
Une pénurie de médicaments vitaux, une réserve de produits pharmaceutiques ne dépassant pas quelques mois, un endettement de la Pharmacie centrale auprès des différents prestataires de services de santé atteignant 500MD et une crise secouant le secteur pharmaceutique… Ce sont quelques problèmes dont souffre le domaine de distribution et de fabrication des médicaments. Comme si cela ne suffisait pas, s’ajoute au chaos total, un conflit au sein du syndicat des propriétaires des pharmacies privées, qui s’opposent à la révision de deux projets de loi régulant le secteur, et qui a semé la division parmi les rangs des professionnels du secteur.
Il s’agit d’un différend à propos des réglementations et des modifications apportées aux lois régissant le secteur. Au cœur du débat, les deux projets de loi visant à réviser le décret n°92-1206 du 22 juin 1992 relatif à l’organisation de l’exploitation des officines de détail (obtention de la licence d’exploitation, de la superficie des locaux, des équipements techniques et des conditions d’exercice) ainsi que l’arrêté du 26 aout 1993 fixant les conditions d’établissement des listes d’attente pour la création des officines de détail. Deux projets de loi dont les répercussions ont été jugées catastrophiques par le syndicat des pharmaciens d’officine de Tunisie (Spot). Certains affiliés du Spot affirment que des parties essaient de les passer unilatéralement sans concertation avec le syndicat.
En ce qui concerne les officinaux, une liste d’attente définissant les conditions d’inscription des pharmaciens sur cette liste a été mise en place et cela vu le nombre de demandes d’installation dans les villes déjà saturées. Le ministère de la Santé a, de ce fait, annoncé que la création des pharmacies de vente en détail, sur la base des communes, s’effectue conformément à certaines mesures dont la priorité sur la liste d’attente pour les nouvelles communes ou les délégations qui ne disposent pas de pharmacies.
Cette liste d’attente sera respectée lors de l’implantation des pharmacies de jour dans de nouvelles communes relevant d’une délégation qui n’en dispose pas. Le ministère exclut de cette mesure les pharmacies de nuit dans les nouvelles communes qui ne relèvent pas d’anciennes municipalités. Les demandes des pharmaciens d’ouvrir des officines répondront aux critères du parachèvement des dossiers ainsi que la date d’envoi des demandes.
Ces procédures ont généré le mécontentement de la partie syndicale exprimant son rejet du traitement discriminatoire des officinaux. Une discrimination dans le sens où le département de la Santé les avait privés, de façon systématique, du droit d’inscription sur les listes d’attente. Les officinaux ont insisté sur leur droit de s’inscrire, tout comme les pharmaciens des autres catégories, sur une liste d’attente d’une autre localité plus prometteuse d’autant plus que leurs conditions de travail sont difficiles.
Dans un communiqué rendu public, les adhérents du Spot ont déclaré qu’ils « pensent que la solution consistant à éliminer de la liste tous les pharmaciens d’une catégorie donnée, sans discernement, est injuste et hasardeuse. En effet, il existe dans chaque catégorie de notre profession des confrères qui méritent de figurer sur la liste pour des raisons légitimes ».
Indigné, le Spot a continué sa lutte contre ces mesures et à défendre les droits de ses membres. Suite à l’Assemblée générale extraordinaire à laquelle le Spot a convoqué ses affiliés le 24 avril 2018, le syndicat a considéré que la promulgation de ces projets de loi avait pour seul et unique objectif de servir les intérêts personnels d’un groupe qui n’a aucune représentativité ou légitimité au détriment des pharmacies privées. Le Spot s’est, donc, retiré de l’Assemblée constituée des diverses parties concernées actives dans le secteur pharmaceutique notamment le Conseil national d’ordre des pharmaciens (Cnop). Il s’est, par la suite, engagé à réviser et à développer le secteur en amendant les lois obsolètes et les remplaçant, ensuite, par d’autres réglementations qui répondent aux critères de la pharmacie moderne.
Devant l’inertie des autorités de tutelle, les mouvements de contestation ont suivi, et le syndicat a, cette fois-ci, convoqué ses membres à une autre Assemblée générale extraordinaire le 26 juin 2018. Lors de cette Assemblée, le Spot a réitéré son rejet catégorique de ces deux projets indiquant que le ministère de la Santé les a élaborés d’une manière unilatérale et non étudiée sans consultation avec les professionnels du secteur. Il a, ainsi, demandé son retrait.
Les syndicalistes ont également exprimé leur refus de toute politique d’exclusion contre le syndicat et les tentatives de marginalisation dont il est victime. Ils ont exigé sa participation à la révision de tous les textes de loi régissant la profession. Il a aussi souligné la nécessité de traiter tous les problèmes de la profession en apportant une solution globale et en adoptant une démarche de simultanéité pour la résolution des dossiers.
Les syndicalistes ont, par ailleurs, exprimé leur disposition à accepter le principe de révision de toutes les lois qui régissent la profession y compris le décret sur des bases objectives et transparentes et sans porter atteinte à la viabilité des officines existantes.
Afin de défendre leurs droits et leur profession contre les dangers de la précarisation, les affiliés du syndicat des pharmaciens d’officine de Tunisie ont, à l’issue de la clôture des travaux de cette Assemblée, décidé de mandater le bureau national du Spot d’entrer en négociations avec le ministère de la Santé afin de parvenir à des solutions aux problèmes de la profession.
Un sit-in sera également observé devant le siège de la présidence du gouvernement ainsi qu’une grève avec fermeture des pharmacies tout en mandatant le bureau national du Spot pour choisir la date et la durée de cette grève. Le bureau sera aussi appelé à envisager d’autres moyens d’action afin de préserver la profession des pharmaciens privés.
La position du Spot n’a cependant pas été partagée par le syndicat des médecins, pharmaciens et médecins dentistes, qui a organisé une marche de protestation devant le ministère de la Santé le 17 juillet 2018. Cet autre syndicat a jugé que les pharmaciens subissent une grave injustice en maintenant les deux projets de loi en question sans révision. Selon le syndicat, 3000 pharmaciens sont inscrits sur la liste d’attente et ils attendent encore l’autorisation d’ouvrir leurs pharmacies. Le syndicat a, en outre, ajouté que le secteur privé (les pharmaciens d’officine) consistent à des lobbies qui exercent des pressions sur le ministre de la Santé afin de bloquer la promulgation de ces deux projets de loi.
Les tensions intrinsèques du Spot, le conflit avec d’autres structures pharmaceutiques ainsi que son bras de fer qui commence à s’aggraver avec le ministère de la Santé ne peut que nuire à toutes les parties impliquées. Si ces parties n’arrivent pas à trouver un terrain d’entente susceptible de remédier à la crise, les retentissements de ce blocage seront encore plus conséquents. Il accélérera, ainsi, la spirale descendante aboutissant éventuellement à un écroulement de l’un des secteurs les plus fondamentaux du pays.
Boutheïna Laâtar
Commentaires (9)
CommenterLa PCT et ses partenaires dans le collimateur de l'action en produits de santé
IL FAUT LIBERER LE SECTEUR DANS SON ENSEMBLE
LA SOLUTION LOGIQUE pour ce problème épineux: LIBERER LE SECTEUR comme cela existe déjà dans la plupart des pays du monde sinon tous les pays sauf la France et notre pays suit aveuglement ce pays dans cette affaire sans la suivre dans les autres domaines!
Les épiciers de médicaments ne sont pas contents
Le paracétamol et autres médicaments sans ordonnance devraient pouvoir se vendre dans les supermarchés, pas besoin de nourrir ces rentiers des médocs et leurs copains des labors pharmaceutiques.
Comportez vous en professionnels et en patriotes
TROP INJUSTE ...
UNE PROFESSION SURPEUPLEE ET DIVISEE.
histoire de la poule et de son oeuf ou les éleveurs...
il y a trop de pharmacie dans certains secteurs
juste le carré d'or, situé entre la mer et la route de Gammarth, et la parc Saada et la route de la résidence de l'ambassadeur de France. Cela représente la taille d'une minuscule commune de banlieu parisienne.
- 1 à côté de monoprix
- 1 à l'entré de la marsa à côté des fleuristes
- 1 celle à côté de la clinique el amen
- 1 celle en face de l'ATB
- 1 celle en face de l'ancien tunisie telecom
- celle devant la mosquée de la marsa
- la nouvelle sur le front de mer
+ 2 de nuits
Auxquelles ont peut ajouter :
- celle de la route du stade
- celle de bouselsa
- 2 sur la route de gammarth
- une autre à côté de touta gammarth
- 1 à côté de la marsoise (les sandwich
1 à bouselsa centre
soit au moins 16 pour une population de 100000 habitants !
BN pompiers pyromanes
http://www.businessnews.com.tn/le-syndicat-des-pharmaciens-conteste-la-modification-des-lois-regissant-le-secteur,520,80755,3
Regardez les commentaires des affamés et la 7soudiya dans cet article et vous comprendrez pourquoi le pays est perdu.
PS: je ne suis pas pharmacien donc pas la peine de vous exciter.