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Chroniques
Libération d’Ahlem Bousserwal, l’arbre qui cache la forêt
Par Sofiene Ben Hamida
27/08/2023 | 15:59
4 min
Libération d’Ahlem Bousserwal, l’arbre qui cache la forêt
 
Par Sofiene Ben Hamida
 
Ahlem Bousserwal, secrétaire générale de l’Association des femmes démocrates (ATFD), a été libérée samedi après une nuit passée au centre de détention de Bouchoucha. Elle avait été arrêtée dans la soirée du vendredi pour outrage à un fonctionnaire public et résistance aux forces de l’ordre. 
 
Bien entendu, il n’y avait d’outrage que dans la tête de ceux qui l’ont privée de sa liberté. Elle s’est juste insurgée en citoyenne libre et responsable, contre le fait de lui interdire l’accès à un poste de police pour y déposer une plainte. D’ailleurs, le juge d’instruction qui l’a relâchée s’est trouvé devant un dossier pauvre, sans indices ou preuves concernant un supposé outrage à un fonctionnaire ou un quelconque signe de résistance aux forces de l’ordre. Bref le dossier était vide et n’aurait jamais dû exister.
 
 
Le cas Ahlem Bousserwal a estomaqué une large frange de l’opinion publique parce qu’elle était une militante connue et appréciée d’une part, et parce que les raisons présentées pour son arrestation étaient trop grossières et ne collaient pas au personnage d’autre part. Mais le cas d’Ahlem Bousserwal n’est malheureusement pas un cas unique. Des milliers de Tunisiens anonymes subissent chaque jour l’arbitraire des agents de l’ordre sur la route, la voie publique ou à l’intérieur des locaux de la police. Les citoyens tunisiens rechignent de plus en plus à aller à un poste de police même pour y déposer un dossier ou pour y récupérer un document administratif.
 
Dans ces lieux lugubres, les Tunisiens se sentent mal à l’aise, agressés par des regards malveillants, des mots désobligeants et des comportements agressifs. Celui qui ose rouspéter, exiger le respect de sa condition de citoyen, résister à cet arbitraire devient vite la cible des policiers présents, toujours solidaires et prêts à faire de cet « insurgé » un exemple pour les autres citoyens présents afin qu’ils apprennent à « respecter l’autorité ». Parfois, les choses dégénèrent et des citoyens se trouvent tabassés par des policiers à l’intérieur même d’un poste de police pour avoir réagi à un mauvais comportement de la part de l’un des agents. Sinon, il y a cette accusation fourre-tout d’outrage à un fonctionnaire et résistance aux forces de l’ordre. De préférence, cette accusation est utilisée à la veille d’une fête ou au cours des weekends pour allonger le séjour de l’accusé au centre de détention de Bouchoucha, le pire lieu où un être humain peut se trouver. 
 
 
Au début de la révolution, on avait cru pourtant qu’il était possible de tourner la page de l’arbitraire policier et de s’engager dans la voie d’une police républicaine. La collaboration entre la société civile et des syndicats de policiers avait permis une amélioration des rapports sur le terrain entre les forces de l’ordre et les citoyens. Malheureusement, parce que le ministère de l’Intérieur est resté au centre des querelles politiques, le processus vers une police républicaine a été stoppé depuis quelques années et on observe désormais un retour de l’arbitraire policier et un renforcement du sentiment d’impunité chez les agents, comme au bon vieux temps de la dictature.
 
Mais le cas d’Ahlem Bousserwal, ni le cas des milliers d’autres citoyens anonymes n’auraient pas existé si les adjoints du procureur avaient assumé leurs responsabilités et joué leur rôle. Il est clair que les adjoints du procureur en Tunisie sont trop laxistes, paresseux pour beaucoup et spongieux face aux policiers. Leurs décisions concordent trop souvent avec l’appréciation des policiers ce qui conduit à des situations ahurissantes de passe droit, le tout au nom de la loi. La magistrature tunisienne passe peut-être par la pire crise de son histoire. Elle a une bataille farouche à mener pour son indépendance vis-à-vis du pouvoir exécutif. Mais en parallèle avec cette bataille qui trouve un large soutien auprès des Tunisiens, la magistrature se doit de mener d’une manière concomitante, une autre bataille in vitro contre la corruption, l’incompétence et pour le respect de la loi, de la justice et de l’équité.
 
Avec des magistrats compétents et conscients de leurs responsabilités envers la société, les agents de polices retrouveront très vite leur statut de fonctionnaires chargés d’appliquer la loi. Les situations d’arbitraires seront des situations exceptionnelles et non la règle comme c’est le cas aujourd’hui.
Par Sofiene Ben Hamida
27/08/2023 | 15:59
4 min
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Commentaires
Lol
La révolution de la gifle
a posté le 28-08-2023 à 08:38
La révolution tunisienne a été declanchee par une gifle donnée par une policière a un vendeur ambulant.
Tous les régimes qui ont suivi n'ont rien fait a part miner cette police et les magistrats pour servir leurs intérêts. Et ça s'est retourné contre eux. Cheh!
On verra si le régime actuel se réveille avant la prochaine révolte.
CHB
Peut être elle a raison mais à vérifier si sa version est la bonne
a posté le 28-08-2023 à 07:39
Assez souvent le comportement agressif des fonctionnaires de police vis-à-vis des citoyens dans les postes de police est avéré. Néanmoins, dans le cas particulier de la Secrétaire Générale des Femmes Démocrates, SBH aurait du vérifier que la version de cette dame était la bonne. Pourquoi ? Parce que on peut facilement imaginer qu'elle se soit mal comportée, assurée qu'elle pouvait le faire compte tenu de son statut (c'est un comportement typique des tunisiens). En définitive seul l'enregistrement d'une caméra aurait permis de trancher. SBH n'était pas présent pour pouvoir émettre ses jugements péremptoires (comme à son habitude) !! C'est peut être trop lui demander de prendre la peine de vérifier !!
Zarzoumia
Le régime
a posté le 28-08-2023 à 07:29
Dans un régime qui tient grâce aux forces de sécurité, on ne peut pas espérer une police républicaine. On a vu des jeunes poursuivis pour une chanson, cela traduit une susceptibilité exacerbée pour marquer les esprits et remettre la chape de plomb. C'est exactement comme la réaction de la présidence qui croit que pour assoir une autorité il faut faire usage de la répression au lieu d'améliorer sa façon de servir. On a vu un syndicat de policiers qui demande que les nominations soient passées au tamis du ministère de l'intérieur. Malheureusement, c'est le prix à payer avec ce type de régime.
Abidi
Dites donc
a posté le 27-08-2023 à 23:16
Ceux qui estomac le peuple tunisien c'est vooos semblables ceux qui pensent avec leurs derrière, quelle arbre et quelle forêt,a vous tous vous ne faites pas une branche
GZ
Mal élevé
a posté le à 10:11
Repassez quand vous aurez appris à rédiger, acquis quelques rudiments de politesse. Vous n'êtes qu'un fruste charretier. Vous n'avez rien à faire dans la société des hommes.
Primate !
AHE
Probleme de formation
a posté le 27-08-2023 à 21:18
Le policier lamda reflete le comportement du citoyen tunisien en general. Regardez un peu le langage utilise et l agressivite naturelle qui s en sort. Le policier est un representant naturel surtout si on est dans ce metier non pas par conviction mais par necessité. La seul maniere de changer les choses est la formation contenu. Tant que la formation est absente il n y aura pas de changement malheureusement
Be zen
Excellent Sofiène Ben Hamida
a posté le 27-08-2023 à 19:37
Juste analyse.
Les policiers "républicains" et encore plus les autres doivent bien y réfléchir et ne plus profiter de leur statut de fonctionnaires protégés bénéficiant de de ce qui désigné comme "outrage à un fonctionnaire".
En fait, dans les vraies démocraties, c'est parole contre parole et ce n'est pas forcément le fonctionnaire qui l'emporte en cas de procès.