bien avant au temps de Ben Ali. C'est complètement idiot de ne pas vendre aux investisseurs étrangers, comme avait dit quelqu'un, "la maison qu'il a achetée, l'européen ne va pas la prendre avec lui?" (je traduis le tunisien en français). Au Maroc, le secteur est très bonne santé grâce à la vente des biens immobiliers aux étrangers (Agadir, Marrakesh et les "Riadh" (maison dans la Kasbah) dans les grandes villes marocaines.Le problème n'est ni fiscale ni financier.

Je dirai qu'il est plus profond que ça.
L'organisation du secteur elle même.

Pour faire très brefs.
Je trouve absolument ridicule le fait d'octroyer des lignes de financement basées uniquement sur la garantie des futurs appartement achevé.
Le couple banque-promoteurs se gavent depuis des décennies.
Financement facile à obtenir ( crédit hypothécaire)
Ce qui inonde le marché de l'immobilier de biens. Entre temps la forte demande des promoteurs sur les terrains + les matériaux, contribuent à l explosion des prix.
Ce qui vous amène aujourd'hui à des difficultés pour écouler ces appartements.
Les banques devraient être plus restrictives et n'accorder des financements que sur la base d'un taux de réservation très élevé pour les ventes en état futur d'achèvement (VEFA ou sur plan)
Ce qui limiterai les projets et donc la pression sur les prix des matériaux.
Par conséquent cela devrait avoir un effet sur les prix de vente et limiter la casse (invendus)
L'inflation dans l'immobilier résulte bien des promoteurs et je suis prêt à me déplacer avec Si Ameur pour lui montrer les appartements invendus depuis plus de 4 ans.
Parce que les promoteurs gagnent bien, ils ne reculent devant rien pour acheter des terrains de plus en plus chers et contribuent ainsi à l'augmentation de leurs coûts de construction.
Nos promoteurs bénéficiant de crédits bancaires garantis par les appartements construits, les proposent à des prix élevés et n'arrivent pas les écouler dans l'année qui suit l'achevement des travaux alors qu'ils sont censés les avoir vendus des l'achevement.
La souplesse qu'ils ont avec les banques qui n'exigent pas le remboursement des credits obtenus pour la construction les encourage à garder la barre des prix élevée, ce qui grignote légèrement leurs marges. Aujourd'hui avec l'augmentation du TMM, leurs marges vont être bouffées rapidement.
La dévaluation du dinar devrait donner une bouffée d'oxygène et permettre à nos compatriotes de pouvoir investir avec leurs euros qui gonfleront en devenant dinars.
Malheureusement, rien ne s'est produit. Nos compartriotes sont incapables d'acheter.
Ya Si Ameur, je n'en veux pas aux promoteurs. Si j'étais avec vous je me serais comporté comme vous. Moi aussi je veux gagner le maximum avec le minimum, c'est l'essence de la Science Economique.
J'en veux au système des encouragements et des privilèges accordés par le système dans lequel nous vivons.
Ce système de compensation avec le gaspillage qu'il engendre, d'encouragement à l'hôtellerie qui a ruiné nos banques nationales et qui refuse de payer ses dettes, des encouragements à l'emplois qui n'a rien fait.
Bref j'en veux au systeme dans lequel nous vivons, aux politiciens et aux gouvernements que nous avons eu depuis X temps

Votre article épouse la totalité de points de vue des promoteurs.
En effet, pourriez-vous expliquer pourquoi l'immobilier a été toujours été plus cher en Tunisie qu'au Maroc par exemple . Vous avez oublié d'indiquer les marges élevées des promoteurs ainsi que la spéculation de certains et la structure économique de certains promoteurs;on ne peut nullement parler de subprimes,parce que les ménages ne font pas partie de l'équation actuellement, ces millions de logements invendus n'ont pas été céder a des ménage insolvables .reste ,est ce que les banques tunisienne force telle les promoteur immobilier a les rembourser en mettant au enchères tous ces appart,j'en doute fort !!C'est ce à quoi mène la paupérisation et la peur du future, les gens n'ont plus confiance et donc ne veulent plus prendre de crédit... imaginez qu'avec l'état désastreux de notre économie et un TMM capricieux on se retrouve avec une hausse constante du montant mensuel à payer.
Les promoteurs ont également joué au jeux du chat et de la souris (je généralise malheureusement) mais qu'on ne me disent pas qu'il s'enrichissent à cause des montants qu'ils paient en aval, un bien déjà construit voit son prix augmenter comme s'il s'agissait d'une valeur en bourse.
Ils auraient du arrêter d'augmenter les prix quand les gens se sont mis à ne plus acheter et à bâtir sur la maison des parents... Mais non il en faut toujours plus. Et les banques qui également prennent plaisir à te voir prendre crédit, font de toi un roi le jour ou tu va signer (ou plutôt courir à gauche et à droite pour valider le prêt).
Une bonne crise de l'immobilier qui dure plusieurs dizaines d'années, il n'y a rien de tel pour remettre de l'ordre.

Les promoteurs n'ont pas réfléchit et n'ont pas tenté de rectifier le tir, tout ce qu'ils ont fait c'est se plaindre des taxes car eux ils n'ont pas a en payer comme les autres citoyens ..

Et malheureusement c'est partout la même chose, prix du mouton, prix de l'automobile (et non le prix du dinars n'y est pour rien, depuis toujours on nous prend pour des cons a nous vendre la racaille fournit par la France avec des modèles que les français eux même ne connaissent pas (à croire qu'on est dans un labo d'étude), prix des études, prix des écoles privés, des interventions cliniques (oui celle ou sur le dossier contenant plusieurs facture on nous informe que dans une salle de 4 mètres carrés, 50 médecins se sont occupés de nous, même ceux en vacances)

Regarder également le lait, pour une simple rumeur stupide, dans le gouvernorat de Ben Arous seulement, ils ont trouvé plus de 12000 pack de lait caché pour pouvoir spéculer.

Et finalement je rappellerais aussi qu'à la base, même le citoyen est fautif, à toujours créer de nouveau besoin, à payer même quand c'est chère (aucun boycotte exhaustif)