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Covid-19 : les secteurs et les régions tunisiennes les plus impactés
19/07/2020 | 16:59
7 min
Covid-19 : les secteurs et les régions tunisiennes les plus impactés

 

Aucune économie dans le monde n’échappera aux séquelles du Covid-19. La pandémie a plus ou moins impacté les entreprises selon l’activité ou la région. Mesurer les répercussions pour mieux diriger les aides et le financement, devient primordial surtout pour la Tunisie où les ressources sont limitées. C’est dans ce cadre, que l’APTBEF et Tunisia Jobs ont lancé conjointement une étude pour évaluer l’ampleur de la crise sur les entreprises tunisiennes et leurs besoins en financement.

 

Ainsi et pour mesurer l’impact de la crise sur les entreprises par secteur d’activité, par région et par taille d’entreprise ainsi que pour avoir des data insights et des indicateurs clés pour permettre aux banques et institutions financières d’optimiser le financement des entreprises en phase de crise et post crise, l'Association professionnelle tunisienne des banques et des établissements financiers (APTBEF) et Tunisia Jobs ont élaboré conjointement un questionnaire modèle durant le mois d’avril, et l’ont lancé entre mi-mai et fin juin auprès des PME clientes des banques et établissements financiers, et ceci via sites web, réseau d’agences, emailing, sms, … .

3.000 entreprises ont répondu mais une première qualification des données reçues l’échantillon final comporte 2.451 participants qui ont répondu à environ 55 questions.

Les instigateurs espèrent, à travers les résultats, apporter des réponses plus efficaces aux besoins de financement des entreprises tunisiennes en optimisant l’allocation des ressources et du capital des banques et institutions financières. En outre, ils souhaitent identifier des secteurs d’activité, des régions ou un mix des deux qui sont les plus touchés par la crise afin d’y consacrer les mesures adéquates.

On notera que l’échantillon retenu est représentatif des secteurs économiques en termes de taille des entreprises et des régions.

 

 

Vu l’importance de l’évènement, l’annonce résultats, le jeudi 9 juillet 2020 à l’hôtel Concorde Les Berges du Lac, a été marquée notamment par la présence du le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie Marouane Abassi, le directeur de la mission USAID Tunisia Peter Riley, du président de l’APTBEF Habib Bel Haj Gouider ainsi que plusieurs hauts responsables d’établissements financiers banques et sociétés de leasing.

 

Premier résultat, les baisses du chiffre d’affaires (CA) supérieures à 50% ont touché les secteurs : du BTP et immobilier (54%), du commerce et distribution (46%), de l’industrie manufacturière (40%), de l’agro-alimentaire (41%) et de l’agriculture (28%). Celles de moins de 10% sont survenues dans l’agriculture (21%), des études et conseil (16%) et de l’ICT (9%).

Sur la base des nouvelles commandes attendues par les entreprises, la capacité de reprise des secteurs de l’ICT et de l’agroalimentaire est plus importante que d’autres secteurs tels que le BTP et l’agriculture. 46% des entreprises ont une capacité d’autofinancement entre 1 mois et 2 mois. Cette capacité atteint 55% dans le secteur agroalimentaire.

Les besoins de financements divers selon les secteurs d’activités.

 

 

S’agissant de la perception de l’efficacité des mesures sociales, il en ressort qu’environ la moitié des entreprises sont concernées par le plan de prise en charge des salaires. 79% des entreprises trouvent le report des contributions CNSS de 3 mois efficace alors que les secteurs de la communication, les services financiers et le tourisme montrent une plus grande proportion de ‘Non- efficacité’ de cette mesure que les autres secteurs.

En ce qui concerne la perception de l’efficacité des lignes dédiées aux PME, plus de 85% des entreprises trouvent la ligne de crédit de soutien de 300 millions de dinars efficace alors que les secteurs de l’agriculture, la communication, l’ICT et le tourisme montrent une plus grande proportion de ‘Non-efficacité’ de cette mesure que les autres secteurs. En outre, plus de 90% des entreprises trouvent le fonds de garantie de 500 millions de dinars pour soutenir les entreprises, efficace : la plus grande proportion se trouve dans les secteurs de l’Agroalimentaire, l’industrie manufacturière et le BTP.

Sur le volet de l’efficacité de la décision de report des crédits bancaires et des institutions financières, plus de 87% des entreprises trouvent la décision de report de 6 mois des crédits bancaires efficace. Seules les entreprises du tourisme trouvent cette mesure non-efficace.

 

Autre révélation d’importance, environ 11% des entreprises sont fortement dépendantes de l’activité Export. Plus que la moitié des entreprises ont une activité qui dépend fortement des produits importés, ce qui peut être bloquant voire très bloquant.

 

 

S’agissant de reprise d’activités, 52% des entreprises ont repris en juin : moins de la moitié retrouveront leur cycle normal d’exploitation avant fin août. 73% des entreprises reprendront leur activité avant fin juillet, confirmant l’optimisme des répondants, dont 42% auront retrouvé leur cycle complet d’exploitation avant fin septembre. 11% des entreprises ne reprendront leur activité qu’à partir d’octobre 2020 avec un retour à la normale du cycle d’exploitation attendu à partir de janvier 2021.

Il en ressort ainsi que quelle que soit la date de reprise d’activité, 65% des entreprises ont besoin d’au moins 3 mois d’activité pour un retour à la normale de leur cycle d’exploitation. En outre, aussi bien la reprise que le retour à la normale sont conditionnés par la capacité d’autofinancement, la liquidité de l’entreprise, les nouvelles commandes et le besoin de financement.

 

Le décryptage par secteur d’activités révèle les résultats suivant :

  • 60% des entreprises manufacturières ont une baisse du CA inférieure à 50%. 47% ont une capacité d’autofinancement supérieure à 1 mois. Plus de 65% ont un niveau de nouvelles commandes supérieur à 50%.
  • 55% des entreprises dans le commerce et la distribution ont une baisse du CA inférieure à 50%. 50% ont une capacité d’autofinancement supérieure à 1 mois. Plus de 62% ont un niveau de nouvelles commandes supérieur à 50%.
  • Le secteur ICT a un niveau de liquidité supérieur à celui de l’industrie manufacturière et l’agroalimentaire
  • Le secteur du commerce et distribution a une meilleure liquidité que l’industrie agroalimentaire et l’industrie manufacturière.

 

Autre résultat important, environ 75% des entreprises sont optimistes par rapport à l’avenir et environ 75% des entreprises disent être parmi les plus compétitives, voire sans concurrents.

La majorité disent avoir des capacités managériales et une image de marque acceptables voire exceptionnelles.

S’agissant de la rupture de la chaine d’approvisionnement, environ 75% des entreprises estiment le risque faible ou modéré alors que 10% des interrogés considèrent le risque élevé mais pouvant être contourné pour certaines.

En notera que la majorité des entreprises répondantes ont un plan de continuité de l’activité dont la moitié est efficace ou moyennement efficace. Presque 50% des entreprises n’en ont pas ou bien leurs plans sont peu efficaces ou non déployés.

 

Selon les résultats, le Grand Tunis s’en sort mieux que les autres régions face à la crise. Le secteur touristique est parmi les plus touchés. L’Agriculture, l’Agroalimentaire et l’ICT tirent leur épingle du jeu suite à la crise alors que le commerce et la distribution ainsi que l’industrie manufacturière perdent des points.

En ce qui concerne l’impact sur les emplois, le modèle établi prédit que les zones les plus impactées seront Zaghouan, Mahdia et Kébili. En outre, les régions de Sousse, Nabeul et Monastir seront beaucoup plus impactées que Sfax et le Grand Tunis.

Il en ressort donc, que plus l’agglomération est grande plus sa capacité de résilience est importante.

 

 

A l’issue de la présentation des résultats, Marouane Abassi a estimé que la Tunisie ne pourra sortir indemne de cette crise qu’en intégrant la Libye et l’Algérie. Le président du directoire de l’Amen Bank Ahmed El Karm pense, quant à lui, que la Tunisie devrait mettre en place une stratégie pour profiter de la vague de relocalisation qui s’opère à travers le monde suite à la crise Covid-19. Et de noter que la position stratégique du pays, aux portes de l’Europe, devrait lui permettre de capter de nouveaux investissements dans ce cadre. En réponse à cette interpellation, l’expert banque Tunisia Jobs, Amine Rachid, qui a présenté les résultats aux côtés d'Ines Allouche cheffe d’équipe de Tunisia Jobs, a indiqué qu’il fallait favoriser les entreprises à haute valeur ajoutée.

 

La pandémie du Covid-19 laissera des séquelles sur l’économie tunisienne. Minimiser cet impact sera primordial pour le pays, d’où la nécessité de déterminer les domaines d’interventions ainsi que les régions. De telles études permettent donc la mise en place de stratégies, notamment en ce qui concerne l’allocation des financements pour le sauvetage de certains secteurs locomotives.

 

Imen Nouira

19/07/2020 | 16:59
7 min
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Commentaires
ourwa
@ Warda| 20-07-2020 03:33
a posté le 20-07-2020 à 10:13
Comme d'autres, j'ai posé la même question que vous, notamment à propos du compte 1818 qui a engrangé 200 millions de dinars. Aucune réponse ne fut fourni par l'Etat... Il y a un peu plus d'un mois, le ministre islamo-fasciste de la santé, Mekki, a déclaré que ces dons allaient être consacrés à "équiper" les hôpitaux publics et booster la croissance... On n'a rien vu venir; ce n'est pas étonnant, depuis 2011, nahdha a vidé les caisses de l'Etat, s'est démenée pour faire " indemniser" les victimes de la révolution et de l'ancien régime , surtout ses sbires, dont beaucoup, condamnés pour terrorisme, furent "graciés" par l'excellent Marzouki... Et non contente de ça, nahdha a inondé les services publics, ministères, mairies, perceptions etc pour gonfler un peu plus des personnels déjà pléthoriques... En ce qui concerne les prêts de la banque mondiale, du FMI et autres banques étrangères, les sommes consenties, se chiffrant en milliards de dollars, n'ont nullement été versées, mais quelques millions seulement, or les projets d'investissement et de développement précis de l'Etat censés bénéficier de ces prêts sont restés de simples projets. Résultat : plus aucun versement, les robinets des banques prêteuses sont fermés. ça ira beaucoup mieux quand le pays sera doté d'un Etat digne de ce nom, responsable et sérieux. Actuellement, ce n'est pas le cas...
Warda
Un audit financier des caisses de l'état s'im
a posté le 20-07-2020 à 03:33
A quand un véritable audit financier de toutes les sommes reçues qui se chiffrent en milliards !
Le 1818 : pareil
Nous aimerions savoir où passe cet argent, qu'on nous montre des faits accomplis avec ces milliards d'aide que la Tunisie vient de recevoir