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Kaïs Saïed continue à faire rêver les Tunisiens : un jour, il y aura une pluie d’argent
28/04/2023 | 10:57
7 min
Kaïs Saïed continue à faire rêver les Tunisiens : un jour, il y aura une pluie d’argent

 

Le mois d’avril touche à sa fin et la Tunisie n’a toujours pas reçu son crédit du FMI, indispensable pour boucler le budget et recourir à d’autres sources de financement. Ce n’est pas grave, rassure le président, on n’en a pas besoin, on va avoir de grosses recettes du phosphate.

Après les recettes du pétrole, les 13500 milliards de biens confisqués et de l’argent des spéculateurs, le président de la République raconte une nouvelle histoire à dormir debout. Les Tunisiens peuvent dormir sur leurs lauriers et continuer le rêve, plus dure sera la chute.

 

C’est récurrent depuis la révolution. Ça a commencé sous la troïka de Moncef Marzouki et ça se poursuit sous Kaïs Saïed avec, exactement, la même rengaine : des histoires farfelues sous-entendant que les Tunisiens n’ont pas besoin de travailler puisque le pays regorge de ressources.

Après 2011, l’histoire qui a occupé très longtemps le devant de la scène, c’est celle des biens spoliés par le clan Ben Ali. Dans un rapport truffé de contrevérités et d’approximations, Abdelfattah Amor a estimé cette « fortune » en plusieurs milliards de dinars. Partant de là, Marzouki and co répétaient midi et soir que l’on est en train de tout faire pour récupérer cet argent spolié que les étrangers refusent de remettre. Les quelques médias qui ont relevé la supercherie et la complexité des dossiers ont eu droit aux injures et aux procès de la part du régime et du petit peuple qui a commencé à rêver.

 

Le temps est passé et très peu d’argent a été récupéré. L’État a vendu quelques biens confisqués et a laissé péricliter des dizaines d’entreprises appartenant à la famille Ben Ali. Les recettes obtenues de la vente ont été versées dans le budget pour payer les salaires des milliers de nouvelles recrues parmi les victimes réelles et imaginaires de l’ancien régime.

Aussitôt le filon épuisé, il fallait trouver une autre histoire pour faire patienter le peuple. Moncef Marzouki s’est attelé à la tâche et est parti à Gafsa pour parler de phosphate. À l’époque, les recettes étaient en chute libre à cause de grèves à répétition menées par les originaires de la région qui demandaient des dividendes sur leurs richesses naturelles. « Je vais œuvrer à ce que la région de Gafsa bénéficie de 20% au moins des recettes du phosphate », a promis, vendredi 22 juin 2012, le président provisoire de la République Moncef Marzouki aux habitants des délégations d’El Guetar et Belkhir du gouvernorat de Gafsa.

Le filon phosphatier n’a pas marché longtemps, les recettes étaient toujours en baisse poussant le gouvernement à aller voir le FMI.

Il fallait trouver une autre histoire pour endormir les Tunisiens. C’est tout trouvé, on leur a raconté que la Tunisie nageait sur une marée de pétrole, lequel est spolié par les méchantes multinationales étrangères. Il n’y pas que le pétrole, il y a également le sel qui serait spolié par les Français. À entendre certains politiciens de l’époque, le sel serait côté en bourse au même prix que l’or.

Ces histoires n’ont, bien entendu, aucun impact sur le réel puisqu’elles sont totalement fantasmagoriques. Dans la vie réelle, les gouvernements succédant à la troïka n’ont eu d’autre choix que d’aller voir le FMI et quelques autres partenaires et organismes étrangers pour mendier des prêts.

 

Avec l’arrivée de Kaïs Saïed, les histoires à dormir debout ont, de nouveau, refait surface. Pire, contrairement à Moncef Marzouki et Rached Ghannouchi, l’actuel président semble sincère et il croit, lui-même, aux histoires farfelues et les plus invraisemblables.

Mais comme il ne peut créer de nouvelles histoires, il a sorti les vieilles et les a remises à l’ordre du jour.

Ainsi, l’histoire des milliards évoqués par Abdelfattah Amor. Il parle de milliards de milliards d’argent dérobé et s’aventure même à avancer le chiffre de 13500 milliards dérobés par 460 hypothétiques hommes d’affaires.

Kaïs Saïed a nommé une commission spéciale pour ramener cet argent et, sans surprise, celle-ci s’est retrouvée confrontée à la dure réalité. Il lui était impossible de récupérer un argent qui n’a jamais existé que dans l’imaginaire des farfelus de tous bords. Le chef de l’État, désemparé, a rejeté la faute sur le président et sa soi-disant bureaucratie et l’a limogé un an jour pour jour après l’annonce de la création de la commission.

Après cette belle histoire d’argent spolié, Kaïs Saïed a beaucoup axé sa stratégie politique sur les spéculateurs et corrompus, exactement comme son prédécesseur Moncef Marzouki. Il en parlait à chaque réunion ou presque. Pour ce qui est des spéculateurs, il a pondu un décret punissant, jusqu’à la perpétuité, les coupables de l’appauvrissement du peuple. Concrètement, sur terrain, cela n’a rien donné. Même que ça a empiré avec une inflation devenue à deux chiffres. Pour ce qui est des corrompus, il a pondu un décret pour que les plus gros corrompus investissent dans les régions les plus défavorisées et les moins corrompus dans les régions les moins défavorisées. Près de deux ans après le putsch, il n’y a aucun dinar investi dans aucune région. Que de la parlote pour enfumer les gogos.

Continuant sur la même lancée de son prédécesseur Marzouki, Kaïs Saïed a abordé lui aussi le sujet du pétrole, question de faire encore rêver les Tunisiens avec une nouvelle histoire. Il a cependant failli provoquer une crise diplomatique avec la Libye en évoquant l’histoire d’un puits en mer jadis disputé. Le sujet a été clôt rapidement puisque la justice internationale a tranché en faveur des Libyens depuis les années 80 et qu’il n’y avait même pas lieu de l’évoquer.

 

Ne pouvant plus tirer la corde du pétrole, vu que tout le monde sait désormais que le sel ne rapporte rien et ne voyant pas venir l’argent soi-disant spolié, le président de la République a remis sur le tapis l’histoire du phosphate.

Il a convoqué, cette semaine, un conseil de sécurité nationale pour traiter du sujet, mais sans aboutir à une quelconque décision. Il n’y avait que des constatations et « il faudrait que », « il faudrait que ».

Il a dit que la Tunisie pouvait extraire dix millions de tonnes de phosphate par an (sans dire comment), soit son niveau de production d’avant la révolution.

Pour bien préparer son histoire de phosphate, Kaïs Saïed a déblayé le terrain en évoquant, le 14 avril, le projet d’un pipeline reliant Gabès à Gafsa (155 km) pour transporter l’eau de mer qu’on dessalera et qui servira, entre autres, à laver le phosphate.

C’est suffisant pour que ses aficionados parlent ces derniers jours de phosphate sur les réseaux sociaux et d’une pluie d’argent à venir.

Ce que le président n’a pas dit, et peut-être ne sait pas, c’est que même si l’on produit dix millions de tonnes de phosphate, la Tunisie ne sortirait pas de sa crise immédiate, celle de boucler le budget.

 

La seule et unique solution pour que le gouvernement voie l’issue du tunnel et résolve son épineux problème de budget, c’est de mettre en exécution son propre plan de réformes qu’il a soumis au FMI. Un plan que le président refuse.

La seule et unique solution pour que la Tunisie sorte de sa crise économique, c’est d’accroître la productivité, et ce en encourageant l’investissement, l’emploi, les entreprises et la création de richesses. Pour le moment, le monde des affaires est diabolisé et on ne compte plus les chefs d’entreprise en prison poursuivis pour d’hypothétiques affaires de corruption, de blanchiment d’argent et d’enrichissement illicite.

Sous la bannière de la lutte contre la corruption, la même que celle brandie par la troïka, le régime de Kaïs Saïed a jeté un froid sur le monde des affaires empêchant ainsi la roue économique de tourner normalement.

Sous la bannière de refus des diktats étrangers, Kaïs Saïed empêche toute réforme structurelle du système économique.

Le mois d’avril touche à sa fin, et en dépit de la menace d’une faillite économique, contre laquelle préviennent les économistes tunisiens et plusieurs pays amis de la Tunisie, Kaïs Saïed n’oppose que de la parlote et des histoires à dormir debout.

Des histoires qui plaisent au « peuple », le même qui buvait les paroles de la troïka et attaquait toutes les voix dissonantes.

 

Raouf Ben Hédi

28/04/2023 | 10:57
7 min
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Commentaires
Faycal M.
Foutaise
a posté le 01-05-2023 à 21:45
Quand il sera à bout il va accuser Israel et il va mettre un drapeau palestinien et après il aura la paix au moins 3 mois
Hamza Nouira
Et bien....
a posté le 01-05-2023 à 12:41
Lol. Ah les Tunisiens. Il y a longtemps que j'ai décroché quant à leur habilité à percevoir ceux qui sont capables de les faire avancer et ceux qui vont les faire tomber au fond du puit sans possibilité de sortie.

Il raconte tellement de chose ce Monsieur .... Et il est tellement persuadé que ses théories ont du sens, que les gens le suivent tel des moutons de Panurge. Souvent par méconnaissance de la société qui les entourent.

Un proverbe kabyle dit : La vérité parle peu, le mensonge parle beaucoup.

Tout est dit.
EL OUAFFY Y
RAISONNEZ UN PEU SVP
a posté le 01-05-2023 à 11:16
Le clan de Ben Ali n'a rien spolier ce n'est rien de la propagande émanent des medias interieur et exterieur dans le but de détourné l'opinion publique du motif de son enlevement du pour si ce n'est pas de garantir le succes de demolition d'un système voisin ( Kadafoujuom ) et meme Ben Ali n'a pas insister de rester en pouvoir selon ces proches il avait préférer de quitte le pouvoir pacifiquement que d'etre l'origine des rivieres de sang selon lui il a accepte d'assumer le pour améliorer la situation de vie des Tunisien et non pas de liquidité physiquement leur freres ,ces proches de relation tribale et Le General Ali Seriaty est au courant de toutes les detailles et meme Rachid Amar qui ete daccord avec la decision de Ben Ali de résister du pouvoir pour échapper aux scandales Le General Rachid Amar un homme serieux appartient a une familles qui donne l l'importance a la religieux la preuve il croit ( EL AWLYA ALLAH SALIHINE ) dans un Interview télévisé dans sa reponse que la Tunisie sera protegee par EL AWLIYA ALLAH SALIHINE sa prouve que ce dernier appartient a une famille qui donne l'importance a la religieux islamique. soit qu'il soit la situation dans les secteurs durant Ben Ali etait acceptable par rapport aux ressources de L'etat ladite Dictature de ce derniere c'était une valeur a ajoute faut que demander a notre Dieux de nous excuser d,'avoir trahi humilier cet homme qui ete l'origine a notre développement il avait nous éduqué nous etions les mieux apprécier moralement par les pays pesants .
Juan
dictature directe
a posté le 30-04-2023 à 15:35
Suisse, démocratie directe, la présidente Simonetta Sommaruga s'arrêté pour prendre deux auto-stoppeuses ...
TN, dictature directe, le despote se déplace entouré de 7 gorilles surarmées, tellement il a peur ...
takilas
Quoiqu'il en soit
a posté le 30-04-2023 à 10:49
Il est impossible d'égaler les moqueries, les arnaques et les escroqueries de nahdha qui étaient à l'origine de la dégradation économique de la Tunisie pendant dix ans.

âabthou kima habbou hal kallaba wa mazzalou nawin âal ....
GZ
Idée fixe
a posté le 29-04-2023 à 02:19
Modeste contribution de quelqu'un qui ne se prétend pas littéraire, quelle honte, comme beaucoup sans droit au chapitre, par manque de science, chez certains infuse.
"Armories", double occurrence, nonobstant quelques recherches, n'est reconnue par aucun lexique.
Je ne suis pas suffisamment littéraire. J'en bats ma coulpe. Ce qui, aux yeux de certains devrait sauver mon âme.
Hallelujah.
Plutôt "mauvaise augure" dirait encore quelqu'un.
Gacem
Que nenni
a posté le 28-04-2023 à 20:00
Que nenni.!!!
.Kais Saied qui demande le droit d'inventaire au nom du peuple spolié durant une décennie ne joue pas du pipeau ni ne fait rêver ..
takilas
Mais c'est des propos déjà entendus par nahdha
a posté le 28-04-2023 à 17:37
Est-ce-que cela va être pareil ?
Ou bien ces propos ne sont que des circonstances atténuantes pour nahdha la masacreurs de l'économie tunisienne pendant dix ans et que les séquelles perdurent jusqu'à ce jour.
Abidi
Histoire
a posté le 28-04-2023 à 17:24
Au moins lui il travaille et il est optimiste, mais il aurait dû nous parler d'une pluie de pierres qui tomberait sur les oiseaux de mauvaise augure qui ne cessent de mettre les bâtons dans les roues de tout le monde et qui ne rêvent que de la destruction du pays
Juan
pluie d'or et d'argent
a posté le 28-04-2023 à 15:50
il y avait des mines d'or et d'argent. les colons ont tout pris.
ne reste plus que les phosphates qu'ils n'ont pas pu tout prendre.
takilas
Dites plutôt " la secte" nahdha
a posté le à 17:53
Qui a ruiné la Tunisie en dix ans, pour que ses "adeptes " deviennent des milliardaires en quelques jours avec l'argent censé revenir au peuple tunisien.
Une arnaque jamais connue dans aucun autre pays.
Juan
encore un adepte de la zammourie
a posté le à 11:56
ton disc rayé islamophobe zammourisée est trop abimé.
change de disc
Tunisino
Le problème est les armories de la Tunisie!
a posté le 28-04-2023 à 13:22
Liberté, Ordre, Justice, ne signifient rien sans prospérité, qui demande de la compétence, de la sagesse, et de la vision (Intelligence scientifique, Formation technique, et Expérience valorisante). Il faut commencer par valoriser le progrès en l'ajoutant aux armories, ainsi les dirigeants du pays seront dans l'obligation de sortir de la philosophie (qui est insignifiante aujourd'hui devant les sciences appliquées et les technologies, où tout se fait suivant des méthodes confirmées) pour confronter les défis quotidiens des tunisiens, du présent et du futur.
FALLAG
Proposition: Réduire de moitié le salaire de tous les littéraires dans la fonction publique!
a posté le à 15:24
Les problèmes du pays depuis 1956 sont d´ordre économique et encore économiques. Mais les Litteraires ne savent même pas jouer au Rami ou Chkobba: normalement il faut les chasser là où pousse le poivre ou les laisser s'amuser avec les Hafterich des cafés pour mieux masturber longuement de Abou Houreira 9aal, les Sakhafouna et la vache malade de Bagdad..
Tunisino
@FALLAG
a posté le à 17:15
Les littéraires sont aussi importants, mais sans quitter leurs spécialités. Dans le futur, les littéraires doivent avoir les mathématiques et la gestion dans leurs cursus scolaires, pour les aider à mieux se maitriser. Pour les salaires, l'injustice est énorme, par exemple un enseignant de mathématiques, de techniques, ou de gestion, touche le même salaire qu'un enseignant de sport, langue, histoire, éducation, musique, ou géographie, cela est tout à fait normal dans un pays culturel!
Juan
Fellag polytechnicien
a posté le à 15:48
tu t'acharnes sur les littéraires.
trouve moi un seul polytechnicien qui soit utile.
Ali
@Juan le rigolo
a posté le à 18:34
Bernard Arnault , l'homme le plus riche du Monde est polytechnicien.
Mourad g.
Oui, les littéraires ne feront rien
a posté le à 17:26
Les polytechniciens sont utiles, pour autant qu'on leur fournisse les moyens. N'ayez crainte, après 2011 ils sont tous restes en Europe la ou ils trouvent leurs comptes, sont bien payes et surtout non humiliés. Saied est un littéraire, n'attendez rien de lui. Pire, un si de moineau et arabisant jusqu'à la moelle. Quand à son état de santé psy, n'en parlons pas. Continuez de rêver...!
fred
On restera encore à l'auberge ...
a posté le 28-04-2023 à 12:08
Drôle d'analyse où les coupables sont exclusivement Marzouki et Ghannouchi...et pas un mot sur les syndicats et autres partis et acteurs politiques depuis 2011. Quant au président actuel, il ne se rendra à l'évidence qu'une fois le tour des solutions populistes fait. D'ici là les solutions possibles auront franchi le domaine du réalisable...
Houcine
Modeste contribution
a posté le à 21:28
Dieu merci, voilà quelqu'un qui est doté de bon sens! Tous les autres commentaires sont faits de tissus d'insultes et de mensonges et ce n'est pas de cette façon qu'on cherche à sauver son pays.
Tunisino
Il faut le comprendre
a posté le 28-04-2023 à 12:06
Il faut comprendre que les recommandations du FMI vont conduire à un soulèvement, ainsi Saied est réticent. La situation actuelle est le résultat d'un mélange d'incompétence, d'égoïsme, et d'irresponsabilité, et d'aveuglement des politiciens littéraires et des syndicalistes illettrés, depuis 2011. La Tunisie a besoin plus que jamais, d'être gérée scientifiquement, les approches littéraires et illettrés ne sont que chaotiques.
Abir
Wallahi , on préfère 7kaet Abdellaziz Aroui
a posté le 28-04-2023 à 11:34
Au moins dans 7kaet Abdellaziz Aroui , on apprend :comment se méfier de l'autrui, comment n'est pas être naïf, comment le rusé finit dans son propre piège mais avec ks, il faut mieux ne pas l'écouter, si comme quelqu'un, qui rêvait la nuit et voyait la paradis , le matin: il se console par raconter son rêve à son entourage pour leur faire vivre! Un haut responsable qui a tout le pouvoir, mais zéro économie zéro projet social zéro conseillers bima yanfa3ou le pays et les Tunisiens sauf qui serve à sa personne et envie