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Les constructions anarchiques : C'est tellement désolant que l'on en rit !
12/04/2015 | 15:59
6 min
Les constructions anarchiques : C'est tellement désolant que l'on en rit !

Les constructions anarchiques sont un problème ancien. Toutefois, cette « maladie » urbanistique, se développe, depuis la révolution, à une vitesse épidémique. Le phénomène s’est amplifié depuis, en prenant de nouveaux aspects. Ainsi, les contrevenants d’aujourd’hui au Code de l’urbanisme ne sont plus les mêmes qu’autrefois. Il ne s’agit plus uniquement de pauvres gens qui bâtissent des maisons sans permis, mais aussi de personnes qui, profitant de la faiblesse de l’Etat, érigent, illégalement, des constructions partout et n’importe où.


Le problème des constructions anarchiques ne date pas d’aujourd’hui. Il remonte, en effet, à plusieurs décennies, précisément aux premières vagues de migration rurale survenues au lendemain de l’indépendance. Des milliers de paysans ont quitté, à cette époque-là, leurs campagnes et villages pour s’installer dans les grandes villes ou à leurs périphéries. Sans argent pour acheter des maisons, ils avaient construit illégalement leurs propres logements sur des terrains ne leur appartenant pas. Des milliers d’habitations ont, ainsi, poussé comme des champignons jusqu’à former des quartiers de bidonvilles.

 

Longuement négligé, le phénomène des constructions anarchiques continue à perdurer avec, cette fois-ci, plus d’acuité. Ainsi, prend-il, depuis la révolution, une nouvelle forme plus sévère et plus imposante. Autrefois, ces constructions servaient, pour la plupart, d’abri à de pauvres nouveaux-citadins. Cela est visiblement moins le cas aujourd’hui. Il ne s’agit plus, en effet, de construire pour se protéger du froid ou de la chaleur, mais plutôt de réaliser des fins lucratives. Il est bien remarquable que plusieurs ouvrages illégaux érigés après le 14 janvier servent de locaux à usage commercial. Des bureaux de tabac, des kiosques à journaux, des fast-foods et autres ont, ainsi, proliféré, ces dernières années, comme des métastases dans tout le pays.

 

Quand on sait le coût élevé des matériaux de construction, notamment après la flambée des prix du ciment, du fer à béton et de la main-d’œuvre, il est difficile de croire que les « propriétaires » de ces ouvrages sont des personnes à faibles revenus. Au vu des prix actuels, il faut être suffisamment aisé pour pouvoir se payer, de nos jours, des travaux de construction sans solliciter des crédits immobiliers. Les banques en Tunisie n’accordent pas de prêts immobiliers sans avoir présenté, au préalable, un permis de bâtir.

 

Profitant du laxisme postrévolutionnaire, ces constructions pullulent en plein jour. Certaines colonisent les trottoirs alors que d’autres se dressent, sans vergogne, au milieu de la voie publique.

 

Pour certaines, ces constructions peuvent être « drôles » et insolites au point que leurs photos buzzent sur les réseaux sociaux. On y voit, par exemple, une maison surplombant un local transformateur de la STEG, un bureau de tabac au beau milieu d’un trottoir ou encore une clôture privée scindant la rue en deux moitiés « des trouvailles architecturales que seul un Tunisien sait inventer !» peut-on lire comme satire sous ces images. C’est tellement désolant que l’on en rit ! D’autres sont, en revanche, plutôt navrantes que marrantes. Ainsi, au comble de l’incivisme, on remarque des commerces se dressant devant des arches romaines. Pire encore, selon l’une des photos, une porte aurait été percée, probablement par un vendeur du souk, dans la muraille de la médina de Kairouan, ville inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO.

 

Le nombre de constructions anarchiques a remarquablement augmenté à la révolution, notamment entre les années 2011 et 2012. Des boutiques, des maisons, des quartiers et même des hôtels ont sauvagement poussé, en peu de temps, devant l’inaction des autorités. La plupart ne respecte ni les normes de sécurité urbaine ni le code architectural. Outre le danger qu’elles présentent, ces constructions agressent les yeux par leur laideur et gênent, pour certaines, la circulation des piétons.

 

Le citoyen, à la fois victime et complice de ce fléau, n’est pas l’unique responsable de la prolifération des ouvrages illégaux. L’Etat en est aussi coupable par son laxisme. Le laisser faire et l’impunité ambiants au cours des deux premières années suivant la révolution ont, en effet, encouragé certains citoyens à braver la loi, sans crainte ni honte.

 

Pourtant, la législation prévoit, dans le code de l'aménagement du territoire et de l'urbanisme, des sanctions à l’encontre des contrevenants. Ainsi, toute personne procédant à des travaux de construction sans l’obtention d’un permis de bâtir est passible, selon l’article 84 du code indiqué, d’une amende allant de 1000 à 10.000 dinars. La sanction est plus lourde dans le cas d’une construction érigée sur un site archéologique. L’article 83 du code du patrimoine archéologique dispose, dans ce cas, d’une « peine d’emprisonnement d’un mois à un an » et/ou « d’une amende allant de mille à dix mille dinars ».

 

La loi autorise également les autorités administratives compétentes qu’elles soient municipalité, gouvernorat ou ministère chargé de l'urbanisme à procéder à la démolition des éléments de la construction réalisés en infraction au permis de bâtir. Celles-ci peuvent recourir, si nécessaire, à l'assistance de la force publique. « Les agents chargés d’exécuter les ordres de démolition peinent à appliquer la loi même en faisant appel à la police. Le citoyen d’avant la révolution n’est pas le même que celui d’après » nous a confié un responsable au ministère de l’Habitat.

 

Face à l’étendue du phénomène, l’Etat se retrouve acculé à des concessions. Un projet de loi a, ainsi, été élaboré pour permettre de régulariser, sous conditions, la situation de certaines constructions anarchiques. Ce projet, qui sera prochainement soumis au vote à l’ARP, concerne aussi bien les logements que les locaux à vocation touristique ou industrielle. En contrepartie, les contrevenants éligibles à la régularisation doivent payer une amende dont le montant varie selon la superficie bâtie en dehors de la loi et aussi selon la vocation du « bien ».

 

 

« Il faut remplir deux conditions essentielles pour pouvoir profiter de cette régularisation », a déclaré le directeur général de l’Habitat, Néjib Snoussi, dans une interview à Business News. « D’abord, il faut s’assurer que la construction ne présente aucun danger pour la sécurité des occupants. La deuxième condition c’est que l’ouvrage ne doit causer aucune nuisance aux autres riverains » a-t-il précisé. Et de compléter « Bien entendu les constructions érigées sur des sites archéologiques ne peuvent bénéficier d’aucune régularisation ».

 

Interrogé sur le pourcentage des constructions anarchiques servant à des fins autres que l’habitation, M. Snoussi a répondu qu’il n’y a pas de statistiques faites pour recenser leur nombre. Toutefois, il nous a révélé que 37% des logements (habitations) bâtis en Tunisie sont illégaux. « J’explique ce chiffre par la hausse du prix des terrains. Aujourd’hui, il y a de moins en moins de terrains constructibles », a-t-il soutenu.


Elyes ZAMMIT

12/04/2015 | 15:59
6 min
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Commentaires (23) Commenter
Delenda est CARTHAGO !
eshmoun
| 13-04-2015 19:59
Nous avons nous autres tunisiens un sens très particulier de la continuité à travers les âges en contribuant à parfaire la réalisation des recommandations proférées dans l'antiquité par le Romain CATON ( "il faut détruire Carthage !") et à en parachever la destruction pourtant réalisée de main de maître par le Général Scipion Émilien; à moins que nous ayons inventé la quatrième Guerre Punique revanche des Numides "colonisés" par les gens d'Elyssa"? les responsables de ces "massacres"urbanistiques-qui dans cette hypothèse correspondrait alors à un juste retour des choses- feront-ils au moins preuve de la même délicatesse que leur prédécesseur Scipion qui dit-on versa quelques larmes au spectacle de Carthage dévastée par ses soins et en flammes !
AU FAIT : QUID DES PORTS PUNIQUES transformés dès le lendemain du 14-o1 en ports de Pêche ?...de Plaisance...?on ne sait pas trop sauf que c'est louche et inadmissible .
en arrière plan, les trottoirs anarchissants
Nour BRh
| 13-04-2015 12:41
Un vrai visage du business du pauvre cette situation du pays depuis des générations .il y a déjà le manque de normalisation de la voie publique, encore aujourd'hui ....chacun son trottoir, une banalisation anarchique constatée depuis et les services municipaux sont plutôt tranquille de ce laisser faire anarchisant. Je cite la ville de hammam-Lif. Par exemple. Mon bled.
@ Léon (l'Apiculteur illusionniste)
EL-OUAFI
| 13-04-2015 12:12
Bonjour Cher compatriote, zut qu'est-ce que j'ai dis compatriote ? Non Mr Léon a Changer de nationalité d'après lui il a dit que ce peuple tellement dégoûtant je ne me reconnais plus en lui, Stop j'ai choisis une autre Nationalité qui n'existe pas sur Terre, je vous le dirai une autre fois laquelle ? Au sujet des constructions anarchiques ça ne date pas aujourd'hui "Mallacine) et cité Thadhamen et même aux portes de Carthage (el Bratels) pourquoi n'ont ils pas réagit pour dissuader toute cette Anarchie ? Il ne faut pas travestir les choses, tout mettre sur les dos des autres Ben Ali n'a t-il pas favorisé la corruption ? Pour donner aux fonctionnaires zélés de l'Etat de monnayer des transactions bidon et combien de pauvres malheureux ont modus l'Hameçon et tombés dans les pièges, dans tous les domaines à commencer par la douane pour arnaquer les "immigrés" allez-voir à nos jours ce qui se passe au retour de ces immigrés "combien te reste t-il d'Argent Tunisien ? Lui demanda le Douanier ? Oh je n'ai que quelques Dinars en Monnaie, tien donne moi-les c'est Interdit de sortir avec l'argent Tunisien, ET LE TOUR EST JOUER oui mes chers compatriotes « sauf Mr Léon hélas il n'en fait plus parti de cette Nation » ça date de belle lurette! ! ! ! (manai) le 13/04/2015
OU EST LA POLICE ???????
VIVE BEN ALI
| 13-04-2015 11:54
mais ou est la police municipale????? ah oui c vrais ils sont tous ripoux ils ont vendu leur Ames a coup de billet
Prestige de l'état
Ataturk
| 13-04-2015 11:47
Mr Béji CE ne cesse de parler du prestige de l'état, alors qu'attend le gouvernement Essid pour démolir sans délai ces constructions anarchiques? A-t-il peur?
Tout citoyen qui se respecte et a un brin d'amour pour son pays doit soutenir les démolitions, car c'est vraiment douloureux de voir nos villes enlaidies et devenues des bidonvilles géantes sous le regard de nos responsables encore irresponsables.
Rien qu'à voir les baraques construites dans le parking de bus touristiques à sidi Bou Saïd (devant le café Azizi) fait mal au coeur!
@Imed Daghbouj
wall
| 13-04-2015 11:44
Je suis tout à fait d'accord avec toi. À Ennasr, il n' y a même pas de trottoirs pour les piétons, ni de places de parkings pour les voitures et c'est honteux pour un quartier réputé "chic". Tant que la corruption continue à exister se problème existera.
Corruption
Royaliste
| 13-04-2015 11:39
il faudra une vrai lutte contre la corruption pour éliminer tous ces problèmes ...
Depuis la "Révolution" la Tunisie ressemble à la Scandinavie, au Japon, au Luxembourg..
BHN
| 13-04-2015 10:53
Depuis la "Révolution" la Tunisie ressemble de plue en plus, au plus grands pays civilsés et les plus propres au monde, tels que: la Scandinavie, le Japon, la Corée du sud, l'Allemagne, le Luxembourg, Londres, la Suisse..

A chaque coin de rue dans cette nouvelle Tunisie, il y a des poubelles publiques pour recyclage, une pour le plastique, une pour le verre et une pour le papier, tout ceci, dans un souci de protéger l'environnement.

Concernant le paysage urbain, en Tunsie, tout est harmonieux, des arbres en passant par les arbustes bien taillés et bien entretenus, pas un qui dépasse l'autre.
Même les couleurs d'Immeuble et de maison sont d'une harmonie implacapable..
Des chaussées et des trotoirs ultra bien entretenues par les collectivités publiques

Concernant le civisme, le tunisien, depuis la "Révolution" est très courtois, que ça soit dans la rue, qui ne siffle pas ou ne ricane pas lorsque'il voit une fille passé à coté de lui, au volon où il respecte le code de la route.........bref en peut dire, ENFIN, nous sommmes devenu un peuple civilisé et propre. LOL

Trêve de plaisanterie, la Tunisie depuis la "Révolution" et même avant, faut pas croire, est devenue une poubelle à ciel ouvert, il suffit de voir des maladies autrefois éradiqués, qui ont font leur réaparition.
Même un plan Marshall ne suffirait pas pour sortir notre pauvre Tunisie de cette état de délabrement à tout les niveaux.
commencez par les restos d'Ennasr
Imed Daghbouj
| 13-04-2015 10:09
Avant de jeter la pierre à ceux qui construisent des kiosques anarchiques, il faudrait commencer à appliquer la loi contre tous les restos et salons de thé d'Ennasr qui construisent en dur sur le trottoir et même sur les places de parking. Une honte!
pffffff, même pas drôle
Blu
| 13-04-2015 06:45
Rire de tout, c'est bien tunisien moi ça me fait pleurer. Chacun ses valeurs !!