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Lettre ouverte au ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et ministre de l'Education
28/06/2017 | 09:47
5 min
Lettre ouverte au ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et ministre de l'Education

Monsieur le ministre,

 

Conscient que le secteur de l’enseignement est un des secteurs les plus importants pour la Tunisie, voire le plus important, car structurant et impactant tous les autres, je m’adresse à vous dans cette lettre ouverte pour attirer, une fois de plus, votre aimable attention sur la pratique de critères d’accès à des filières d’enseignement supérieur d’excellence qui deviennent à mon sens de plus en plus déloyales et inéquitables. Ceci est grave car ce secteur névralgique touche l’ensemble des Tunisiens toutes catégories confondues de manière directe ou indirecte et il est important de veiller à ce qu’aucun sentiment d’injustice ne puisse gagner les esprits de nos compatriotes et affecter la crédibilité du système.  C’est dire combien votre mission, monsieur le ministre, à la tête de ces deux départements, est hautement stratégique et délicate et demande de vous beaucoup de sagesse, de clairvoyance, d’écoute et de ténacité pour renforcer cette confiance et rendre aux méritants ce qu’ils sont en droit d’obtenir par le seul fruit de leur travail.

 

Malheureusement ce qui se produit actuellement en Tunisie semble aller à l’encontre de ces valeurs. Les résultats du baccalauréat 2017 n’ont fait que mettre en exergue, une fois de plus, la profondeur de ce constat. Sans vouloir anticiper, le même constat restera valable pour les examens de 6ème année et de 9ème année.

 

L’injustice et l’inégalité font partie de la vie quotidienne et chacun d’entre nous apprend, au fil des années, à s’y faire sauf quand elles sont érigées comme règles dans les politiques publiques ; elles deviennent tout simplement inacceptables.

 

Votre responsabilité, monsieur le ministre, est de nous prémunir et de nous protéger de ces dérives même si elles s’inscrivent dans le passif de certains de vos prédécesseurs. Vous êtes dans un poste de responsabilité de haut niveau qui vous permet de corriger les erreurs du passé et de rétablir la justice pour nos brillants lauréats.

 

Malheureusement, par la circulaire N°20 datée du 22 mai 2017, vous avez reconduit des dispositions que je considère injustes concernant l’orientation des lauréats bacheliers 2017 et ceci malgré toutes les actions menées individuellement ou par la société civile pour attirer votre attention sur la nécessité de définir un quota pour l’accès aux filières d’excellence pour les titulaires du BAC français.

Par cette circulaire, des bacheliers du BAC tunisien se trouvent en concurrence manifeste avec ceux, titulaires du BAC Français, alors que les deux examens sont radicalement différents dans le contenu et dans l’évaluation. Où est donc l’équité académique qui a bercé des générations et dont vous êtes, comme moi, monsieur le ministre, le pur produit ? La question se pose dans tous les esprits de nos jeunes et a déjà engendré des frustrations auprès des jeunes et de leurs parents qui ne fera que s’accentuer.

Par ailleurs, le système de l’orientation universitaire tel qu’il est pratiqué actuellement et malgré toutes les sophistications apportées au fil des années, apparaît comme égalitaire dans le concept mais fortement aléatoire dans les faits. En effet, en se basant essentiellement sur les résultats des épreuves du BAC qui n’est pas exempt d’aléas, le processus d’orientation peut faire basculer tout un cursus scolaire, parfois des plus brillants, vers des situations catastrophiques engendrant le plus grand désarroi pour nos jeunes et leurs parents. Le baccalauréat est un examen et doit le rester. Il est injuste de limiter le potentiel d’un jeune à un score, à une moyenne ou aux résultats d’une épreuve qui dure l’espace de quelques jours en fin d’année.

 

Notre université vit quotidiennement les conséquences néfastes de ce système, à travers des étudiants non motivés par ce qu’ils font, des étudiants que se retrouvent dans des filières presque par hasard, sans les avoir vraiment choisies, des étudiants qui n’arrivent pas à se projeter, à s’identifier et par conséquent à s’impliquer.

 

Les résultats du baccalauréat 2017, ceux de la session 2016 et certainement d’autres sessions antérieures, ont aussi mis en évidence beaucoup d’imperfections dans la correction des épreuves qui engendrent des injustices. Des notes en dessous des attentes eu égard aux corrigés officiels des épreuves, des notes anormalement basses pour des séries entières, des notes qui ne sont pas en adéquation avec le contenu des copies, des notes qui dépendent du « hasard » de l’affectation aux différents centres de correction. Il suffit de regarder ce qui s’est passé pour le lycée pilote de Sfax, l’an dernier, et pour le lycée pilote de l’Ariana cette année pour certaines filières et certainement d’autres lycées dont je n’ai pas eu connaissance. Tout ceci ne contribue pas à améliorer la confiance, le sens de la justice et de l’équité. Cette situation ne permet pas aux jeunes de croire réellement en la vertu de l’effort et du travail, car l’effort est mis à l’épreuve des injustices engendrées par des choix, et des comportements parfois irresponsables de certains intervenants dans le processus d’évaluation.

 

Monsieur le ministre,

Vous et votre génération dont je fais partie, sont le produit d’une école publique qui a permis à chacun d’avoir sa chance, où l’enfant de l’ouvrier côtoie à l’école l’enfant d’un cadre supérieur ou d’un homme d’affaires, où chacun peut rêver d’un avenir meilleur et y croire. Aujourd’hui, ce schéma est malheureusement caduc. L’enfant issu d’une famille défavorisée, ne peut plus rêver d’un lendemain meilleur, sauf quelques exceptions. L’école publique républicaine où les jeunes de différentes classes sociales apprennent à vivre ensemble, à se comprendre, à partager des valeurs humaines et sociales, n’est plus. Elle est désormais une école stratifiée en fonction du niveau social car incapable d’offrir des prestations de même qualité à tous. Ces inégalités face à l’éducation, à l’accès au savoir sont insupportables, dangereuses et ne présagent rien de bon pour le futur proche de notre pays.

 

Monsieur le ministre,

 

Ne voyez pas dans mes propos autre chose que la volonté d’attirer votre attention sur une situation critique, sur un état d’esprit de nos jeunes et le regard qu’ils portent sur les règles et critères pratiqués par l’administration de l’enseignement dans notre pays. L’espoir et la confiance engendrent l’engagement et le travail, le désespoir, en revanche, crée la frustration et la déception.

Je vous souhaite toute la réussite dans votre noble mission pour le bien de la Tunisie, de sa jeunesse et de son avenir.

 

Maledh Marrakchi,

Universitaire,

28/06/2017 | 09:47
5 min
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Commentaires (25)

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Olfa
| 08-07-2017 18:01
Monsieur le ministre ,
On est vraiment très deçu de ce qui se passe au sein de l'éducation ,, des injustices sur la manière de noter les bacheliers du lycee pilotes de l'ariana , c'est scandaleux , vous avez détruits nos enfants qui n'ont pas célébrer leur réussite tellement déçus par leurs notes ,,, et j'espère vraiment j'espère que vous tiendrez compte des reclamations faites et effectuer de vraies corrections , et merci

khaled Ghéni
| 29-06-2017 16:37
Monsieur le ministre de l'enseignement supérieur, et de l'éducation -par intérim.
cette fin d'année a connu une bizarrerie unique, c'est vrai, unique: les étudiants de l'ISLAI 'institut supérieur des langues appliquées et de l'informatique de Béja- mon fils en fait partie- attendent le résultat, à déclarer normalement le 23/5/2017, jusqu'à ce jour d'aujourd'hui jeudi le 29/6/2017.
Que dites-vous? ce n'est pas bizarre? je téléphone pratiquement tous les les jours à l'administration pour savoir des nouvelles de nos professeurs agrégés qui ont bloqué les notes et ne les ont pas passé à l'administration pour des différends avec le ministère de tutelle. 37 jours après la date promise et aucun résultat, aucune précision. C'est pour la cession principale, que dire de ceux qui vont passer la cession de contrôle...c'est l'anarchie d'un temps perdu où l'humain, la morale, les m'urs, les valeurs, les sensations du sens de la responsabilité sont totalement rayés, écrasés, abîmés, dénaturés,placés derrière l'horizon.Pourquoi toute cette atteinte malveillante à l'encontre de l'étudiant, le parent, le savoir et les valeurs du savoir? pourquoi nous encercler dans le vicieux loin de toutes les vertus des études universitaires et de l'université, monsieur le ministre?

rzouga
| 29-06-2017 09:06
A mon avis il faut revenir à l'ancien système et surtout redonner à la PHILOSOPHIE la place qu'elle mérite, abolir l'aberration des lycées pilotes (1 véritable cata), bannir les 20/20 de moyenne, mettre tout le monde dans le même sac mais améliorer grandement le niveau des profs à l'heure de l'internet car on n'a plus besoin de cours dictés mais plutôt de structuration de la réflexion, la profondeur dans les idées, développer l'initiative, développer l'esprit critique pour éviter les dérives qu'on a constaté avec amertume ces dernières années et qu'on va encore continuer à les subir dans les années à venir...etc; ceux qui n'ont pas la capacité de suivre ils vont quitter le système d'eux même; il faut alors leur préparer des écoles d'apprentissage de métiers manuels qui ont une potentialité énorme d'absorber des centaines de milliers de jeunes que le monde du travail a tant besoin.
Il ne s'agit pas de suivre un tel ou un tel mais de corriger et adapter notre système car on a l'état d'esprit, l'expérience et les hommes pour le faire ; les élèves vont suivre , ils n'attendent que ça.

raa
| 29-06-2017 01:10
On ne peut pas parler d'un bon enseignement supérieur ou secondaire si les laboratoires souffrent d'un manque énorme d'équipements scientifiques. Les conditions de travail sont lamentables et périlleuse . Comment les enseignants peuvent donner de leurs mieux et s'exalter dans le travail alors que leurs honoraires ne sont sont pas régler depuis longtemps. Par exemple les enseignants intervenants à l'école polytechnique de la marsa n'ont pas été payé depuis 3 ans, et ceci s'appliquent à d'autres institutions où les honoraires heures supplémentaires n'ont pas été payé dans depuis 2014. Je ne suis pas sûr que dans cette situation l'école polytechnique pourra démarrer l'année universitaire 2017/2018 normalement . Il est très difficile de trouver des enseignants qui assureront la rentrée 2017/2018, alors qu'ils ont la certitude de ne pas être payés .

kameleon78
| 29-06-2017 00:44
Monsieur Marrakchi affirme que les titulaires du BAC français concurrencent les titulaires du BAC tunisien ce qui est évidemment faux, d'une part les bacheliers du BAC français sont peu nombreux (quelques centaines) par rapport aux bacheliers tunisiens (42 000 en 2016) et la plupart des bacheliers de lycées français en Tunisie poursuivent leurs études en France ce qui minore encore plus les bacheliers du BAC français pour les places dans les universités tunisiennes. Donc le raisonnement de Monsieur Marrakchi est complètement erroné.

kameleon78
| 28-06-2017 23:34
Je n'ai pas bien compris ou mal compris les propos de Monsieur Marrakchi, il laisse penser que le BAC français est inférieur au BAC tunisien sous prétexte qu'il n'y a que 30% des reçus au BAC tunisien donc cela fait une élite contrairement aux 90% des reçus au BAC français qui sont en majorité donc faibles, bizarre comme raisonnement. Moi j'ai eu mon BAC au Lycée Carnot et je ne me sens pas du tout inférieur à un bachelier d'un Lycée de Bizerte ou de Sfax, j'ai préféré continuer mes études en France c'est un choix et non une obligation, sans bourse mais à la sueur de mon front car j'étais obligé de travailler pour payer mes études, mais je ne comprends pas que ce Monsieur considère si peu le BAC français alors que le niveau du Lycée Carnot Tunis équivaut à celui des plus grands Lycées parisiens comme Henri 4 ou Louis-Le-Grand. Ce Monsieur Marrakchi devrait nous fournir les preuves de ce qu'il avance en affirmant que le BAC tunisien est supérieur au BAC français.

Dr. Jamel Tazarki
| 28-06-2017 21:37
a )sans calculatrice mais avec une durée de 4,5 heures.
b) avec calculatrice non programmable et ceci avec une durée de 4 heures

Dr. Jamel Tazarki
| 28-06-2017 19:12
I) Je trouve que c'est injuste et inhumain de ne pas laisser au moins un jour de pause entre les différents examens des différentes matières au baccalauréat tunisien (session de contrôle), je vous prie de voir le lien suivant: http://www.businessnews.com.tn/baccalaureat-2017--la-session-de-controle-reportee-dun-jour,520,73136,3


En Allemagne, le baccalauréat dure 4 semaines avec une pause de 3 à 5 jours entre les différents examens des différentes matières. Pourquoi les contraintes inutiles, en Tunisie? Pourquoi nos candidats au baccalauréat passent 4 examens en quatre jours successifs (voir le lien ci-dessus).

Il y a des candidats (par exemple, les enfants de certains de nos paysans) qui doivent faire des dizaines de Km entre autre à pied afin d'aller au collège et passer leur baccalauréat. Ils partent le matin et rentre tard le soir chez eux. Ils n'ont même pas le temps de se régénérer et de se rétablir. Il y'a aussi des candidats handicapés ou ont des maladies inguérissables et épuisantes (par exemples: le cancer, maladies artérielles, etc., etc., etc.) ===> Ils n'ont pas ainsi la force physique afin de passer 6 matières du baccalauréat en 6 six jours successifs.

Sur le lien suivant vous trouvez le calendrier des examens du Baccalauréat 2017 en Bavière (Allemagne):

http://www.abiturtermine.de/pruefungstermine-2017/abiturtermine-bayern-2017/

===>
a) l'examen de la première matière est le 03.05.2017
b) l'examen de la deuxième matière est le 09.05.2017
c) l'examen de la 3ème matière est le 12.05.2017
d) l'examen de la 4ème matière est entre le 22.05.2017 et le 26.05.2017
d) l'examen de la 5ème matière est entre le 29.05.2017 et le 02.06.2017

==> Il y a toujours des pauses entre les examens des différentes matières du baccalauréat allemand, pourquoi pas en Tunisie?

En Allemagne, L'épreuve d'éducation physique et sportive s'effectue en en cours d'année ===> l'évaluation s'effectue en contrôle continu, pendant l'année de terminale. En début d'année de terminale, le candidat au baccalauréat allemand doit choisir un menu de 3 sports parmi plusieurs qui sont proposés (exemple: natation, badminton et volleyball).

Il est complétement absurde d'exiger d'un candidat au baccalauréat tunisien en pleine période de préparation de réaliser un record/performance du 100 mètres en une minute afin d'avoir ses 15/20 en sport (alors qu'il est en très mauvaise condition physique au milieu des préparations pour les examens écrits).

IL est temps de renoncer aux contraintes inutiles de l'enseignement en Tunisie afin de rendre la vie moins difficile, moins dure, moins coriace à nos enfants, à nos élèves et à nos étudiants. Mais enfin, on peut se permettre en Tunisie l'évaluation de l'épreuve d'éducation physique et sportive en contrôle continu!!!!

Jamel Tazarki

Dr. Jamel Tazarki
| 28-06-2017 19:09
est vraiment trop stupide, voir le lien
http://www.businessnews.com.tn/hatem-boulabiar--je-porterai-plainte-contre-i-wat,520,73163,3

En Allemagne, si on attrape un candidat au baccalauréat utiliser son iPhone, il rate automatiquement son baccalauréat. Les profs/surveillants ont une grande part de responsabilités dans les tentatives de triches, car s'ils étaient un peu plus regardants, ils s'apercevraient très vite qu'il y a des tricheurs. ===> Alors pourquoi les brouilleurs!

Nous devons faire confiance à nos profs. et à nos surveillants. La Tunisie ne peut pas fonctionner sans confiance!!!

Jamel Tazarki

Dr. Jamel Tazarki
| 28-06-2017 19:06
Plus grave que les iPhones sont les calculatrices sophistiquées (programmables). Il suffit de taper l'équation d'une fonction et vous obtenez le graphique, les points extrêmes, les asymptotes, la parité, croissance et points critiques, concavité et points d'inflexion, etc. etc. etc. Pareil en géométrie, pareil en statistiques' ===> avoir un 15/20 en mathématiques au baccalauréat est un jeu d'enfant, si on dispose durant l'examen de math d'une calculatrice programmable


Je propose plutôt de démocratiser l'enseignement en Tunisie. Ce n'est pas normal que certains candidats au baccalauréat tunisien utilisent des calculatrices sophistiquées (programmables) et obtiennent ainsi des 20/20 en mathématiques au bac alors qu'ils sont moyens/nuls en mathématiques. Par contre, les enfants de la classe pauvre se trouvent désavantagés! Moi, quand j'ai préparé mon baccalauréat mon père n'avait pas les moyens afin de m'acheter une calculatrice et j'ai passé mon baccalauréat sans calculatrice!

Je signale qu'en Allemagne on propose trois différents examens de mathématiques au baccalauréat:
a) sans calculatrice mais avec une durée de 5 heures:
https://www.isb.bayern.de/download/17845/abiturpruefung_mathematik_2016_pruefungsteil_a.pdf
https://www.isb.bayern.de/download/17846/abiturpruefung_mathematik_2016_pruefungsteil_b.pdf

b) avec calculatrice non programmable et ceci avec une durée de 4,5 heures:
https://www.isb.bayern.de/download/17845/abiturpruefung_mathematik_2016_pruefungsteil_a.pdf
https://www.isb.bayern.de/download/17846/abiturpruefung_mathematik_2016_pruefungsteil_b.pdf

c) avec calculatrice programmable mais il faut être vraiment un champion en mathématiques:
https://www.isb.bayern.de/download/17848/abiturpruefung_mathematik_cas_2016_pruefungsteil_b.pdf
https://www.isb.bayern.de/download/17847/abiturpruefung_mathematik_cas_2016_pruefungsteil_a.pdf

Les examens des choix a) et b) sont identiques, seulement la durée est différente!

Sur le lien suivant vous trouvez la liste des calculatrices autorisées au baccalauréat allemand:
http://mathematik.h8d.de/uebersicht-zugelassene-taschenrechner.pdf

Jamel Tazarki