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Journées de l'Entreprise : Retour sur une édition mitigée entre optimisme et pessimisme
08/12/2014 | 09:23
5 min
 Journées de l'Entreprise : Retour sur une édition mitigée entre optimisme et pessimisme
« Le rendez-vous annuel des Journées de l’Entreprise revêt cette année un caractère tout particulier puisqu’il se tient à quelques jours du couronnement de la transition démocratique dans notre pays et traite d’un sujet brûlant qui préoccupe les économistes et politiciens des différents pays, à savoir : l’emploi » déclare Ahmed Bouzguenda, président de l’IACE dans son mot d’ouverture de la 29ème édition des Journées de l’Entreprise tenue les 5 et 6 décembre courant. Ce rendez-vous incontournable des opérateurs économiques, en l’occurrence, a été l’occasion de débattre du bilan réalisé en matière d’emploi durant les trois années ayant suivi la révolte du 14 janvier. Cet événement a été l’occasion également de s’inspirer des expériences de pays voisins et amis dont le modèle économique renferme des traits de ressemblance avec celui de la Tunisie. La recherche de solutions pour la résolution du problème du chômage a été au cœur de plusieurs débats entre intervenants de divers bords à l’instar du dialogue entre Wided Bouchamaoui, présidente de l’UTICA et Houcine Abassi, secrétaire général de l’UGTT. Il s’est agit, en effet, d’un premier face à face entre les deux protagonistes dont la relation n’a pas toujours été empreinte de bonne humeur. Néanmoins, et l’on pourrait dire qu’à l’accoutumé, Houcine Abassi n’a pas mâché ses mots pour émettre des reproches à l’endroit des organisateurs de l’événement se plaignant du fait que la Centrale syndicale n’ait pas été mise à contribution de surcroît au regard du thème traité. Aussi, le secrétaire général de l’UGTT a-t-il grincé des dents, à nouveau, rappelant aux Tunisiens qu’ils ne doivent pas renoncer à l’ensemble de leurs droits sociaux et soulignant l’importance de préserver les acquis des travailleurs.

S’agissant des points de flexibilité, autre sujet phare débattu lors de la deuxième journée, Houcine Abassi a pour sa part déclaré que la Centrale syndicale est toute prête à poursuivre les négociations avec les chefs d’entreprises. Négociations qui ont été engagées et annoncées au cours des dernières révisions du code de travail. « Je n’accepterai jamais la mauvaise gestion des privilèges qui ont été accordés à travers le code de travail aux propriétaires des entreprises » assure Houcine Abassi. Dans le même registre, le chef du gouvernement, Mehdi Jomâa, a indiqué lors de son discours prononcé à la séance inaugurale des Journées de l’Entreprise, que son gouvernement a décidé de plus effectuer de recrutements dans la fonction publique, en raison de la situation financière de l’administration publique qui ne peut plus en contenir davantage. Il déclarera : « La masse salariale a enregistré une hausse de l’ordre de 45% depuis 4 ans. Il est impératif dès lors que les chefs d’entreprises, les leaders ainsi que les partenaires sociaux conçoivent des sacrifices et rompent avec le « Ne touchez pas à mes privilèges » ! »

Mehdi Jomâa, dont le discours n’a emprunté aucune langue de bois, a expliqué que les réformes entreprises sur le plan économique jusqu’à l’heure sont insuffisantes pour constituer un rempart face aux risques que dégagent l’avenir. « Nous sommes encore dans le virage, nous devons mener une réflexion pour avoir une vision sur l’avenir et pouvoir ainsi travailler et évoluer » souligne Mehdi Jomâa. Evoquant les réformes, le président de la Banque Européenne d’Investissement, Philippe de Fontaine Vive, a appelé, lors de son intervention, les gouvernants tunisiens à oser les réformes : « Soyez audacieux, osez les réformes et franchissez les pas !» s’exclamera M. De Fontaine Vive tout en appelant à la restauration de la confiance et de la sécurité, conditions sine qua none pour le retour des investissements. Cependant, le président de la BEI avait fait part de ses inquiétudes quant au climat sécuritaire instable que connaît la Tunisie bien qu’elle ait, selon ses dires, réussi sa transition politique. « La Tunisie doit rassurer les bailleurs de fonds qui lui ont tendu la main et prêté de l’argent, à travers des signaux forts et positifs sur le remboursement de ses dettes. C’est le premier message à envoyer à Washington et Bruxelles pour que les investissements fassent encore une fois confiance en la Tunisie » déclare-t-il.

De son côté, la patronne des patrons, Wided Bouchamoui s’est indignée face à la situation périlleuse dans laquelle s’est trouvé un certain nombre de chefs d’entreprises. En effet, ces derniers ont été contraints à mettre la clé sous la porte après avoir croulé sous les revendications sociales des salariés. « L’investissement en Tunisie est encore à la traîne, il suit un rythme ralenti et demeure en position reculée » a indiqué Wided Bouchamaoui en poursuivant : « la révolution du 14-Janvier, assortie des problèmes d’insécurité et d’instabilité, a embrouillé davantage le paysage de l’investissement. Néanmoins, et du reste, la présidente de l’UTICA a fait remarquer l’amélioration modérée de la sécurité en Tunisie au cours des derniers mois ». « Actuellement, nous pouvons estimer que le pays bénéficie d’une situation stable et sécurisée, relativement, de manière à huiler à nouveau les rouages de la machine économique nationale » a estimé Mme Bouchamaoui.

Mehdi Jomâa, chef du gouvernement, a formulé quant à lui une promesse. « C’est une promesse de sueurs et de larmes aux Tunisiens au cours des trois prochaines années. Une promesse qui donne le la aux Tunisiens en vue de se préparer pour la période à venir car elle ne sera pas de tout repos ». Mehdi Jomâa a, en outre signalé que le prochain gouvernement, les opérateurs économiques ainsi que les partenaires sociaux vont devoir faire des sacrifices. Mais encore, le prochain gouvernement devra poursuivre la batterie de réformes engagées par celui de Jomâa, des réformes qui s’énumèrent à plusieurs. Force est de constater le regret du chef du gouvernement quant aux Tunisiens faisant preuve de réticence face à certaines réformes, par surcroît lorsque celles-ci les touchent de manière directe. A cela, Mehdi Jomâa a lancé un appel à l’endroit de l’ensemble des Tunisiens de reprendre le travail car selon son point de vue, seuls le travail et la discipline seront à même de relancer la machine économique. Bien que son discours ait été ponctué de constats pessimistes, Mehdi Jomâa a conclu son intervention par une note optimiste, une note adressée à tous les Tunisiens : « investisseurs investissez, travailleurs travaillez ! »

Nadya B’CHIR
08/12/2014 | 09:23
5 min
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Commentaires (4) Commenter
Le noeud de la question c'est ...
Mohamed 2
| 08-12-2014 16:58
... d'abord la réforme du Code du Travail (plus de souplesse dans la rupture des CDI, etc.).
L'un des premiers grands chantiers du prochain gouvernement.
Pas la peine donc de tourner autour du pot et autant le dire clairement puisque c'est une réforme presque inévitable.

http://tn.webradar.me/portal/126399374
L'assouplissement du code du travail, au centre d'un débat entre l'UGTT et l'UTICA
Mentalité des années 60
MDO
| 08-12-2014 16:17
Comme d'habitude l'UGTT brille par sa mentalité traditionnelle qui prétend défendre les travailleurs mais qui arrive à un résultat à l'envers car ses méthodes remontent aux années 60 qui pensent que les relations à l'intérieur des entreprises ne peuvent être que revendicatives et conflictuelles. Le nouveau contexte exige de l'UGTT perçoit l'entreprise comme un tout dont le propriétaire est un partenaire et non un adversaire de même il faut trouver des mécanismes pour cesser les grèves, évaluer la productivité , encourager les travailleurs selon le mérite et enfin réviser certaines dispositions du code du travail et la fonction publique qui semblent des acquis mais qui sont en réalité une incitation à la paresse et à une productivité médiocre ces deux derniers maux sont les pires ennemis des travailleurs, des entreprises et du pays tout entier.
Allo ! Mr Bouzguenda !
Observateur
| 08-12-2014 10:30
On ne peut pas être heureux si on n'a pas d'esclave à ses pieds. C'est pour cela qu'il faut lier les salaires à la productivité. La flexibilité tant souhaitée à travers le nouveau modèle économique.
Ce qui est vraiment regrettable c'est que la centrale syndicale n'arrive pas à accompagner le mouvement. Elle est "vicieusement" du côté des chômeurs et des travailleurs qui croulent sous le joug de l'esclavagisme moderne, cherchant toujours à jeter l'opprobre sur les faiseurs de millions, les usuriers et autres rentiers.Ceux-là mêmes qui prétendent faire de la valeur ajoutée.
Alors que faire pour en sortir ?
Et si on commençait par distinguer entre ceux qui font de la VAj réelle de ceux qui se font biberonner par le modèle actuel.
Des réformes ?
Hommes d'affaires
| 08-12-2014 09:45
Bien sur qu'il faut en faire; pourvu que je ne sois pas concerné.