
Par Ahlem Hachicha Chaker
Les municipales, un désastre qui se prépare déjà?
- Parce que la loi électorale est mauvaise.
- Parce que le Code des Collectivités Locales est complexe.
- Parce que l'ISIE est autiste.
- Parce que personne ne sait ce qu'est un conseiller municipal.
- Parce que la société civile croit qu'elle doit remplacer les partis.
- Parce qu'on fait croire aux gens que ces élections vont ramener le paradis sur terre.
- Parce que personne ne communique sur le choix, les critères, les compétences, les conditions de candidature des conseillers municipaux.
- Parce que tout le monde s'y voit déjà, sauf ceux qui devraient y être.
- Parce que ce n'est pas le moment.
La décentralisation, encore et toujours. Ce paradis promis, ce fantasme nourri de populisme politique. Quand on fait croire aux citoyens que quelques lignes dans la Constitution vont résoudre tous leurs problèmes.
La décentralisation va apporter le développement, créer des emplois, améliorer les écoles, assainir la santé publique, lutter contre la corruption. Mais bien sûr !
La décentralisation est une meilleure répartition du pouvoir entre l'Etat et les régions et les villes. Il ne s'agit pas "d'arracher" des pouvoirs à l'Etat pour les donner aux régions. Il s'agit plutôt d'exercer certains pouvoirs au niveau régional et local parce que cela est plus efficient que la gestion de ces pouvoirs par l'Etat.
Par exemple, cela n'a plus de sens que l'Etat gère les services de propreté, ou l'entretien des écoles, ou l'aménagement urbain des villes. Non pas parce que l'Etat est injuste comme certains souhaitent nous le dire, mais parce que plus le niveau de décision est éloigné du lieu d'exécution de la décision, plus le processus est long et lent.
Toutefois, en contrepartie de cette nouvelle répartition de pouvoirs, il y a des ajustements à opérer. Ainsi, les communes qui vont exercer ces nouvelles prérogatives vont avoir besoin de moyens financiers et humains qu'elles n'ont pas. Le nouveau Code des Collectivités Locales prévoit ainsi une nouvelle structure fiscale pour les impôts locaux et également pour les contributions budgétaires de l'Etat.
Le Code prévoit également des dispositions qui permettront le transfert d'agents et cadres de l'administration vers les instances locales, à travers la mobilité administrative, la délégation, le détachement, les incitations financières et autres formules.
Demain, c'est-à-dire après les élections municipales, l'Etat ne va pas disparaitre des villes et des régions. L'Etat restera présent à travers les administrations locales, les représentations des différents ministères. Il continuera à exercer les prérogatives qui sont les siennes, à gérer les services et infrastructures publiques qui ne relèvent pas de l'autorité locale.
Quelles sont donc ces infrastructures? Quelles seront les prérogatives locales? Quels agents ou cadres relèveront de la commune? Quelles seront les ressources financières des communes? C'est le Code qui le décidera, selon les dispositions qui seront votées.
Alors quel est le rôle des municipalités dans tout cela? Les municipalités exerceront une grande partie des nouveaux pouvoirs locaux, en attendant la mise en place globale de la décentralisation avec les conseils régionaux entre autres.
La totalité du territoire tunisien est aujourd'hui couverte par le nouveau découpage municipal. Il y a au total 350 municipalités. Une municipalité est un territoire géré par un conseil municipal, dont le nombre des membres, conseillers, varie selon la taille, l'étendue, le nombre d'habitants de la commune. Tous les membres du Conseil seront élus. Après les élections, le Conseil se réunira, désignera son Président et décidera de la répartition des tâches et responsabilités.
Et au lieu du paradis instantané, les difficultés commenceront. Un cadre législatif à peine voté (espérons que l'ARP le votera à temps), un nouveau système d'exercice de l'autorité non rodé, un transfert de ressources humaines à mettre en place, une nouvelle budgétisation à négocier, de nouvelles responsabilités à assumer, un équilibre de pouvoir à trouver avec un code électoral qui favorise encore l'effritement.
L'élément le plus important dans ce nouvel enjeu sera l'élément humain, c'est-à-dire les conseillers municipaux. Et cela relève de notre responsabilité. Qui choisir? Comment établir des listes de candidats? Pour qui voter?
Combien de listes de candidats? Les listes de candidats sont-elles des listes d'amis, des listes contre les partis, des listes de voisins? S'agit-il d'énumérer un nombre de personnes selon les quotas d'hommes/femmes/jeunes/handicapés requis?
Vote-t-on pour des personnes, pour un parcours, pour un thème, pour un programme, pour une étiquette? Vote-t-on contre un parti, contre des partis? Vote-t-on par amitié?
A-t-on expliqué tout cela aux électeurs? Qui doit le faire? D'ailleurs qui est cet électeur? Celui qui est supposé s'inscrire, le faire en plein été, décider d'abord sur quelle municipalité s'inscrire pour voter, ensuite produire les justificatifs administratifs dans ce sens et trouver un bureau de l'ISIE pour le faire. Cet électeur qui n'a pas toujours conscience des autorités qu'il délègue par ce vote, des services qu'il ou elle est en droit de recevoir de ses représentants, à qui on a promis tout et son contraire.
Et surtout un électeur qui reste d'abord citoyen d'un Etat, la Tunisie.

Commentaires (10)
CommenterOn veut enfoncer de nouveau le pays vers l'inconnu
LA MUNICIPALITE : tout dépend du choix de son président
portail des collectivités locales
Oui, c'est quoi ?
Je n'ai toujours pas compris quand ni où il faut s'inscrire.
Je suis comme la majorité, je n'y ai rien compris. Je suis sure que c'est expres !
Medias ! Où etes vous ?
Excessif,mais pas faux!
On n'explique pas ce qu'est un conseiller municipal à un pays qui connaît la réalité urbaine organisée dans tout son territoire depuis le temps des romains
Expliquer prend du temps et le peuple tunisien est instruit
La solution à la faiblesse intrinsèque des partis,c'est les listes citoyennes larges,ouvertes aux militants des partis et à tous les individus de bonne volonté
L'appel stupide au boycott sera combattu et sur ce que je vois sur ma portion de Facebook,il recule beaucoup
Certains partis,dont Afek,mais pas seulement tardent beaucoup à avoir une position claire,d'autres sont divisés(machrou')
Des listes émergent et des discussions se tiennent dans plusieurs villes et villages
Ariana,Sfax,Zarzis,Soukra,Sbeitla et certainement ailleurs.Informons-nous,unissons nous et la démocratie en sortira renforcée!
jamais je voterai dans ce tounesten.....
Negativisme
A ne pas essayer, en aucun cas !
L'Etat qui a tous les pouvoirs n'est déjà plus écouté par personne. Qu'adviendra-t-il de l'Etat qui aura perdu certaines prérogatives?
Jamais, au grand jamais, il n'existera, en Tunisie, un pouvoir municipal capable de faire respecter quoi que ce soit. Quant à la compétence, au niveau local...
La décentralisation doit etre un programme, sur 15 à 20 ans, à mettre en place progressivement. en tout cas, à ne pas essayer, sous les mandats présidentiel et législatif actuel. Ce serait achever, ce qui reste de l'Etat, en Tunisie.
c'est un leurre dangereux, de croire qu'on peut, à coup des lois ou des votes, réussir ce qui se fait dans les pays avancés.
Une phrase résume (très bien) tout l'article de Madame Chaker : ce n'est pas le moment.
Jamais plus !
Alors à tous ces affamés:
LA VACHE
Ecrit par A4 - Tunis, le 08 Septembre 2016
La pauvre vache est à terre
Sortez vite vos longs couteaux
Sans retenue et sans prière
Servez-vous quelques bons morceaux
Elle est là, raide, sans défense
Son doux museau est dans la boue
Préparez vos chants et danses
Amusez-vous comme de vrais fous
Sortez-nous vos vieilles gamelles
Aiguisez vos canines et dents
L'occasion est des plus belles
Attaquez poitrine et puis flancs
Découpez, n'ayez pas honte
Oubliez ses yeux larmoyants
Charcutez sans tenir compte
De son long râle gémissant
C'est aujourd'hui qu'il faut le faire
Demain ça sera sûr trop tard
Profitez de cette nouvelle ère
Empiffrez-vous de gras et lard
Charcutez, peuple d'affamés
Gavez-vous, c'est de la vachette
Qu'elle soit crue ou même cramée
Ne laissez-en aucune miette
Enfoncez encore vos hachettes
Faites jaillir et couler son sang
N'ayez pitié de la "pauv' bête"
Le temps n'est pas aux sentiments
Taillez encore, la chair est fraîche
Ce n'est pas elle la vache qui rit
Le temps n'est pas du tout aux prêches
Le temps est à la barbarie !