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Chroniques
Ce que les enfants subissent…ou pas
16/09/2015 | 15:59
3 min

L’oracle des chiffres en Tunisie a parlé. Hassen Zargouni a publié un statut édifiant à l’occasion de la rentrée scolaire. En voici un extrait : « Ainsi près de 30% des 5 à 6 ans ne feront pas leur année pré-scolaire préparatoire (soit 54.600 enfants), 1.5% des enfants en âge d'être en primaire n'y seront pas non plus (15.000 abandons) et 10% des enfants en âge d'aller au collège au nombre de 49.400 n'y iront pas. Soit un taux moyen d'exclusion de l'école de base (y compris l'année préparatoire) de 7% ».

Donc, 119.000 enfants ne seront pas à l’école cette année. Les raisons sont connues : ils habitent trop loin des écoles ou bien leurs parents n’ont pas les moyens de financer leurs études.

 

On est bien loin des soucis de transport de la capitale ou des inquiétudes liées à la chaleur dans certaines écoles. Les milliers d’enfants qui n’iront pas à l’école seront tous exploités. Certains fréquenteront des gens peu recommandables, certaines fillettes seront vendues en tant que femmes de ménage aux riches maitresses de maison. Celles-là mêmes qui sortent manifester pour les droits de la femme. D’autres deviendront des projets de terroristes ou de contrebandiers. Ils seront tous livrés à eux-mêmes, sans éducation, sans repères et surtout, sans rien devoir à la Tunisie. 

Le danger est là. Quand ces gosses deviendront des adultes qui trafiqueront des armes ou des terroristes retranchés dans la montagne, ils n’auront aucun sentiment d’appartenance car, depuis leur plus jeune âge, ils ont été livrés à eux-mêmes.

Certes, il y a des associations qui se battent, qui travaillent et qui essayent de faire leur possible pour endiguer ce phénomène. Mais la marge de manœuvre des associations est minime en comparaison avec l’ampleur de la catastrophe. On parle de plus de cent mille enfants en situation d’abandon scolaire. Une vraie bombe à retardement qui ne semble pas être considérée à sa réelle gravité par les autorités.

 

Au 21éme siècle, un pays ne peut pas se permettre le luxe d’abandonner ses enfants et de les négliger. C’est ce qu’avait compris très tôt Habib Bourguiba en tentant de démocratiser l’enseignement et le rendant obligatoire.  Mais comme dans bien d’autres domaines, nous nous sommes reposés sur nos lauriers et nous n’avons rien fait depuis.

On a continué à se vanter de l’éducation du peuple tunisien, du fait que presque tout le monde sait au moins lire et écrire. Mais entre temps, le monde a changé et la notion d’analphabétisme a aussi évolué. Nous avons arrêté depuis longtemps d’être un peuple éduqué, nos rues et notre manière de parler en témoignent largement. Nous savons lire et écrire mais nos diplômés sont incapables de maitriser une langue, ne serait-ce que l’arabe.

Par ailleurs, cette catastrophe donne lieu à des drames humains et familiaux. Le dernier en date est celui de cette mère qui a vu ses deux filles partir embrigadées par des groupes terroristes. Des filles qui sont passées du satanisme à l’extrémisme religieux. C’est bien la preuve de l’absence de repères. Il est vrai que ces filles ont été scolarisées. Mais regardez où elles en sont arrivées même en ayant été à l’école, alors qu’adviendra-t-il de ceux que la vie et l’injustice ont privé de scolarité ?

 

L’école et la scolarité représentent la première marche de l’ascenseur social. L’égalité des chances, la démocratie, l’équité sont autant de principes qui perdent toute leurs substances quand l’ascenseur social est cassé dès son premier étage.

119.000 enfants privés de scolarité à cause de la pauvreté. C’est un chiffre effrayant qui devrait tous nous inciter à plus d’humilité. C’est un chiffre qui devrait nous pousser à l’action et à faire en sorte qu’aucun enfant ne soit privé d’éducation. Le poète persan Mocharrafoddin Saadi a dit : « Celui qui n’a pas subi les sévérités d’un maître subira les sévérités de la vie ». Alors permettons à ces enfants de subir…

16/09/2015 | 15:59
3 min
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Commentaires (14)

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HatemC
| 18-09-2015 21:40
Les inégalités sont criantes

https://www.facebook.com/hatem.chaieb.5/videos/1709662142599859/?pnref=story

Nephentes
| 17-09-2015 16:04
" À lire certains commentaires, je me dis que les traitres chameliers traitres, ont réussi la 1ère étape de leur plan machiavélique.

Ils balancent un virus, et puis ils se remettent en embuscade, tout sourire déployé."

c'est bien vu,remarque qui laisse songeur.

Quel sorte de société peut générer un corps enseignant aussi dénué de principes, et aussi DANGEREUX pour l'avenir de nos petits ?

Citoyen_H
| 17-09-2015 15:36

À lire certains commentaires, je me dis que les traitres chameliers traitres, ont réussi la 1ère étape de leur plan machiavélique.
Ils balancent un virus, et puis ils se remettent en embuscade, tout sourire déployé..

À propos, qu'ont fait les chameliers durant leur gouvernance, hormis de transformer les garderies déjà existantes en manufacture de terroristes?
Ne creusez pas plus.
Ce n'est qu'un début.



@ versus | 17-09-2015 10:55
" Qu'une mosquée soit érigé dès que l'on dénombre 5 maisons dans la campagne mais pas une école. ".


Voilà une question pertinente.
Quel que soit le point cardinal sur le lequel on pointera notre nez, l'odeur nauséabonde du coté obscur y sera.
Salutations.




Citoyen_H
| 17-09-2015 14:15

@ Scarabée
Soyons adulte, et voyons les choses telles qu'elles sont.

Il serait plus judicieux d'aller poser la question à ceux qui ont pillé notre état sans aucun état d'âme, à savoir les truands de la trika.
Nous sommes en "FAILLITE"!!!!!!!!!!!


@ Nephentes

" L'enseignant et les institutions éducatives ont échoué de manière honteuse à préserver et à développer la créativité et la joie d'apprendre chez notre jeunesse.

L'enseignant du primaire et du secondaire, ainsi que les parents eux mêmes aliénés, jouent d'ores et déjà un rôle peu enviable dans la destruction du potentiel créatif de trois générations successives de tunisiennes et tunisiens

Ils seront jugés par l'histoire ".


Rien à ajouter.
Salutations.





nouveau
| 17-09-2015 11:28
L education est la responsabilite fondamentale de l etat . On trouve toujours un terrain d entente avec une personne eduque . Sur ces 100 000 enfants qui lachent ou qu on laisse de cote par an n y aurait il pas 1 / 1000 qui atteindrais un haut niveau , parmis ces 1/1000 n y aurait il pas 1/20 qui atteidrai un tres haut niveau . Donc quelque soit la depense engage la Tunisie est gagnante .

versus
| 17-09-2015 10:55
Qu'une mosquée soit érigé dès que l'on dénombre 5 maisons dans la campagne mais pas une école.

DHEJ
| 17-09-2015 10:13
Ce enfants seront écartés pour assurer L'EXCELLENCE des autres!


Le grand visionnaire du ministère le Néji JALLOUL parle D'EXCELLENCE!!!

OPTIMISME
| 17-09-2015 09:20
L'école pour tous doit être un droit constitutionnel,on doit demander des comptes aux responsables de l'école.
certes l'état est débordé et la déconfiture de l'education nationale a commencé depuis ben ali.il n'est jamais trops tard pour reprendre les choses en main, aux délégués, aux gouverneurs la mission de recenser ces enfants et les scolariser.il y'a des priorités à passer quand il s'agit de voter les budgets. corriger les énormes erreurs de l'ancien régime va prendre beaucoup de temps.

Nephentes
| 17-09-2015 09:19
Marwen ACHOURI est un pur : il déploie ici une sensibilité humaniste et une finesse d'analyse qui rend cet article particulièrement pertinent dans le contexte socio-économique du moment.

"On est de son enfance comme d'un pays" disait Saint Ex.

Et le pays qui n'offre pas les conditions du bonheur et de l'épanouissement à sa jeunesse et surtout à ses enfants, est un pays condamné à moyen terme.

Bourguiba l'avait bien compris.

Notre société actuelle bride systématiquement, réprime l'élan vital et l'innocence des enfants : elle leur apprend très tôt la laideur, la violence et le mensonge comme constituants essentiels de son fonctionnement

L'enseignant et les institutions éducatives ont échoué de manière honteuse à préserver et à développer la créativité et la joie d'apprendre chez notre jeunesse.

L'enseignant du primaire et du secondaire, ainsi que les parents eux mêmes aliénés, jouent d'ores et déjà un rôle peu enviable dans la destruction du potentiel créatif de trois générations successives de tunisiennes et tunisiens

Ils seront jugés par l'histoire

Scarabée
| 16-09-2015 23:07
... disait un certain ministre, il y a quelques mois.

Il faudrait qu'il ouvre les yeux sur ce crime qui est en train de se passer : que dans la Tunisie de 2015 des enfants seront privés de scolarisation.

Par manque de moyens. Par absence de transport. Par laxisme des autorités. Par indifférence d'une population anesthésiée par cinq années d'absurdités totales et de volonté d'anéantir la Tunisie d'hier, celle qui produisait des hommes et des femmes dignes et instruits.

Honte aux nouveaux gouvernants, uniquement intéressés par leur positionnement et leurs intérêts !