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Les dernières performances de la Biat soulignent sa bonne trajectoire
30/04/2018 | 21:30
8 min
Les dernières performances de la Biat soulignent sa bonne trajectoire

 

Malgré une année assez difficile et un renforcement des ratios prudentiels exigés par la Banque centrale, la Banque internationale arabe de Tunisie (Biat) a terminé l’exercice 2017 avec un excellent résultat, le premier de la place. Ceci n’a pas épargné les dirigeants de la banque qui ont été très critiqués, le dividende n’étant pas au goût des actionnaires minoritaires qui espéraient avoir des actions gratuites via une augmentation de capital par incorporation des réserves.

 

C’est ce qui ressort de l’Assemblée générale, tenue ce lundi 30 avril 2018 à l’hôtel Sheraton à Tunis, sous la présidence de Ismaïl Mabrouk, président du Conseil d’administration, et de Mohamed Agrebi, son directeur général.

 

 

La Biat a clôturé l’année 2017 avec un résultat net en hausse de 12,56%, passant de 190,14 millions de dinars (MD) fin 2016 à 214,02 MD fin 2017, malgré une contribution conjoncturelle exceptionnelle de 10,38 MD et 72,67 MD d’impôt. Ainsi, les actionnaires auront droit cette année à un dividende de 4,25 dinars par action (42,5% du nominale des actions), mis en paiement à partir du 14 mai 2018. Le Produit net bancaire (PNB) a atteint 701,27 MD (+18,13%). Des résultats réalisés grâce notamment à la maîtrise des charges.

Les dépôts et avoirs de la clientèle ont augmenté de 16,6%, situés à 10.585,23 MD et des créances sur clientèle en hausse de 21,53%, atteignant les 9.860,3 MD. La banque a franchi un nouveau seuil en termes de dépôts et de crédits, et s’est accaparé de 16,8% de part de marché des dépôts et 13,1% de part de marché des crédits, a indiqué M. Agrebi. Le coefficient d’exploitation a atteint 47,4%, s’améliorant de 2,6 points.

 

 

Côté ratios de gestion et de rentabilité, la banque termine son exercice 2017 avec un PNB/total actif de 5,2%, un ROA de 1,6%, un TIER1 de 8,57%, un taux de créances douteuses et litigieuses de 5,3% et un taux de couverture des créances douteuses et litigieuses de 63,8%. Pour sa part, le ratio de liquidité s’est situé à 92% pour un ratio réglementaire de 80%.

«Ces résultats sont le fruit d’une vision stratégique, d’un investissement dans la durée, d'un système d’information performant et d'un capital humain de qualité», a expliqué le DG.

Le groupe Biat a terminé 2017 avec un résultat consolidé de 209,04 MD, en progression de 8,48%. Le PNB consolidé réalisé s’est accru de 19,11% passant de 661,91 MD à 788,42 MD.

 

 

Cette année, l’ambiance a été électrique à la Biat. Certes, les petits-porteurs sont satisfaits des performances de la banque, ce qui est tout à fait normal, la Biat étant la première de la place. Leur colère froide concerne autre chose : la distribution du profit. A leur goût, la banque n’a pas donné assez de dividende par rapport au nominal et aurait pu faire des efforts en augmentant le capital par incorporation des réserves et en distribuant des actions gratuites.

Ouvrant le débat, Khaled Ahres, a remercié la direction d’avoir pris l’habitude de les inviter pour des réunions au cours desquelles ils peuvent discuter de la situation de la banque et y présenter leurs doléances. Ceci dit, et vu que le bénéfice record de la banque, le premier de la place, il a demandé l’augmentation du dividende de 4,25 à 4,5 dinars. Il s’est interrogé s’il y aura une augmentation de capital, vu l’importance des réserves. Il a appelé à la révision du calendrier des AG pour qu’il n’y ait pas deux AG le même jour et à la même heure. Il s’est demandé si le représentant des petits-porteurs Taher Sioud les a défendus. Il a souligné que certaines banques de la place ont laissé les actionnaires minoritaires élire seuls leur représentant.

Mustapha Chouaïeb a fait remarquer que la banque dispose d’un actif de plus de 1 milliard de dinars et s’est demandé quelle a été sa rentabilité. Pour lui, il faut indexer le dividende sur les actifs de la banque et son nominal et non pas sur son capital. S’agissant de la diminution du taux de couverture des créances classées, il pense que soit les crédits n’ont pas été accordés avec suffisamment de garantie, soit le dossier de crédit n’a pas été bien évalué. Dans ce cadre, il a vivement critiqué la banque affirmant qu'elle ne prête qu’à une certaine catégorie de personnes ou à ses filiales.

Moncef Ouaghlani a, quant à lui, exprimé sa satisfaction face à la hausse des résultats et face aux changements d’attitude vis-à-vis des petits-porteurs. Ceci dit, il a appelé à libérer les capitaux, à avoir confiance dans la jeunesse tunisienne et à laisser les politiciens faire leur politique.

Nejib Hajjri a, pour sa part, estimé que le rendement du groupe n’est pas bon, ayant impacté négativement le résultat individuel.

 

Un actionnaire qui ne s’est pas présenté à demander quand la banque va aller à la conquête de l’Afrique subsaharienne. Omrane Ismail, actionnaire et employé à la retraite de la banque, a tenu à attirer la direction générale sur les problèmes des retraités de la banque qui ne trouvent aucun soutien de sa part, à travers le fonds social, évoquant dans ce cadre un cas particulier assez pénible. «Moi, je l’aime cette banque et si elle était une femme je l’aurai demandée en mariage et épousé !», a-t-il affirmé.

Un analyste s’est interrogé sur la subvention citée dans le rapport du commissaire aux comptes et destinée à la Biat France. Un autre a posé une question sur la baisse du taux de couverture. Un troisième s’est interrogé sur la digitalisation de la banque et si elle a l’ambition future d’accroitre son réseau physique pour favoriser le canal digital.

 

 

En réponse à ce flot de questions, Mohamed Agrebi a consenti que le taux de couverture a baissé passant de 66 à 63%. «Malgré ça, nous avons constitué toutes les provisions nécessaires. Ce taux dépend du risque et de la garantie». S’agissant de subvention d’exploitation accordée à la Biat France, il a précisé qu'elle concerne les années 2016 et 2017, mais l’information ne pouvant pas être communiquée lors de l’AGO de l’exercice 2016, n’ayant pas encore reçu l’aval de la BCT. Il a, ainsi, indiqué que la Biat France travaille exclusivement pour la Biat et qu’elle a effectué 7 millions d’euros de transfert de l’étranger en 2017. L’objectif de cette filiale, selon lui, est la collecte de devises : il s’agit d’un nouveau canal pour conquérir de nouveaux clients tunisiens résidents à l’étranger. Les 1,35 MD et 1,42 MD correspondent à la contrevaleur de 500.000 euros au titre de l’exercice 2016 et 470.000 euros au titre de l’exercice 2017, pour les charges d’exploitation de cette filiale qui travaille pour le compte de la Biat.

 

Pour sa part, Ismaïl Mabrouk a expliqué que la banque est celle qui distribue le plus de dividende en valeur absolue. « Avoir autant de réserves nous a permis de suivre un rythme de croissance accéléré et de pouvoir accorder ces crédits ».

Le président du conseil a précisé que le dividende représente 30% du bénéfice, soit plus de 70 MD en franchise d’impôt ce qui n’est pas négligeable. Il a estimé que les actionnaires ne doivent pas prendre en compte uniquement le dividende mais aussi la valeur de l’action qui a nettement augmenté passant de 88 dinars fin 2016 à 145 dinars actuellement, une plus-value assez importante et qu’il faut prendre en considération.

En ce qui concerne les critiques envers la gestion de la banque, il a souligné que le ratio PNB sur actif est de 5,2%, l’un des meilleurs en Tunisie et dans le monde. «Si vous pensez qu’on n’a pas bien fait notre travail comparé à d’autres banques, venez nous le dire !», a-t-il déclaré en réponse aux provocations de Mustapha Chouaïeb. Et d’ajouter : «On estime que la Biat a fait de bonnes performances et on espère que tous les Tunisiens feront aussi bien ! ».

Il n’a pas écarté la possibilité d’une augmentation de capital en numéraire ou en incorporation des réserves fin 2018 ou début de 2019, pour se mettre en conformité avec une circulaire de la BCT.

 

En réponse à d'autres questions, M. Mabrouk a précisé que la banque n’avait pas de plan pour aller vers l’Afrique. S’agissant de la digitalisation, la banque étudie le sujet et ira étape par étape, a-t-il souligné, les clients ne passeront pas directement d’un contact humain à un ordinateur ou un smartphone. Sinon, si une opportunité se présente pour ouvrir une nouvelle agence, la banque n’hésitera pas, a-t-il spécifié.

 

Tahar Sioud, interpelé lors de cette assemblée, a rappelé qu’il a été élu l’année dernière et qu’il n’est pas lié au groupe Mabrouk comme ont prétendu certains actionnaires. «Je suis présent à toutes les réunions du conseil. Je suis là pour défendre les justes causes et vous défendre. La réalité des choses c’est que le cours de la banque a augmenté. En outre, l’an dernier, le dividende était de 4 dinars bruts. Cette année, il est de 4,25 dinars net d’impôt. J’ai pris la parole pour vous apaiser et non pas pour continuer à vous représenter. J’espère que vous aurez quelqu’un de mieux que moi et qui va mieux vous représenter», a-t-il dit aux actionnaires minoritaires qui refusent sa nomination au conseil.

 

 

Première banque de la place, la Biat poursuit son chemin. Ses performances du premier trimestre 2018 soulignent sa bonne trajectoire. La banque ayant enregistré une hausse de son PNB de 18,1%, qui passe de 153,02 millions de dinars fin mars 2017 à 180,66 millions de dinars fin mars 2018. L’encours des dépôts de la clientèle a connu pour sa part une hausse de 18,1% passant de 8,72 milliards de dinars fin mars 2017 à 10,16 milliards de dinars fin mars 2018. L’encours net des crédits accordés à la clientèle a également connu une hausse de 18,7% passant de 7,72 milliards de dinars à 9,16 milliards de dinars pour cette même période. 2018 sera sûrement aussi un bon cru pour la Biat.

 

Imen NOUIRA

 

30/04/2018 | 21:30
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