
« L’urbanisme doit être perçu comme une dynamique évolutive faisant partie des priorités de ce pays », a déclaré Mohamed Ali Ragoubi, porte-parole de la Fédération Nationale des Urbanistes Tunisiens (FNUT), relevant de l'Union des Travailleurs Tunisiens.
Mohamed Ali Ragoubi a estimé que la question de l’urbanisme doit faire l’objet d’un débat social et politique national à cause de l’absence de stratégies gouvernementales en la matière. « Il n’y a pas de politique relative à la ville et à l’urbanisme ! C’est pour cela que nous appelons à une réforme institutionnelle et législative » a-t-il continué.
Ces réformes permettront la mise en place d’une synergie en matière d’urbanisme, à travers des montages institutionnels adéquats. Cette synergie doit se baser sur une approche inclusive. Elle mettra en place des interactions continues entre les urbanistes, les collectivités territoriales, le pouvoir central mais aussi des experts de différents domaines tels que les sciences sociales, l’économie et le droit.
Afin de pouvoir adopter cette approche, la FNUT appelle à réviser la législation en vigueur relative au rôle de l’urbaniste. A ce sujet, Mohamed Ali Ragoubi a expliqué qu’il existe plusieurs catégories d’urbanistes : les indépendants, les fonctionnaires d’Etats et les propriétaires de bureaux d’études. « Les lois de 1979 et 1994 sont anciennes et lacunaires », a continué le porte-parole de la FNUT.
De plus, la FNUT propose l’activation des plans d’aménagement urbain. « L’organisation administrative actuelle montre un manque de conscience par rapport à cette problématique » a déploré Mohamed Ali Ragoubi. Il a, également, critiqué l’absence d’innovation en matière d’aménagement urbain. « Notre ville n’est pas urbaine ! », a-t-il poursuivi. Pour ce faire, l’Etat doit conduire des études et des collectes de données en s’appuyant sur les compétences des urbanistes et des experts cités précédemment. Ceci a pour but d’organiser le paysage urbain, créer une mixité sociale et garantir un environnement sain.
Concernant les réformes institutionnelles : Mohamed Ali Ragoubi a précisé qu’elles doivent s’opérer aux niveaux central et local.
En premier lieu, l’Etat doit créer deux nouveaux ministères : un département chargé de la ville et un autre consacré à l'intégration régionale. Ces ministères auront pour rôle de collaborer avec des structures locales en plus de l’identification des prérogatives et des devoirs de ces structures. Le porte-parole de la FNUT a précisé que plusieurs pays ont adopté cette approche depuis plusieurs années tel que la France.
En deuxième lieu, l’efficacité d’une bonne politique urbaine reste tributaire de la création d’agences d’aménagement urbain et territorial. « Ces agences devront interagir avec l’ensemble des structures administratives et économiques locales en plus des municipalités et des gouvernorats » a précisé Mohamed Ali Ragoubi. « Cette approche a eu beaucoup de succès au Maroc » a-t-il ajouté.
« L’ensemble de ces réformes permettra de créer une architecture institutionnelle adéquate répondant aux besoins des régions » a conclu le porte-parole de la FNUT.
Par la suite, Mohamed Ali Ragoubi a souligné l’importance du capital humain dans la réussite de la mise en place d’une politique en matière d’aménagement urbain. « Il est, donc, impératif de fournir une formation améliorée en urbanisme » a-t-il estimé. C’est pour cela que la FNUT propose la création de cursus universitaires dans plusieurs spécialités. L’Etat doit proposer plus d’opportunités pour les bacheliers. Il doit, également, faciliter l’accès à la formation pour les titulaires de diplôme en d’autres spécialités tels que le droit, l’économie et la sociologie. « La Tunisie doit créer plus d’instituts et de facultés spécialisés en urbanisme », a déclaré le porte-parole de la FNUT.
Par ailleurs, Mohamed Ali Ragoubi a estimé que l’Etat doit revoir la situation professionnelle des urbanistes qui ne représentent que quelques centaines d'individus. La Tunisie doit les déployer dans les régions. Ceci leur permettra de travailler sur plusieurs projets et d’acquérir de l’expérience. « La Tunisie risque de perdre un capital humain compétent et capable de créer le changement ! », a affirmé le porte-parole de la FNUT.
« Nous voulons que l’Etat adopte une philosophie visant à fortifier le statut du citoyen et s’inscrivant dans le cadre du développement durable », a déclaré Mohamed Ali Ragoubi. « Nous appelons le président de la République à adopter cette approche afin de promouvoir la ville tunisienne et de participer activement à l’amélioration de la gestion du territoire », a déclaré le porte-parole.
Enfin, Mohamed Ali Ragoubi a rappelé que la FNUT a participé aux mouvements protestataires observés par l’Ordre des Ingénieurs Tunisiens (OIT). L’OIT avait observé une grève ouverte à partir du 5 avril 2021. Elle visait l’application de l’accord relatif à des primes spécifiques signé le 29 décembre 2020 au profit des ingénieurs des entreprises publiques. Par la suite, l'OIT avait annoncé, le 17 juin 2021, la suspension de la grève en raison de ses répercussions négatives dans plusieurs secteurs.
S.G
C'est un plaidoyer que j'invite le FNUT et autres agences urbaines sur le continent à mener.

