La société tunisienne d’électricité et du gaz a lancé une campagne dans laquelle elle met en exergue le montant de ses impayés. N’hésitant pas à envoyer des SMS non sollicités (ce qui est illégal) même à des non-abonnés, la STEG indique que le montant de ses impayés est de … 530 milliards ! Le montant exact est, en fait, de 530 millions et non milliards, mais la compagnie publique a le sens de l’exagération et préfère utiliser les millimes pour s’exprimer, plutôt que le dinar tunisien officiel.
Vérification faite auprès de sources bien informées, on apprend que l’essentiel de ce montant provient de l’Etat lui-même. 34% des impayés proviennent, en effet, d’entreprises publiques et de ministères à qui la STEG ne peut pas couper le courant. C’est le cas, par exemple, des écoles et des hôpitaux ou encore des postes de police. Mais ça, la STEG ne le crie pas sur tous les toits.
Les 66% restants des impayés proviennent du secteur de l’hôtellerie, d’usines énergivores et de clients résidentiels se trouvant dans des quartiers où l’on caillasse les voitures et où l’on agresse les agents venus couper l’électricité aux mauvais clients.
Dans ses dernières factures, et en prélude à une inévitable hausse des prix, la STEG indique le montant réel non compensé ainsi que le montant net à payer. Maintenant, elle passe à un autre stade dans lequel elle met en exergue le montant global de ses impayés. Des impayés qui seront payés par les usagers solvables, alors que les mauvais clients vont continuer à bénéficier de la « gratuité » de l’électricité, et à leur tête l’Etat, sans que la STEG ne le mentionne clairement dans ses campagnes.