Un vieux dicton tunisien dit : « Prenez le savoir dans la tête des tortues ». Ce dicton pourrait s’appliquer à merveille au secrétaire général du CPR, Imed Daïmi, qui invite ses contradicteurs à se cultiver en géographie avant de lui répondre. C’était ce matin, lundi 20 juillet 2015, sur les ondes de RadioMed où il a été interviewé à propos de sa réunion d’hier à Ben Guerdane au sujet du mur frontalier entre la Tunisie et la Libye. Un mur destiné à lutter contre le terrorisme et la contrebande.

Pour Imed Daïmi, ceci est improductif et risque de nuire aux riverains. Prenant la défense farouche de la contrebande et du commerce informel, M. Daïmi indique qu’il n’y a pas une famille tunisienne qui ne vit pas de la contrebande et ce de Bizerte à Dhehiba.

 Il s’interroge pourquoi la lutte contre le terrorisme et la contrebande ne vise que cette région de Ben Guerdane et non les autres, affirmant que 80% de la contrebande passe par le port de La Goulette. Pour lui, les barons de la contrebande ne passent pas par les points non surveillés des frontières, mais par les aéroports et principalement par les ports, et ce selon des statistiques internationales. Imed Daïmi ne cite aucune étude pour étayer ses propos.
Il indique que la contrebande fait vivre des dizaines de milliers de familles dans la région et qu’on ne peut pas mettre en danger leur gagne-pain.

Pour lui, ce mur frontalier nuit aux cultures irriguées et à l’élevage des chameaux et des ovins. A l’entendre, Ben Guerdane serait le premier exportateur tunisien de la viande rouge avec des centaines de milliers de têtes d’ovins et de chameaux.
« Ceux qui se moquent de nous et ignorent ces données doivent se cultiver en géographie et autres ! », a tancé Imed Daïmi.
Précédemment, il a indiqué que le mur frontalier va causer des pertes à 500.000 hectares de terres pastorales.

A moins que l’on ne soit néophyte ou fan aveugle du CPR, plusieurs parmi les données présentées par Imed Daïmi sont erronées ou ne se réfèrent à aucune étude sérieuse connue.
C’est par exemple le pourcentage de la contrebande qui transite à hauteur de 80% par le port de la Goulette. D’où M. Daïmi tient-il ce chiffre ? On notera que dans la même interview accordée à RadioMed, M. Daïmi a confondu ses propres données en parlant, plus tard, des ports de La Goulette et de Sfax.
Il indique que Ben Guerdane est le premier exportateur d’ovins en Tunisie. Faux, si l’on se réfère aux données officielles de l’Agence de promotion de l’industrie et de l’Innovation et celles du ministère de l’Agriculture.
Selon l’APII, l’ensemble du gouvernorat de Médenine produit 310.000 têtes d’ovins. Le ministère de l’Agriculture indique qu’il y avait en 2012 quelque 3,85 millions de têtes d’ovins en Tunisie. Difficile de croire donc que la seule ville de Ben Guerdane soit première, en dépit de l’importance du cheptel qui s’y trouve. L’APII précise que les principales exportations dans le gouvernorat de Médenine sont les produits de mer (poulpes, seiches, crevettes), l’huile d’olive, l’huile végétale, les sels marins, les tapis et les articles de prêt à porter. Il n’est nullement mention d’exportation d’ovins.
Difficile également de croire les 500.000 hectares de terres pastorales perdues dans la zone par le projet de mur, selon Imed Daïmi, quand on sait que l’ensemble du gouvernorat de Médenine n’a que 229.000 hectares de terres cultivables, selon l’APII.
Ces contrevérités laissent entendre que M. Daïmi dit tout et n’importe quoi à la population locale, avec des chiffres erronés, pour la remonter contre le projet du gouvernement de s’opposer au terrorisme et à la contrebande d’armes à travers les postes non surveillés. Il cultive le sentiment de mépris ressenti par la population locale en lui faisant croire qu’il y a une politique discriminatoire à son encontre, sinon comment expliquer que le mur soit érigé au sud et non dans les autres points par lesquels passe la contrebande.
Autant d’éléments qui contredisent les discours officiels de Imed Daïmi de lutte contre le terrorisme et d’aider l’Etat à contrer ce fléau.

R.B.H.