Par Mehdi Rebai*

A présent, nous pouvons essayer de déchiffrer les résultats des élections législatives du 26 octobre en Tunisie. Les trois premières choses qui se dégagent rapidement sont les suivantes :

- Deux partis accaparent 70% des sièges au sein de la future assemblée du peuple,

- Uniquement 3,5 millions (40%) des Tunisiens ont participé aux élections,

- Emergence de nouveaux partis pendant que d’autres ont perdu la confiance des Tunisiens.

On peut dire clairement que, durant cette campagne, il y avait Ennahdha, Nidaa et les autres. Ces deux partis ont réussi à avoir 70% des sièges à l’assemblée. Leurs positionnements respectifs, leurs moyens énormes ainsi que la tension qu’ils ont réussi à mettre en place entre eux ont réussi à convaincre 2,2 millions (28%) de Tunisiens et à limiter leurs choix à ces deux partis. Cette tension bien entendu était alimentée des deux côtés car cela les arrangeait bien. Chacun d’eux se proclamant d’être le Bien et l’adversaire étant, bien entendu, le Mal. Malheureusement pour leurs partisans, en politique, rien n’est blanc et rien n’est noir ; tout est souvent gris. Le temps également, je pense, nous fera comprendre que, selon le mode de scrutin actuel et selon la constitution actuelle, un troisième parti doit absolument voir le jour pour pouvoir être une sorte d’arbitre entre ces deux protagonistes. Un troisième parti à 35, 45 députés résoudrait pas mal de casse-têtes aux leaders de ces deux partis pour créer un gouvernement stable et cohérent.

L’offre politique proposée par les autres forces émergentes ainsi que les partis pré14 janvier n’ont pas réussi à pousser les Tunisiens en masse aux urnes. A chacun de ces partis manque cruellement un ou plusieurs maillons pour avoir un parti de masse. A certains, il manque la crédibilité, le leadership, les moyens financiers ; à d’autres il manque les idées, les moyens humains, l’organisation, les cadres. Trois partis ont quand même réussi à tirer leur épingle du jeu : Jabha avec leur idéologie claire et le regroupement de tous les partis d’extrême gauche ; UPL avec des moyens financiers énormes (combien de temps ce « parti » tiendra-t-il ou allons-nous plutôt vivre le scénario Aridha ?) et Afek Tounes qui à travers beaucoup de travail de la part de ses militants et une organisation proche des demandes et des envies des citoyens a réussi à avoir la confiance de plus de cent mille Tunisiens. Un de ces trois partis sera normalement le parti de l’avenir de la Tunisie.

Donc pour résumer, durant cette joute électorale il y a eu deux combats différents : le premier combat, celui des poids lourds, remporté par Nida et c’est tant mieux pour la démocratie car entre autres il va y avoir une alternance de la gouvernance à travers les urnes. Pour les poids moyens (parti pré et post 14 janvier) je considère que Afek à remporté ce combat et que l’avenir sera radieux pour lui, s’il sait prendre les bonnes décisions maintenant qu’il fait partie de la cour des grands.

*Mehdi Rebai est dirigeant de Afek