Un industriel tunisien, leader dans la gobeleterie en verre en Tunisie, annonce une intention d’achat du bloc majoritaire de la SOTUVER détenu par les héritiers Chahed, soit 709.406 actions et droits de vote constituant 56,157 % du capital social. Le prix proposé par "La Verrerie de Nâassen SA", puisque c'est d'elle qu'il s'agit, est de 25 millions de dinars, soit 35,240 dinars l’action. Une action actuellement cotée à 16 dinars. L'offre ne touche que les actions détenues par les Chahed et non pas les petits porteurs. Une sorte de pacte d'actionnaires en somme. Le CMF a été déjà informé et on devrait s’attendre à ce qu’il communique sur le sujet cette fois.
La Verrerie de Nâassen est une société anonyme, au capital de 3,625 millions de dinars, créée en 1978. Ses marchés sont essentiellement en Tunisie, en Algérie et en Libye. 95% du capital appartient à la famille de M. Ahmed Belhadj Kacem, le PDG. La société vient de renouveler son four de fusion d’un investissement de 2,14 millions de dinars (financés par la STB, la BH, la région Wallonne de Belgique et des fonds propres) et entame une toute nouvelle ère. Le fer de lance de la société est M. Khaled Azaïz qui occupe le poste de DGA depuis sept ans. C’est lui, d’ailleurs, avec M. Belhadj Kacem qui est derrière cette OPA. La société est par ailleurs partenaire du programme de mise à niveau et partenaire depuis quatre ans avec l’Unité de promotion des investissements de l’Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel.
Contacté par Business News, M. Azaïz confirme l'information et nous déclare que les motivations de la Verrerie de Nâassen ne se limitent nullement aux aspects financiers de la transaction, bien au delà de ça, elles ont un ordre économique et patriotique. « Pour nous, dit-il, la SOTUVER a bénéficié de nombreux avantages de la part de l’Etat (primes d’investissement, déduction totale de ses bénéfices de l’assiette soumise à l’impôt sur les sociétés, avantages fiscaux et sociaux, etc) et mérite de ce fait de demeurer tunisienne, détenue par des capitaux tunisiens. L’idéal, selon nous, est que ces Tunisiens soient du secteur verrier ayant déjà fait leurs preuves, ce qui est notre cas ».
L’industriel tient par ailleurs à rassurer personnel et investisseurs sur ses intentions futures et promet un meilleur rendement pour la société. Il a d’ores et déjà établi un plan d’action (qu’il soumettra au CMF et aux héritiers Chahed) élaboré avec des experts.
Etant du secteur, connaissant bien la Tunisie et ses spécificités, l’offre de Belhadj Kacem et Azaïz nous semble meilleure que celles présentées par le marocain Sevam et le français Saint-Gobain. Sur le plan financier, elle est supérieure (le double !) et sur le plan stratégique, elle est meilleure puisque la Sotuver demeurera tunisienne avec eux. En clair, les bénéfices de l’entreprise n’iront ni en France ni au Maroc.
Reste maintenant à savoir ce que va décider la justice qui a prononcé pour le moment le gel de la transaction des parts de la société.