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Kasserine, paroles paroles et encore des paroles !
01/09/2016 | 19:59
5 min
Kasserine, paroles paroles et encore des paroles !

Mercredi 31 août 2016 à Kasserine, une opération antiterroriste menée par l’Armée fait une victime de 16 ans parmi les citoyens et aboutit à la neutralisation de trois terroristes et à l’arrestation  de l’émir de l’organisation terroriste « Katibet Oqba Ibn Nafaâ » à Sbeïtla. Ce jour même un accident de la route, impliquant un camion poids lourd a lieu au marché hebdomadaire de la localité de Khmouda, et fait 16 morts et 85 blessés.

Le centre-ouest de la Tunisie et plus particulièrement Kasserine et Sidi Bouzid, est depuis la révolution, le théâtre de drames incessants, auxquels vient s’ajouter une marginalisation séculaire qui ne fait qu’envenimer la situation. Entourée de montagnes, la région constitue un abri tant recherché des groupes terroristes qui y trouvent refuge et terrorisent les habitants.

 

 

La relative quiétude des lieux est continuellement ponctuée de tragédies qui suscitent à chaque coup une vague de réactions solidaires à la région et souvent aussi hostiles au gouvernement. Les partis politiques et les organisations nationales ne cessent de présenter des condoléances et de s’exprimer sur la responsabilité de l’Etat face à ce qui arrive dans les régions intérieures, et ce, depuis des années et au fil des gouvernements qui se sont succédé depuis la révolution.

 

Suite aux évènements qui ont secoué Kasserine ces derniers jours, l’UGTT a appelé le gouvernement d’union nationale à assumer ses responsabilités, à déclarer Kasserine zone sinistrée et à prendre les mesures exceptionnelles nécessaires concernant l’aménagement des routes et la situation sécuritaire.

 

Le Front populaire a, pour sa part, rappelé avoir toujours mis en garde contre la marginalisation de ces régions et les dangers qui en découlent. La formation de gauche a également appelé le gouvernement à intervenir pour l’ouverture d’une instruction sur les raisons de l’accident qui a coûté la vie à 16 personnes et à prendre les mesures qui s’imposent pour que l’hôpital régional de Kasserine soit paré aux urgences dans une région régulièrement menacée par le terrorisme.

 

L’UPL a souligné, dans un communiqué, la nécessité d’unir les efforts pour soutenir l’armée nationale dans sa lutte contre le fléau du terrorisme appelant, par ailleurs, à renforcer l’aide et le soutien aux blessés de l’accident de Khmouda et aux familles des victimes.

Le bloc parlementaire d’Ennahdha a appelé à renforcer les institutions militaire et sécuritaire dans la région et à accélérer le vote sur les lois discutées lors du dernier conseil ministériel pour aller dans ce sens.

Il a également appelé à fournir à Kasserine, ses besoins en cadres médicaux et en équipements pour que la ville puisse affronter de telles urgences.

 

L’UTAP a estimé que les autorités concernées doivent mettre en place un plan de réaménagement des marchés dans les régions de l’intérieur du pays pour garantir la sécurité des citoyens.

L’UTICA a souligné, de son côté, la nécessité de s’unir aux forces sécuritaires et militaires dans la lutte contre le terrorisme et à consacrer la solidarité et l’entraide entre les citoyens pour faire face à ces tragédies.

 

Les mêmes propos ont été ceux des ministres de la Santé, de la Défense nationale et du Transport, qui se sont rendus hier à Kasserine au chevet d’une population sinistrée et excédée, qui ne cesse de réclamer des droits légitimes, en vain.

Au matin de ce jeudi 1er septembre, le chef du gouvernement s’est rendu à Kasserine, auprès des blessés et des forces armées, pour prendre connaissance des besoins et des mesures nécessaires à mettre en place afin de remédier aux carences multiples dont souffre la région. Il avait, par ailleurs, ordonné la veille, l’ouverture d’une enquête immédiate à ce sujet, afin de déterminer les péripéties de l’accident, et en délimiter les responsabilités.

 

Une énième catastrophe secoue Kasserine. Une énième tragédie face à laquelle les discours se suivent et se ressemblent sans que rien ne vienne les concrétiser. Un énième drame sans que des mesures claires, réalisables et concrètes ne viennent étayer des discours vides et abstraits sur la nécessité, ô combien claire, de soutenir avec tous les moyens nécessaires cette région marginalisée, rongée par la pauvreté et menacée plus que jamais par le terrorisme qui guette tous les jours sa population.

 

Des mesures urgentes et essentielles, que le président de SIGMA conseil Hassan Zargouni a résumé en dix points cruciaux et qui consistent à exiger la visite technique même aux véhicules étrangers, à renforcer l'inspection sur le contrôle technique et pénaliser fortement les fonctionnaires qui acceptent des billets pour faire passer des voitures impropres à la circulation, à sanctuariser les souks et les protéger des abords des routes, à interdire toute activité humaine a l'intérieur d'un périmètre de sécurité autour des poteaux de haute tension, à interdire purement et simplement la vente d'énergie sauvage sur les bords de la route, à interdire le passage des poids lourds et autres transporteurs lourds dans les bourgs lors des jours de marchés hebdomadaires ou de marchés saisonniers, à indemniser correctement les familles qui ont subi des pertes humaines et prendre en charge jusqu'à leur rétablissement les blessés, à diligenter une enquête judiciaire sérieuse afin de punir les responsables directs et indirects de ce drame.

Hassan Zargouni, qui a estimé que ces mesures devront être énoncées par le chef du gouvernement avant même qu’il ne quitte Kasserine, a souligné qu’il est urgent de prendre en charge le dossier de la sécurité routière, domaine dans lequel la Tunisie détient une macabre position, comme étant un sujet stratégique avec comme objectif moins de 1000 morts par an sur 3 ans. Enfin, il est question de la mise à niveau des hôpitaux régionaux de Kasserine, Kairouan et de Sidi Bouzid en termes d'équipements et de besoins en ressources humaines par dotation budgétaire exceptionnelle, ou alors par contribution exceptionnelle de la part des contrebandiers qui sévissent dans la région, en attendant de régulariser leurs dossiers.

 

Des mesures évidentes qu’aucun parti, qu’aucun responsable, qu’aucun ministre n’a inclus à ses condoléances et n’a estimé bon de promettre à une population qui n’a de cesse d’écouter des discours stériles, les mêmes, prononcés à chaque fois par un responsable différent. Combien faudra-t-il de drames pour qu’enfin soient mises en place ces mesures urgentes qui trainent depuis des années et qui, au final, ne servent qu’à alimenter les sermons populistes?

 

Myriam Ben Zineb

01/09/2016 | 19:59
5 min
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Commentaires (17)

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Abounawes
| 02-09-2016 20:26
Je vous lance un defie de trouver cinq ouvriers qui acceptent de travailler apres avoir fait le tour des cafes de la ville

HatemC
| 02-09-2016 18:34
Intégration de nos économies .. Algérie Tunisie ... Investissements massifs dans ces régions dites délaissées ... abolir les restrictions tarifaires et couper court aux BANDITISMES et autres CONTREBANDES ... créer des zones franches entre nos pays ... HC

Letranger
| 02-09-2016 18:07
"...la police doit être intégre et non laxiste comme actuellement..."
Il faut leur rendre cette justice que ce ne sont pas les seuls.
Thomas More a écrit "Utopie" (16° siècle)il parlait d'un monde paradisiaque, utopique,... tu parles comme lui...

G&G
| 02-09-2016 14:55
bonjour
Malheureusement tout investissement dans l'intérieur du pays au détriment du littoral est contre indiqué aussi bien par nos économistes que par le FMI pour absence de rentabilité immédiate alors la rentabilité future est assurée pour tous.
Nos experts n'ont pas de vision stratégique de long terme
Bien a vous.

hatman
| 02-09-2016 13:25
le contre exode est la seule solution , effectivement un mouvement démographique des côtes vers l'intérieur est doublement positif , un allègement des coûts d'investissement dans le littoral ,et un transfert rentable d'intérêt dans les régions défavorisées ( obligation d'instaurer des infrastructures importantes et diversifiées répondant aux attentes des populations nouvellement installées et concours des financements publics et privés )cela suppose bien entendu un code d'investissement qui accompagne exactement les vrais besoins de la période , une conquête de l'ouest à la tunisienne.

Bouglagem
| 02-09-2016 13:08
Voici le gros pb de nos soit disant
cadres régionaux
Aujourd'hui 02 Sept marché dit libyen
de Midoun comme si rien était
voitures ,camions ,scooters rodéo au milieu des citoyens venus avec leurs
enfants acheter les trousseaux pour leurs enfants à l'occasion de la rentrée scolaire ,il y a aussi des
touristes qui déambulent au milieu
de cette cacophonie .
Cette état de fait dure depuis trés longtemps et personne ne réagit au niveau des autorités locales sensés assurer la sécurité et la quiétude aux
Tunisiens et aussi aux hôtes de la Tunisie.C'est révoltant de voir le j'men foutisme avec lequel les doléances des citoyens sont ignorés

Citoyen de Tunisie
| 02-09-2016 11:49
Chercher la cause.
Ces étales à même les routes, ces souks qui s'imposent partout sur le territoire et ça s'empire depuis la "révolution".
Cette nonchalance des responsables municipaux.
Cette impunité instaurée depuis la troïka.
Ces contrôles techniques des véhicules qui se font sans contrôle sérieux.
Ces marchands ambulants qui se cachent derrière le mutisme gouvernementale et qui grignotent encore plus d'espaces.
C'est pas une catastrophe cet accident mais la conséquence directe d'une mauvaise gestion gouvernementale.
Y en aura encore tant que le silence et l'incompétence sont au pouvoir.
Désolé de choquer mais le pays est géré de telle sorte que le citoyen lambda n'a aucune valeur.

G&G
| 02-09-2016 10:52
Le problème des régions marginalisées est un problème structurel qui ne sera résolu que par des réformes structurelles.
J'ai passé une dizaine d'années dans ces régions que j'adore d'ailleurs et que je suis convaincu de leurs atouts non valorisés. Mais je suis convaincu et certain que leur développement est absolument conditionné par le frein de développement du littoral.
Ce qui est inadmissible par les habitants du nord et de l'Est
Autrement dit il faut arrêter carrément toute action de développement entamée par les secteurs publics et privé dans les régions développées.
Le développement ne peut en aucun cas marcher en parallèle dans deux zones pratiquement opposées.
Il faut transférer le centre de décision dans ces régions pour favoriser le contre exode. Il faut implanter dans ces régions les meilleurs établissements publics (santé éducation, universités, formation ....) de la Tunisie pour obliger les habitants du littoral de se déplacer vers ses régions.
Il faut que l' Etat joue son rôle social pleinement en interdisant le privé de toucher à l'enseignement ou à la santé.
Il faut suivre le modèle des pays scandinaves et laisser tomber les directives du FMI moyennant beaucoup de sacrifices.
La politique adoptée depuis un demi siècle n'est pas la bonne. Le saupoudrage des actions de développement n'a fait que renforcer les écarts entre les régions.
Pour faire sortir ces régions de leur marasme il faut mettre à leur disposition les meilleurs ensseignants , les meilleurs médecins les meilleurs ingénieurs et les meilleurs responsables régionaux...
Pour développer ces régions il faut interdire toute publicité provocatrice qui favorise l'exode vers la capitale . le meilleur produit et le meilleur service doivent être exclusivement disponible dans ces régions. C'est une approche pragmatique qui nécessite bien des sacrifices que malheureusement nos décideurs rejettent.

el manchou
| 02-09-2016 10:29
Il y a eu plusieurs marches de Kasseriniens pour aller en Algérie, il faudrait qu'on les y aide.
Personnellement je ne vois pas ce qu'on peut faire pour eux, ils n'ont aucun diplôme, aucune formation, faible niveau en Français ...

zohra
| 02-09-2016 10:12
"Rattachons-les à l'Algérie", vous exagérez, il faut assumer au lieu renvoyer vers les autres, c'est choquant.