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Entre chute des prix et effondrement des ventes, l’immobilier tunisien en crise
30/01/2025 | 11:28
6 min
Entre chute des prix et effondrement des ventes, l’immobilier tunisien en crise
Service IA, Business News

 

Le secteur immobilier tunisien traverse une crise sans précédent. En 2024, les ventes ont chuté drastiquement, les prix de l’immobilier ont évolué à un rythme inférieur à l’inflation, et les sociétés immobilières cotées en bourse ont enregistré des pertes abyssales. 

 

L’adage dit quand l’immobilier va, tout va. À la lecture de la situation des sociétés immobilières cotées en bourse et quand on voit l’argus des prix par régions, on remarque clairement que l’année 2024 a été dramatique pour le secteur. Ce ne sont pas des impressions, ce sont les chiffres qui parlent.  Les trois sociétés, réputées être parmi les meilleures du marché immobilier tunisien, ont vu leur chiffre d’affaires baisser en 2024. Le chiffre d’affaires de Sits a baissé de 33,46%. Celui d’Essoukna a baissé de 94,58%. Celui de Simpar, réputée être la meilleure société immobilière cotée en bourse, a chuté de 65,3%.

Chacune de ces sociétés donne des explications plus ou moins convaincantes sur les raisons de ces chutes des revenus, mais le fait est que l’immobilier tunisien est en crise. Si les meilleures entreprises du marché ont de tels chiffres, que dire des autres qui ne sont pas cotées en bourse ?

Justement, pour connaitre les autres, nous sommes allés voir les chiffres du site spécialisé Mubawab qui suit de près l’évolution des prix par région. Ses analyses sont sérieuses et ses chiffres sont précis.

Ce que l’on remarque à travers ces chiffres, c’est que les évolutions des prix en général sont majoritairement inférieures à celle de l’inflation. Pire, il y a des régions, comme Borj Cedria, banlieue de Tunis, où les prix ont carrément baissé. En d’autres termes, si l’évolution des prix est inférieure à l’inflation, c’est que la valeur totale du bien immobilier a baissé. Cela touche aussi bien les quartiers modestes que les quartiers huppés.

 

Effondrement du chiffre d’affaires des principales sociétés immobilières

L’année 2024 a été particulièrement rude pour les sociétés immobilières tunisiennes. Les trois entreprises cotées à la Bourse de Tunis – Sits, Simpar et Essoukna – ont toutes vu leur chiffre d’affaires chuter de manière spectaculaire.

Sits : son chiffre d’affaires annuel a reculé de 33,46%, passant de 7,53 millions de dinars fin 2023 à 5,01 millions de dinars fin 2024. Pire encore, son chiffre d’affaires trimestriel s’est effondré de 90,5%.

Essoukna : la chute est encore plus vertigineuse avec une baisse de 94,58% de son chiffre d’affaires, qui est passé de 6,62 millions de dinars en 2023 à seulement 358.544 dinars en 2024.

Simpar : la société a enregistré un recul de 65,3%, avec des revenus passant de 11,91 millions de dinars en 2023 à 4,13 millions de dinars en 2024.

 

Simpar, considérée comme l’une des meilleures sociétés immobilières de Tunisie, n’a pas échappé à la crise. La société a connu l’une des chutes les plus significatives du secteur. En 2023, Simpar avait généré 11,91 millions de dinars, mais ce chiffre a drastiquement chuté à 4,13 millions de dinars en 2024.

Cette baisse s’explique principalement par plusieurs facteurs notamment le retard dans l’achèvement de ses projets majeurs, notamment aux Jardins de Carthage, à Raoued et à Choutrana I (La Soukra). La société estime que ces projets généreront un chiffre d’affaires futur combiné de 87 millions de dinars une fois finalisés.

 

Un marché où les prix augmentent moins vite que l’inflation

Cette chute des chiffres des sociétés immobilières cotées en bourse s’explique par une baisse de la demande immobilière, en raison d’un pouvoir d’achat réduit et de taux d’intérêt élevés rendant l’accès au crédit plus difficile. Il existe un déséquilibre entre l’offre et la demande, aggravé par une réticence des acheteurs à investir dans un marché en crise.

Au-delà des difficultés des promoteurs immobiliers, les prix de l’immobilier stagnent ou baissent dans certaines régions. En 2024, l’inflation en Tunisie s’est établie à 7%, or l’évolution des prix de l’immobilier reste inférieure à ce seuil, entraînant une perte de valeur des biens immobiliers.

Voici quelques évolutions des prix par région telles fournies par Mubawab :

Gammarth : +6,14%

Jardins de Carthage (où le prix au m² est le plus élevé du pays à 2921 dinars/m²) : +4,14%

Raoued : +1,38%

Sahloul 4 (Sousse) : +7,41%

Hergla : +0,25%

Yasmine Hammamet : +4,62%

Bizerte Nord : +1,19%

Borj Cedria : baisse des prix de 5,86%.

 

 

Dans certaines régions, comme Borj Cedria, la baisse des prix est notable. À Hergla, l’augmentation est quasi inexistante (+0,25%). Même dans les quartiers huppés, l’évolution des prix reste inférieure à l’inflation, signifiant une perte de valeur en termes réels.

 

 Prix des terrains 

 

Analyse du marché foncier : un déséquilibre entre offre et demande

L’étude publiée par Mubawab Tunisie dans son Guide Foncier 2024 met en évidence un marché déséquilibré, où l’offre de terrains est relativement stable tandis que la demande fluctue fortement.

53% de la demande immobilière sur Mubawab.tn concerne l’achat de biens, dont 16% pour des terrains.

L’offre de terrains représente 12% du total des annonces.

Les tendances observées entre janvier et novembre 2024 montrent :

Une baisse de la demande en début d’année, suivie d’un pic estival, puis d’une légère diminution au troisième trimestre et d’une reprise modérée en fin d’année.

Une offre relativement stable, avec une légère baisse au premier semestre et une reprise progressive ensuite.

 

Pourquoi l’immobilier tunisien est en crise ?

Le secteur immobilier tunisien traverse une tempête économique sans précédent, marquée par une conjoncture défavorable qui fragilise l’ensemble du marché. L’instabilité économique générale, combinée à une inflation persistante et une croissance en berne, a directement impacté le pouvoir d’achat des ménages, les poussant à reporter leurs projets d’investissement.

L’accès au financement constitue également un frein majeur. Avec des taux d’intérêt en constante augmentation, les crédits immobiliers sont devenus plus coûteux et moins accessibles, réduisant ainsi le nombre de transactions et accentuant le ralentissement du marché. Cette frilosité des acheteurs a entraîné un déséquilibre marqué entre l’offre et la demande : alors que de nombreux projets immobiliers ont été lancés ces dernières années, les acquéreurs potentiels se font de plus en plus rares, aggravant la situation des promoteurs qui peinent à écouler leurs stocks.

 

Par ailleurs, l’absence de mesures gouvernementales efficaces pour soutenir le secteur immobilier a contribué à cette crise. Sans politiques publiques incitatives, ni allégements fiscaux ou réformes facilitant l’accès à la propriété, le marché est livré à lui-même dans un contexte déjà complexe. De nombreux promoteurs immobiliers se retrouvent ainsi avec des stocks d’invendus qui s’accumulent, tandis que la spéculation et la hausse des coûts de construction rendent l’investissement de plus en plus risqué.

Dans ce contexte, la crise immobilière tunisienne s’inscrit dans un cercle vicieux : une demande en berne, une offre qui peine à s’adapter, et des acteurs du secteur qui naviguent à vue, espérant un rebond qui tarde à se concrétiser.

 

Un avenir incertain pour le marché immobilier

Face à cette crise, plusieurs questions se posent. Le marché immobilier tunisien peut-il rebondir en 2025 ? Plusieurs éléments pourraient jouer en faveur d’un redressement, notamment l’achèvement de grands projets immobiliers à El Menzah 9, Jardins de Carthage, Raoued et Choutrana I (La Soukra). Toutefois, la conjoncture économique reste difficile, avec un pouvoir d’achat en berne, des taux d’intérêt élevés et une demande incertaine.

Les professionnels du secteur espèrent que les nouvelles politiques publiques, notamment celles liées au logement social et aux incitations fiscales, pourront redynamiser un marché en perte de vitesse. En attendant, les acheteurs semblent privilégier l’attentisme, tandis que les promoteurs peinent à écouler leurs stocks, dans un marché marqué par une offre stable mais une demande en dents de scie.

 

Maya Bouallégui

30/01/2025 | 11:28
6 min
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Commentaires
Sam
Immobilier = arnaque
a posté le 02-02-2025 à 19:47
Les prix sont gonflés, ils doivent baisser non le contraire sinon ce n est pas une crise. Drôle de définition pour l auteur de l article
ABC
Attention article sponsorisé ....
a posté le 31-01-2025 à 11:43
Mon précédent commentaire (même titre) semble n'avoir pas plu à BN dont a été censuré ...
BN chantre de la parole libre. Au moins on ose vous dire que vous êtes loin d'être aussi neutre que vous ne le prétendiez.
Ca se répercute d'office sur votre crédibilité

B.N : Nous sommes transparents avec nos lecteurs : lorsqu'un article est sponsorisé, nous l'indiquons clairement. Merci de vérifier les faits avant de porter des accusations infondées.
Rochdi
Studio Tesla
a posté le 31-01-2025 à 11:42
Elon Musk a fait des maisons de 60 m à 10.000$ si on les importent la Tunisie première chose qu'elle fait une douane à 10000 Dt . pour qu'ils ne seront pas accessibles à tous le monde.
Agatacriztiz
Il y a une solution à caractère social.
a posté le 30-01-2025 à 20:51
Vu la crise du logement qui affecte surtout les jeunes générations de travailleurs, jeunes couples avec enfants, etc., vu le nombre de logements vacants et avant qu'ils ne se dégradent d'une manière irrémédiable, l'état devrait réquisitionner certains de ces logements, les acheter au prix de revient aux promoteurs qui les ont construits et les revendre à des conditions avantageuses (sur le modèle des crédits SNIT ou
SPROLS) aux demandeurs de premier logement.
Maher
Etrange
a posté le 30-01-2025 à 18:57
J ai vraiment du mal a croire a cette article honnetmeent . Ya quelque temps je suis allez visiter des appartements sois disant haut standing mon dieu quesque c est que ces prix? Et quand je demande pourquoi ces peix la alors que certains materiaux sont juste normal quoi ou moyenne gamme ont me repond ah mais on vise une clientele special. Eh bien bon courage avec votre clientele speciale et vos prix. C est juste un article sponsorise a mon avis ya rien de vrai que des chacals
Arbitre
Blanchiment
a posté le 30-01-2025 à 18:15
Franchement il faut être un fou ou un trafiquant pour acheter des appartements dans des quartiers à Tunis plus chers qu'en europe....
C'est me secteur idéal pour les malfrats depuis plusieurs décennies pour blanchir l'argent sale.....
En Floride un F3 vaut 80000 '?' super bien équipé et avec d'excellents matériaux et des finitions parfaites....
Donc on arrête la plaisanterie !
Un f3 à Tunis dans quartier "bien " ne doit jamais dépasser les 50000 '?' ....
Rationnel
Declin démographique, trop de maisons non-occupees
a posté le 30-01-2025 à 17:44
La population en Tunisie va connaitre un déclin démographique et meme une chute si les tendances d'immigration s'accélèrent. Le nombre de maisons/appartements non occupées est de 18%. Plusieurs de nos expats investissaient dans l'immobilier puisqu'ils envisageaient un retour éventuel au pays, mais beaucoup d'entre eux vont rester dans les pays d'accueil puisqu'ils/elles découvrent que leurs enfants préfèrent rester et la couverture médicale dans les pays d'acceuil comme la France est supérieure. Quand le taux de fertilité chute rapidement, la population commence a vieillir et l'immobilier chute comme c'est le cas du Japon. Le taux de fertilité a chute rapidement en Tunisie (la plus grande chute parmi les pays arabes) pour atteindre 1,93, le taux le plus faible en Afrique, un taux inférieur au taux nécessaire pour le renouvellement des generations.
Le nombre de maisons et appartement va etre suffisant pour les nouvelles generations.
On doit investir dans d'autres activites qui aideront à dépasser la stagnation économique.
Juan
chute des réserves .....
a posté le à 18:47
aussi, l'envoi des émigrés va diminuant. ils finiront par comprendre mieux garder son argent en devises. au lieu d'envoyer au pays.
Abir
Il faut dire la vérité !
a posté le 30-01-2025 à 14:39
La vérité , ce n'est pas un effondrement mais peut être un retour au normal, dans ce temps, tu ne peux rien acheter, le prix d'un appartement coute le prix d'un villa, même au côte d'Azur ou à L'île des Canaris n'a jamais arrivé à cette situation, n'en parlant pas des mains d'oeuvres, un simple ouvrier demande la journée d'un maçon et les marchandises sont enflammées comme les cas de la nourriture , qui fait mieux sans contrôle ni inspection dû moins il n'y a rien du sérieux ! Moralité ce n'est pas un effondrement mais les sabotages des acheteurs ont porté fruits
Trabelsi Jalel
Comment
a posté le 30-01-2025 à 14:17
On ne vis pas dans Saturne pour diminuer des prix chaque fois qu'il y'a une augmentation ou diminution d'impôts.
le financier
cela s appelle une bulle qui explose
a posté le 30-01-2025 à 12:25
Il etait tps que la bulle immobiliere commence a exploser.
Les prix de l immobilier tunisien sont au meme niveau de la costa del sol en espagne et plus cher que la Sicile dans un pays avec une qualité de service d un pays en voie de développement .
Avant ces prix etaient par le haut par la migration dzs habitant des regions interieurs vers les cotes ( ce qui etait interdit sous bourguiba car la cote n avait pas les infrastructures pour accueillir toute cette population )
Mais l immobilier tunisien servait surtout de blanchiment d argent fait au noir .
Maintenant les prix vont baisser jusqu a trouver des acheteur , le marché s equilibra automatiquement et cela profitera aux menages tunisien .
Eh oui bcp vont perdre de l argent et vont faire faillite mais cela me réjouit vue tous ces escrocs et tout ceux qui blanchissaient dans ce secteur .
L inflation a du bon pour cela .

Il y avait pourtant des solutions pour permettre a relancer l immobilier sans aide publique tout en permettant a l etat de gagner de l argent mais je ne suis pas la pour faire le travail des incompetents.

Je suis impatient d etre dans 6mois quand nous aurons les premier chiffre de croissance , de faillites ... l insécurité va exploser en fin d annee
Rationnel
Tres loin de la Costa Del Sol
a posté le à 17:26
Les prix a Costa Del Sol sont: '?'3,500 to '?'4,500 depending on location, with the most expensive areas like Marbella reaching up to '?'7,000 per square meter.
Les prix en Tunisie sont inferieur a 400 euro/metre carre (1/10 de la Costa Del Sol). La Sicile (1450 euro/m2) souffre d'une chute de la population, le nombre d'habitations non-occupees est important (15%) inferieur a la Tunisie (18%).
Le financier
rationnel
a posté le à 19:28
va sur le site thinkspain et tu verras qu avec 175 000 euro t as une villa dans la region de la costa del sol et oui il y a des maison a 1euro en sicile si tu les restore.
Donc quand je vois les prix a Tunis , pour admirez des gens a credit qui se prennent pour ce qu ils ne sont pas , cela me fait bien rire.
Il y a une bulle en Tunisie et elle va eclater car le pays va mal et c est tout a fait normal dans un pays ou il y a peu de croissance , de l inflation , pas d epagne pas d exportation superieur aux importation etc etc ... seul les TRE sauvaient la balance des paiements courant mais honnetement avec vos taxation et des services aussi bas , coupure d eau electricité , medecine deteriorié sans parlé de la jalousie , qui de ces TRE veut encore y venir faire du business .
L argent est partout sauf en Tunisie au vue des lois voté par ce president mais c est pas grave on a les kholkhoz
Juan
Maison à un euro .....
a posté le à 18:52
cicilia: des maisons proposées à 1 euro. oui, oui ..... il faut s'engager à restaurer.
maisons abandonnées, car pas de travail sur place ... des villages qui se meurent.