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LFC 2014 : Le gouvernement fait les poches aux Tunisiens
08/07/2014 | 1
min
LFC 2014 : Le gouvernement fait les poches aux Tunisiens
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Les Tunisiens ploient sous le poids de la situation économique difficile que connait le pays. La Loi de finances complémentaire pour l’exercice de 2014, vient en rajouter une couche en introduisant un certain nombre de mesures dans le but de renflouer les caisses de l’Etat et de réduire sa contribution dans la caisse de compensation. La question du laminage de la classe moyenne est d’autant plus d’actualité, à la lumière des nouvelles taxes, qu’elle souffre déjà de l’endettement et de l’augmentation de l’inflation. Une loi, censée pallier au déficit budgétaire, est en phase d’alourdir encore plus les charges des ménages tunisiens.


Le projet de Loi de finances complémentaire pour l'année 2014, vise à «garantir une meilleure protection des catégories à faibles revenus, malgré les pressions financières. Le devoir de l’Etat étant de protéger ces catégories », a affirmé le chef du gouvernement Mehdi Jomâa à l’occasion de la remise dudit projet au président de l’Assemblée nationale constituante, en vue de son examen.

D’aucuns ont reconsidéré les propos du chef du gouvernement en même temps que les nouvelles mesures, intégrées à la Loi de finances complémentaire, ont été dévoilées dans les médias. Bénéficiant d’une grande popularité parmi les citoyens, le gouvernement technocrate et à sa tête, Mehdi Jomâa, essuie pour la première fois après son investiture, les critiques virulentes du Tunisien. A son avènement, le gouvernement Jomâa a su instaurer un climat de stabilité politique, absorbant un tant soit peu les tensions prévalant durant la gouvernance de la Troïka. Le Tunisien lambda a été séduit par cette équipe dynamique en attachant l’espoir de voir sa situation économique, qui dégringolait à vue d’œil, s’améliorer.

« Un gouvernement de compétences dites-vous ? Non ! Un gouvernement qui cherche à dépouiller le citoyen, et tous les moyens sont bons pour y arriver», proclame une jeune entrepreneure qui vient d’ouvrir sa boîte. Voilà ! Rien ne va plus entre l’opinion publique et le gouvernement technocrate.

Les nouvelles mesures attisent la controverse, au bureau, au marché ou au café après la rupture du jeûne, il n’est question que des nouvelles taxes qui devront être imposées aux Tunisiens. « C’est le coup de grâce qu’on nous assène là ! On était au bord du gouffre, mais cette loi est métaphoriquement la main qui nous pousse dedans », déclare un fonctionnaire père de famille. « On s’en sortait difficilement auparavant, maintenant on va étouffer ! » a-t-il ajouté.

Les contestations fusent de toutes parts, c’est que la Loi de finances complémentaire a eu l’effet chez certains d’une énième régression, d’une sempiternelle sanction. On entend ça et là des personnes se disant de plus en plus nostalgiques de l’ère Ben Ali et regrettant cette révolution qui a tout chamboulé.

Parmi les mesures phares annoncées, la mise en place d’une contribution exceptionnelle pour soutenir le budget de l’Etat. Un prélèvement sur salaire devra ainsi être effectué, touchant les salariés, et ce au cours du deuxième semestre de 2014. Ce prélèvement automatique, variera de 1 à 6 jours et concernera les employés ayant un revenu annuel égal ou supérieur à 10.000 dinars. Une enveloppe de 320 MD, soit près du quart de l’ensemble des recettes escomptées par les nouvelles mesures de l’ordre de 1,113 milliard de dinars. Les citoyens qui peinent à joindre les deux bouts et qui n'arrivent plus à finir les fins de mois verront donc leurs salaires ponctionnés.

Par ailleurs, l’augmentation des prix du carburant affectera directement les consommateurs. Cette augmentation, qui permettra de réduire le volume de la subvention de l’Etat, constitue une préoccupation majeure pour le citoyen. En effet, la conséquence logique en serait une hausse des prix touchant plusieurs secteurs. A ce propos, l’UGTT a exprimé son indignation face à cette hausse qu'elle juge contraire aux engagements pris au cours du dialogue économique. La centrale syndicale a fait porter la responsabilité au gouvernement des conséquences qui en découleront et qui auront des retombées négatives sur l’inflation des prix et le pouvoir d’achat des ménages. Il est à noter que la hausse des prix du gasoil impactera directement le coût des produits agricoles, des produits de pêche et du transport. De son coté, l’Organisation de défense des consommateurs (ODC) a vivement condamné la majoration des prix du carburant, et ce pour la troisième fois consécutive après la révolution avec des taux élevés et excessifs. Les classes moyennes et pauvres qui souffrent de la détérioration de leur pouvoir d’achat ne seront pas épargnées, comme indiqué par le chef du gouvernement Mehdi Jomâa, au contraire ! En effet, le consommateur sera amené à payer la facture finale, puisque la hausse des prix de l’énergie se répercutera sur tous les produits de consommation et les services. L’ODC a considéré la décision de la majoration des prix du carburant comme étant une déviation du rôle principal de l’Etat : celui de la protection du consommateur et du renforcement de son pouvoir d’achat.

Autre mesure intégrée dans la FLC, et qui a suscité l’étonnement et la moquerie du citoyen tunisien, celle de l’imposition d’un timbre fiscal de 30 dinars, devant rapporter aux recettes de l’Etat un million de dinars, aux nouveaux mariés. Des blagues en tous genres ont fusé sur les réseaux sociaux, épinglant cette mesure insolite, et condamnant avec humour certes, un Etat qui cherche par tous les moyens possibles à dépouiller le citoyen. Outre les nouveaux mariés, les fans du jeu à cagnotte « Promosport », ne seront pas en reste puisqu’ils devront payer 100 millimes supplémentaires pour chaque dinar joué, une mesure qui drainera 4 MD au profit des recettes fiscales. Les consommateurs de cigarettes ne seront pas épargnés non plus, la Loi de finances complémentaire prévoyant une augmentation des prix du tabac, devra récolter une somme estimée à 50 MD. Certains se rabattront sur le marché parallèle, où le prix d’un paquet de cigarettes est conséquemment moins cher. D’autres opteront pour la nouvelle tendance de la cigarette électronique ou arrêteront carrément de fumer. Tant mieux pour la santé publique ! Wael, un jeune étudiant est indigné par cette nouvelle mesure : « Même les petits plaisirs de la vie, le gouvernement veut nous les confisquer, maintenant on ne peut plus se permettre de fumer une cigarette ! Ça promet ! », précise-t-il.

Les conducteurs de voitures seront aussi touchés par une mesure devant générer 7 MD aux recettes de l’Etat, une taxe imposée à la valeur du timbre fiscal à la circulation des véhicules sera mise en place par la LFC 2014. En outre, les utilisateurs de téléphones se verront imposer une taxe de 100 millimes supplémentaire sur les cartes de recharge téléphoniques. Les communications seront donc plus chères… Une nouvelle taxation verra le jour et produira 3 MD, elle concernera les inscriptions des affaires auprès des tribunaux, 30 dinars pour la Cour d’appel, 50 dinars pour la Cour de cassation et le Tribunal administratif. C’est dire l’étendue de telles mesures qui mettront le citoyen tunisien au pied du mur et l’acculeront plus qu’il ne l’est déjà.

La situation est d’autant plus critique que les chiffres publiés récemment par l'Institut national de la Statistique (INS) viennent la confirmer. Ainsi l’indice des prix à la consommation familiale pour le mois de juin 2014 en Tunisie a atteint 5,7%. L’inflation a vu une augmentation exponentielle ces derniers mois. Les hausses ont donc touché, selon le rapport de l’INS, les prix des produits alimentaires, les prix de l’habillement, du transport ou encore les prix de l’eau, de l’électricité du gaz et du logement.

Depuis la révolution, les prix n’ont cessé de flamber atteignant des niveaux excessifs. Les Tunisiens très affectés par la baisse de leur pouvoir d'achat appréhendent l’aggravation de leur situation avec les nouvelles mesures de la Loi de finances complémentaires de 2014. Ils sont loin d’être rassurés par ces dispositions dont ils avaient espéré une issue à la situation socio-économique en crise. Des hausses des coûts de la vie perçues comme étant un revers de la révolution tunisiennes pour une grande majorité des citoyens. Faut-il dire que c’est le prix à payer pour la liberté et la dignité ?

Ikhlas Latif
08/07/2014 | 1
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