
Le meeting du candidat à la présidentielle et actuel président de la République Moncef Marzouki a généré une effervescence particulière dans la ville de Sfax aujourd’hui, samedi 15 novembre 2014.
Un dispositif sécuritaire très renforcé a été déployé au centre-ville et plusieurs rues ont été fermées à la circulation afin de sécuriser la venue de Moncef Marzouki à Sfax. De grands moyens ont également été déployés dans l’organisation du meeting du candidat dans la région. Un écran géant a été installé dans les « 100 mètres », plus importante place de la ville de Sfax située en face du théâtre municipal, afin de permettre aux passants et autres citoyens de prendre part au discours de Moncef Marzouki qui s’est tenu un peu plus loin à l’entrée principale de la Médina, à la place de Bab Diwan.
Là encore, un autre écran géant a été installé afin de permettre à tous les présents d’assister au meeting. L’événement a généré une importante présence de partisans de l’actuel président mais aussi de curieux et de passants qui faisaient leurs courses dans les galeries marchandes et marchés avoisinants et qui ont souhaité prendre part à l’événement.
Les positions des présents étaient mitigées malgré les nombreux slogans clamés par la foule reprenant ceux des chauffeurs : « Nous voulons de nouveau Marzouki », ou encore « Adieu au clan destourien », en référence à son rival Béji Caïd Essebsi qui a tenu un meeting à Tunis, en même temps. Cette visite a été particulièrement saluée par certains riverains qui ont fait remarquer qu’il s’agissait-là « du premier meeting populaire organisé par un président de la République dans la ville de Sfax ». On notera cependant qu’il s’agit du premier meeting de Moncef Marzouki et qu’aucun événement pareil n’a été organisé avant la campagne électorale pour la présidentielle.
D’un autre côté, des présents au meeting ont critiqué Marzouki et des dégage se sont élevés de la foule : « Le peuple tunisien est un peuple libre, ni Etats-Unis, ni Qatar », pouvait-on entendre en référence aux relations entretenues par Marzouki avec l’Etat du Qatar.
Devant les milliers qui étaient venus à son meeting, Moncef Marzouki était fidèle à son argumentaire. Il a tenu, en effet, un discours qui déprécie, voire diabolise, ses adversaires politiques du camp opposé. « Ils ont affiché leur intention de dissoudre l’instance Vérité et Dignité pour qu’il n’y ait pas de reddition » a-t-il lâché. Puis, il continue en surfant toujours sur les peurs : « Vous avez dû entendre parler du jeune qui s’est retrouvé en garde à vue puis comparu devant les tribunaux parce qu’il a critiqué sur son mur une personnalité politique (parlant ici de Béji Caïd Essebsi mais sans le citer) ». Ensuite il conclut : « Ils ont commis tout cela, alors qu’ils ne sont pas encore au pouvoir. Je vous laisse imaginer ce qu’ils pourraient faire s’ils y seront un jour».
M. Marzouki appelle à élire un président qui soit garant des libertés « Préservez la démocratie en votant pour celui qui défend les libertés et les protège » a-t-il dit. La deuxième condition, poursuit-il, pour sortir indemne de cette phase transitionnelle, est de créer un climat de stabilité qui nécessite, d’après lui, un équilibre entre les pouvoirs et aussi un gouvernement d’union nationale. « L’omnipotence c’est quand un seul parti domine tous les pouvoirs : exécutif et législatif » a-t-il ajouté.
L’actuel chef d’Etat est également revenu sur certaines critiques qui lui avaient été adressées « On me reproche mes rencontres avec les salafistes alors qu’il est de mon rôle en tant que président d’écouter les Tunisiens de toutes les couleurs politiques. J’ai reçu ces jeunes comme j’ai reçu également Béji Caïd Essebsi et Hamed Karoui. Je l’ai fait parce que je me suis comporté en tant que chef d’Etat et non en tant que chef de parti ».
Il est à noter que le meeting s’est déroulé sans accrocs malgré le grand nombre de manifestants présents en pleine rue, et ce grâce à un dispositif sécuritaire déployé à chaque coin de rue.

