
En marge de la Conférence sur l’investissement et l'entrepreneuriat et de sa rencontre avec le président de la République Béji Caïd Essebsi, la Secrétaire au Commerce américain Penny Pritzker a tenu, ce jeudi 5 mars 2015, une conférence de presse dans laquelle elle a affirmé que les Etats-Unis sont prêtes à soutenir les efforts de l’Etat tunisien.
Penny Pritzker a souligné que la Tunisie doit engager des réformes dans 4 volets qui permettront d’installer un environnement favorable pour l'investissement : le code de l'investissement, le secteur bancaire, le système de taxation fiscale et douanière et le partenariat public privé. Le pays doit parvenir à intégrer l’économie parallèle dans le circuit formel.
Mme Pritzker a rappelé que les Etats-Unis soutiennent la Tunisie depuis quelques années et que le gouvernement Obama travaille au développement du partenariat entre les deux pays. Elle a annoncé que le Département d’Etat américain compte porter son aide à plusieurs entreprises tunisiennes à travers une formation qui permettra aux gagnants de bénéficier de plusieurs avantages. Pour sa part, l’Agence américaine de coopération technique va aider la création de 25.000 postes d’emplois dans les prochaines années.
La Secrétaire au Commerce a souligné que les réformes sont importantes à entreprendre avant de procéder à un accord de libre échange, notant que le gouvernement tunisien est conscient de l’urgence de ces réformes. Il est prêt à ouvrir ces chantiers, qui permettront d’encourager les investisseurs à investir en Tunisie, et à résoudre toutes les problématiques afférentes.
On notera que Mme Pritzker a cité quelques domaines de coopération possible entre les pays : l’agriculture, le tourisme, les énergies renouvelables, les technologies d’information et de communication, le développement de programmes ainsi que les industries chimiques, électroniques et mécaniques.

Ce que je propose est de d'améliorer d'abord les réformes en Tunisie en utilisant une approche pragmatique, intégrale, gradualiste mais en particulier scientifique avec un accent sur l'efficacité des résultats, pour atteindre la croissance tout en garantissant l'équilibre des richesses entre les différentes couches sociales.
Les réformes du temps de notre ex-troïka devraient conduire à des prix corrects et favorables au marché pour permettre aux Tunisiens de s'habiller, d'habiter et de manger à bon prix. Il s'agit d'un but très important et que je partage pleinement. Mais seulement, les résultats ont été dans le sens contraire et ainsi les indicatrices macro-économiques clefs (les taux de change et le taux d'intérêt) ont eu tendance à sortir de l'alignement montrant une grande instabilité' Il ne s'agissait pas de malchance, mais c'était plutôt une conséquence de la façon dont notre troïka a mené la politique macroéconomique, la politique commerciale et la politique financière. Notre ex-troika a fait des erreurs mathématiques en se bornant à l'idée de garantir l'équilibre budgétaire et ceci en négligeant les dépenses publiques indispensables pour la croissance.
Les résultats les plus médiocres du temps de notre ex-troïka étaient les résultats de l'insuffisance d'investissement productif et par conséquent, dans la faiblesse de la croissance.
La clef est d'investir plus et mieux. Il n'y a pas de pays dans le monde qui a connu une croissance soutenue, sans avoir investi de façon appropriée et adaptée. Les éléments essentiels pour expliquer l'investissement sont le taux d'intérêt et le taux de change. Je ne peux pas produire, si je dois pays chers les biens intermédiaires d'importation. Je ne peux pas investir si le taux d'intérêt est très haut.
Puis, notre ex-troïka a adapté l'idée de prendre 'tout ce qui vient, même de court terme et volatile ', alors qu'il fallait renoncer à l'excès de fonds de court terme. Les endettements à court terme ne se dirigent pas vers l'investissement productif car celui-ci nécessite du temps. Ce qui se passe alors, est que les nouvelles ressources financières qui arrivent pour un court terme se dirigent vers la consommation, et en particulier, vers la consommation de produits importés, financées avec de la devise étrangère, venant de l'extérieur. Et ainsi notre pays reste sans capacité productive et quand arrive l'ajustement récessif, pour le recouvrement de la dette, celui-ci est très gênant pour notre économie car on ne dispose pas d'outils pour l'absorber efficacement. Ce qui nous conduit à plus de chômage et à plus de dettes extérieures, à la chute de l'activité économique et à la diminution de l'investissement productif.
Dr. Jamel Tazarki