
La présidente de l’UTICA, Wided Bouchamaoui est revenue, dans une interview accordée au quotidien Assabah et publiée ce mercredi 26 octobre 2016, sur sa vision et celle de la centrale patronale sur divers sujets d’actualité.
Ainsi, Mme Bouchamaoui a indiqué qu’elle aurait voulu qu’après la signature de l’Accord de Carthage, qu’une réunion complémentaire soit organisée entre les 9 partis politiques et les 3 organisations signataires, en présence des 3 présidents et notamment le chef du gouvernement qui n’était pas présent lors des discussions. « Cette réunion aurait permis de discuter des grands dossiers ainsi que des choix stratégiques de la prochaine période, de telle sorte que chacun sache ce qu’on lui demande ». Elle a appelé, dans ce cadre, la présidence de la République, la présidence du gouvernement et toutes les parties signataires de l’Accord de Carthage de revenir à la table de dialogue.
Bien que critiquant certains articles du projet de Loi de finances 2017 et surtout le fait que le gouvernement n’ait pas consulté la centrale patronale avant de les faire passer, la présidente de l’UTICA a rappelé qu’avec les dossiers de Petrofac et de Jemna, en plus du court délai de son accession au pouvoir en y ajoutant la contrainte des délais, le gouvernement n’a pas eu le temps de travailler sur les grands dossiers.
Concernant la réaction de l’UGTT sur le gel des augmentations salariales, Wided Bouchamaoui a affirmé qu’elle comprend la centrale syndicale lorsqu’elle dit que ce n’est pas qu’au travailleur de payer la facture. «Je suis d’accord, tout le monde doit participer au payement de cette facture !», a-t-elle déclaré, en expliquant : «Aujourd’hui les entreprises sont tenues de payer un impôt exceptionnel, sachant que tout ce qui est exceptionnel devient permanent ! Nous, en tant que chefs d’entreprise, nous acceptons cette participation, mais en respectant les capacités de chacun ainsi que la compétitivité de chaque entreprise. L’entreprise doit payer les salaires, les impôts permanents et exceptionnels, les cotisations des caisses sociales, puis on lui demande d’investir et de créer du développement et de l’emploi !».
Et d’ajouter : «Il est urgent qu’on se réunisse avec le chef du gouvernement et tous les partenaires sociaux pour déterminer les capacités de chacun pour prendre une position finale. Aujourd’hui, il y a un problème qu’on évite d’évoquer : la création d’emplois à plus de 650.000 chômeurs. Nous sommes souvent accusés de ne pas investir dans les régions, de ne pas employer les chômeurs et d’être le capital lâche, aujourd’hui nous voulons avoir une réponse claire, que veulent-ils qu’on fasse, nous les hommes d’affaires et chefs d’entreprise, sachant que la pression fiscale sur l’entreprise a dépassé les 22%, augmentant de plus de 2 points ces dernières années, alors que le côté fiscal (impôts et cotisations) chez l’entreprise a atteint les 59% » ; (selon une étude réalisée par un organisme financier international, représentant un taux parmi les plus haut du monde).
Mme Bouchamaoui a souligné que le citoyen tunisien payeur d’impôt a le droit de savoir où va son argent et qu’il en est de même pour le patronat lorsqu’on lui demande de verser un impôt exceptionnel : «si cet argent sera utilisé pour l’investissement et l’emploi nous sommes d’accord».
Elle a appelé, dans ce cadre, à plus de transparence ce qui permettra de diagnostiquer la situation et de trouver les solutions. Elle a pris comme exemple le déficit des caisses sociales, pour souligner qu’il n’y a pas que le secteur privé qui n’a pas respecté ses engagements, mais qu’il ya des entreprises publiques qui ne l’ont pas fait également. Elle a précisé que plusieurs entreprises publiques traversent des difficultés et qu’il n’est pas logique que le secteur privé verse un impôt exceptionnel pour renflouer ces sociétés, en faillite et qui essuient des pertes tout le temps.
I.N
