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Exit Essid, la patate chaude refilée au prochain gouvernement !
01/08/2016 | 19:59
4 min
Exit Essid, la patate chaude refilée au prochain gouvernement !

 

Après une initiative émanant du président de la République et près de deux mois de suspens, l’Assemblée des représentants du peuple a tranché. Exit Essid ! Exit le gouvernement issu des élections législatives et présidentielle de 2014 ! Une nouvelle page de l’histoire politique tunisienne s’ouvre. Place maintenant aux concertations autour de la désignation d’un prochain chef de gouvernement. Place surtout aux défis qui attendent l’équipe à venir. Défis qui seront d’autant plus ardus à relever au vu de la situation dans lequel se débat le pays…

 

Maintenant Habib Essid est parti. Un départ dû en partie, nonobstant des calculs purement politiques, au mauvais rendement d’une équipe qui n’a pas su endiguer la crise et a laissé, en raison d’une mauvaise gestion notoire, diront certains observateurs, le pays s’enfoncer à vue d’œil. Une fuite en avant, en somme, si l’on prenait en considération les propos d’un Habib Essid qui défendait devant l’ARP son bilan plus que décrié.

 

Dans 10 jours un nouveau chef du gouvernement devra être désigné. Comme le dispose la constitution, le président de la République est tenu d’engager, durant ce délai, des consultations avec les partis politiques, les coalitions et les groupes parlementaires pour charger « la personnalité jugée la plus apte, en vue de former un gouvernement dans un délai maximum d’un mois ».

 

Durant les pourparlers visant à mettre les objectifs d’un gouvernement d’union nationale. Une feuille de route a émergé. Appelée « l’Accord de Carthage », cette feuille de route retranscrit les bases des mesures urgents auxquelles le futur gouvernement devra se conformer. Les grandes lignes de ces priorités, s’articulent sur six principaux axes, en l’occurrence : la proclamation de la guerre contre le terrorisme, l’accélération du processus de développement, la lutte contre la corruption, en plus de la maîtrise de l’équilibre monétaire et l’application d’une politique sociale efficace ou l’établissement d’une politique spécifique dans les régions intérieures.

 

Sur le volet de la lutte contre le terrorisme, il est indéniable que le gouvernement Habib Essid, a su, dernièrement, juguler la menace. Et c’est un bon point à son actif. On rappellera que c’est le premier ramadan depuis cinq ans qu’aucun attentat d’ampleur ne s’est passé en Tunisie. Toutefois, on n’oubliera pas que c’est sous ce même gouvernement, que le pays a connu ces attaques les plus meurtrières, mais également spectaculaires sur le plan humain et psychologique : Le Bardo, Sousse et celle contre le bus de la Garde présidentielle en plein cœur de la capitale. Depuis cette dernière attaque, la situation sécuritaire s’est certes améliorée mais la menace persiste et c’est à la prochaine équipe de maintenir ce fil ténu de cette précaire stabilité. On s’attend à ce que ce nouveau gouvernement d’union nationale prenne le dessus et traite ce phénomène de plusieurs angles différents.

Une guerre totale contre le terrorisme implique en effet de faire en sorte que tout l’appareil de l’Etat soit sur le pied de garde, mais également une sensibilisation des citoyens. D’autre part, la lutte contre ce fléau mondial, ne sera efficace que par l’identification de ses sources de financement, ainsi que le contrôle des transactions financières opaques et  la lutte contre la contrebande étroitement liée aux réseaux terroristes. C’est là où réside le véritable challenge du prochain gouvernement.

 

Ce qui a fait le plus de tort à l’image du gouvernement Essid, c’est la dégringolade à vue d’œil de la situation économique en Tunisie. Des taux de chômage désespérants,  une inflation galopante, des disparités régionales de plus en plus accrues, des investisseurs qui boudent le pays ou qui le quittent, une monnaie nationale en chute libre, un secteur touristique sinistré, une croissance qui s’approche du zéro, un endettement qui touche le plafond… et on en passe !

Les challenges qui attendent le gouvernement d’union nationale sont de taille. Comment gérer ces dossiers et savoir éviter et surmonter les échecs précédents, c’est là où la nouvelle formation devra faire ses preuves ou sinon, tout cela n’aurait servi à rien…

 

Le gouvernement qui émanera des tractations, quelle que soit sa composition, sera donc confronté à des défis économiques majeurs et à une pression sociale accrue. La conjoncture difficile et le legs des dernières années ne lui faciliteront sûrement pas la tâche. Retrouver un rythme de croissance qui a été maintenu à de faibles niveaux, trouver des solutions concrètes à la menace qui pèse sur les équilibres financiers, stimuler l’investissement privé, instaurer une paix sociale ou le retour à la normale de la production minière, sont autant de patates chaudes dont le nouveau gouvernement héritera et qu’il devra gérer sans tergiverser et avec fermeté.

 

La stabilité économique, politique et sociale reste un enjeu de taille dont la réalisation demande une équipe ancrée dans la réalité et qui a une grande connaissance et maîtrise des dossiers, certes brûlants, à traiter.

On a souvent reproché au gouvernement Essid son manque de fermeté et sa défaillance au niveau de la communication. Le tout, pour le prochain gouvernement, est de savoir dépasser ces échecs précédents, de savoir en tirer la leçon, tout en définissant ses priorités d’une manière tranchée, et surtout ne pas donner des promesses qu’il ne pourra concrètement tenir …

 

Ikhlas Latif

 

01/08/2016 | 19:59
4 min
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Commentaires (8)

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Prof.
| 03-08-2016 09:16
merci pour toutes vos propositions, je suis de votre avis qu'il est temps de penser différemment afin de résoudre nos problèmes socio-économiques.

Avez-vous aussi des propositions concrètes à faire concernant notre système bancaire et la création de l'emploi.

Continuez s.v.p. à écrire vos commentaires sur Business News. Vous pensez et raisonnez différemment, ce qui est très fascinant dans vos écrits.

Cordialement

TMT
| 03-08-2016 07:26
Que dire après la lecture de Cette longue plaidoirie en faveur d'une relance de notre économie;je dirais même qu'elle se rapproche plutôt d'un programme d'un ministrable.
Seulement voilà,je vous dit amicalement que vous êtes a coté de la plaque puisque vous prenez vos rêves (l'expérience chez les autres) pour la réalité.je ne veux pas trop disserter mais je vous lance le défit de nous établir un programme pour les 60 milliards de dinars suffisantes pour créer des emplois à 300.000 diplômes chômeurs (sic,encore faut il les trouver!)
Après ça,on pourra discuter du reste du programme
Cordialement

Dr. Jamel Tazarki
| 02-08-2016 14:44
1ère Partie,
Il nous faut un Premier Ministre qui cesse de croire ce que croit la majorité de nos politiciens et ce que nous imposent le FMI et Mr. Chedly Ayari:
1) Injecter en cadeau des Milliards d'euros dans notre système bancaire,
2) Notre système bancaire injecte l'argent reçu de notre banque centrale dans l'économie tunisienne sous forme de prêts aux entrepreneurs et à l'industrie,
3) nos entrepreneurs investissent l'argent reçu hors des conditions du marché afin de créer de la richesse et de l'emploi pour la Tunisie et tous les Tunisiens.

Ça fait 5 ans que nous tenant fort à cette démarche/théorie qui devrait résoudre tous nos problèmes socio-économiques, mais rien de cela!!!! ===> Et ainsi nous sommes condamnés à remplir éternellement une jarre sans fond (les banques privées de l'oligarchie tunisienne), alors que nos entrepreneurs ont décidé d'investir les 6 Milliards qu'ils ont reçus de notre banque centrale en Afrique subsaharienne et ailleurs sur les bourses européennes.


Mr. Chedly Ayari a ruiné l'économie tunisienne et il est temps qu'il parte à la retraite, en effet d'après les articles :

http://www.businessnews.com.tn/en-lhonneur-de-frederic-oudea-kamel-neji-reunit-le-tout-tunis-a-la-residence-de-france,520,66072,3

http://www.businessnews.com.tn/oxford-business-group-presente-le-programme-de-reforme-du-systeme-bancaire-tunisien,520,66109,3

http://www.businessnews.com.tn/a-quoi-servira-largent-de-la-recapitalisation-de-la-bh-et-de-la-stb-,519,58040,3

l'Europe remercie notre Banque Centrale Tunisienne avec à sa tête son gouverneur, Chedly Ayari, pour l'ouverture du marché de nos capitaux. Ainsi Mr. Chedly Ayari injecte en "cadeaux" 6 Milliards de dinars dans notre système bancaire qui appartient en grande partie à l'oligarchie tunisienne, et les incite simultanément et indirectement à investir cet argent ailleurs en Afrique et en Europe, et Dieu sait où encore, alors que notre pays s'enfonce de plus en plus dans le débâcle socio-économique' Bien sûr certains de nos Ministres se sont mobilisés/déplacés afin de faciliter la tâche/activité de la "fuite" de nos capitaux vers l'Afrique Subsaharienne et ailleurs! Certes, il s'agit d'actes d'idiotie et non pas de corruption, et il est temps de mettre fin à l'idiotie!

Le prochain Premier Ministre doit avoir le courage d'essayer quelque chose de différent. Cela signifie qu'il doit-être assez courageux pour sortir de la foule et ne pas prendre la voie de ses prédécesseurs et celle de Mr. Chedly Ayari.

Je vous propose des idées qui sont différentes de celles à quoi vous êtes habitué. Apprenons à voir d'un bon oeil le fait de sortir du lot et de bâtir de nouvelles bases, de remettre nos vieilles idées en questions, d'exprimer notre propre voix au lieu de simplement suivre'

Jamel Tazarki

Emeli Sandé - Read All About It
https://www.youtube.com/watch?v=vaAVByGaON0

Dr. Jamel Tazarki
| 02-08-2016 14:41
2ème Partie
Oh Mon Dieu, avec les 6 Milliards de dinars que notre banque centrale a injectés dans notre système bancaire on aurait pu créer de l'emploi pour nos 300000 diplômés en chômage permanent et mettre notre économie en marche!

Pourquoi ne pas avoir investi les 6 Milliards de dinars dans la création directe de l'emploi au lieu de les offrir à un système bancaire oligarque et en faillite.

L'intervention publique est indispensable en Tunisie car nos agents privés sont incapables de produire un résultat satisfaisant pour tous. L'Etat tunisien ne fait aujourd'hui que protéger illégitimement les intérêts particuliers (de la bourgeoisie industrielle et de l'oligarchie) et produire des réglementations absurdes. On ne peut plus compter sur l'initiative et le dynamisme du secteur privé en Tunisie.

Il faut se libérer de cette idée absurde de l'entrepreneur tunisien créateur qui serait le personnage central de notre développement économique, qui prendrait des risques pour créer de nouveaux produits et emplois et ne demandant qu'un peu de capital-risque et d'être libéré des charges fiscales. Une idée platonique que voudrait nous imposer "notre" 'UTICA,. Le rêve de développement d'un Silicon Valley en Tunisie ne serait possible qu'avec l'intervention directe de l'État.

Il est temps de réviser les rôles respectifs de l'Etat et des firmes privées dans le processus du développement socio-économique de notre pays. Le véritable entrepreneur qui prend des risques a toujours été le pouvoir public en Tunisie. Il n'y aura pas d'amélioration socio-économique essentielle dans laquelle l'Etat tunisien ne joue pas le rôle moteur, non seulement comme entrepreneur mais aussi comme créateur de marché.

Les firmes privées tunisiennes exigent et obtiennent des baisses d'impôts et des dépenses publiques et privent ainsi l'Etat tunisien des moyens financiers de jouer son rôle d'entrepreneur dans des secteurs économiques indispensables pour la Tunisie où personne n'ose investir, elles assèchent ainsi les moyens de la source d'investissement de l'État sans pour autant apporter de remèdes à notre économie. L'action publique est irremplaçable en Tunisie.

Il nous faut une politique socio-économique/industrielle qui devrait redonner à l'intervention publique une place centrale, non comme correcteur des échecs de marché ou garant de la libre concurrence, mais comme entrepreneur dans des domaines où personne n'ose prendre le risque et comme créateur de marchés. Cela exige de ne plus financer les firmes tunisiennes privées passivement et indirectement avec des mécanismes ruineux


Jamel Tazarki

C'est dans l'intensité, la régularité et le renouvellement du débat socio-politique que se forge le gouvernement du peuple. La bonne santé de notre jeune démocratie tunisienne se mesure à ses contre-pouvoirs. Voilà pourquoi l'indépendance des médias, de la justice, l'activité syndicale et la qualité du débat parlementaire concernent tous les Tunisiens.

Dr. Jamel Tazarki
| 02-08-2016 14:38
3ème Partie
Je propose une Solution à la chinoise, une fois que l'on aurait "nettoyé" nos banques, je propose pour la Tunisie une solution pragmatique à la chinoise. En effet, le gouvernement chinois a créé une structure organisationnelle par laquelle il peut procéder en tant qu'actionnaire dans tous les grands projets économiques afin d'optimiser la gouvernance et de guider la modernisation. Même si ces sociétés par actions présentent des particularités d'entreprise privées (actionnaires, conseil d'administration, rapports annuels), le gouvernement chinois détient au départ toujours la majorité des actions et il exerce ainsi un contrôle solide sur l'activité de l'entreprise. La privatisation complète se fait quand l'entreprise fait des bénéfices. Le gouvernement chinois a ainsi créé plus que 4 millions d'entreprises privées. Ces entreprises emploient près de 120 millions de chinois. La chine fait pression sur les responsables des banques afin de permettre des prêts à des conditions avantagées aux nouvelles entreprises qui sont au début surveillées par les fonctionnaires des autorités chinoises. Ces prêts hors des conditions de marché ne sont accordés qu'aux entreprises rentables. Les entreprises non rentables n'ont plus le droit d'opérer ou d'investir car les règles du marché les forcent à arrêter leurs activités ou du moins de ne pas réaliser de nouveaux investissements. Lors de la privatisation complète des entreprises fonctionnantes, les banques reçoivent leur argent de nouveau. Le stock des créances est à plus de 1200 milliards de dollars. Les dirigeants chinois sont conscients de la fragilité de ces investissements. C'est pour cela que les banques chinoises reçoivent du budget de l'Etat. Le gouvernement chinois cherche aussi des capitaux privés, chinois et étranger afin de recapitaliser ses banques. Par contre l'Etat chinois (contrairement aux américains et aux européens) n'accorde pas de crédit hors conditions de marché (très faible taux d'intérêt) aux ménages et à la consommation. Les ménages chinois doivent préalablement épargner les sommes nécessaires pour l'achat d'une voiture ou d'un appartement. De même de nombreux produits d'assurance ne sont pas disponibles. Les ménages doivent également épargner pour se protéger contre les risques de la vie courante. On comprend pourquoi le taux d'épargne des ménages chinois est très élevé et d'ailleurs il ne cesse pas de croître. Le taux d'épargne des chinois est de 50% du BIP. Ce taux d'épargne contribue à l'investissement. Les banques d'Etat dirigent l'essentiel de l'épargne chinoise vers les entreprises. Ces prêts soutiennent la production et favorise l'investissement. Ce qui augmente le taux de croissance du PIB.

La question est comment assurer l'autosuffisance et la stabilité des prix dans un temps record. Pour cela, il suffit de transformer notre agriculture traditionnelle, en la dotant d'équipements et de techniques d'avant-garde. L'agriculture moderne nécessite des techniques avancées, des équipements de haute performance et des agriculteurs qualifiés. Il nous faut un haut rendement, une excellente qualité, une grande rentabilité et un bon écosystème. Le développement de la productivité agricole est un but primordial de la construction de la nouvelle Tunisie. Le mode de production agricole caractérisé par les systèmes d'irrigation classique et de labour traditionnel n'est plus suffisant afin de nourrir 13 Millions de Tunisien. Afin de développer une agriculture moderne, il est important de la transformer et la doter des techniques modernes de l'hydro-culture. Puis, il faut augmenter les investissements dans les régions rurales, soutenir financièrement les agriculteurs.

Parallèlement, il faut pratiquer des politiques économiques structurelles qui ont une action à long terme. Par exemple une politique industrielle comme l'encouragement de la production artificielle des engrais agricoles et de l'industrie chimique

De même, je propose de déterminer les potentialités de notre pays et de mettre en oeuvre les projets correspondants. Nous privilégions lors de la réalisation de nos projets d'abord le savoir-faire et les compétences locales. Et pour combler les compétences manquantes, on va rechercher les personnes susceptibles d'être recrutées partout dans le monde. Il y a énormément d'ingénieurs et scientifiques sur le marché international qui pourraient nous aider, mais ils ont un prix. C'est toujours une question d'argent. Les Américains, les Chinois, les Allemands et tous les autres font pareils, ils captent les meilleurs scientifiques et les meilleures capacités du monde. Nous ne sommes pas encore au plus haut niveau, mais on veut l'être. Nous sommes juste sur le bord d'y arriver. C'est une question de temps et de choix politiques. On ne cherchera pas seulement à séduire les entreprises étrangères à investir dans notre pays mais nous définiront nos projets en fonction de nos besoins et on cherchera sur le marché international de travail les compétences manquantes et peu importe le prix que l'on aura à payer.


Jamel Tazarki

Moi
| 02-08-2016 08:39
Habib Essid a été perturbé par les différents partis qui ne cessent de "gesticuler" pour rien du tout....Qu'ils s'écrasent un peu et l'économie du pays redémarrera et le citoyen soufflera un peu...Le Tunisien en a assez des magouilles politiciennes de très bas niveau !

kameleon78
| 01-08-2016 23:34
"Les challenges qui attendent le gouvernement d'union nationale sont de tailles."taille" est invariable donc il ne prend pas de "s" à la fin.

BN: Merci d'avoir attiré notre attention.