Par Mustapha Mezghani

Je voudrais m'adresser à ceux qui considèrent que la situation actuelle de la Tunisie, qu’elle soit économique, sociale, sécuritaire ou autre, et que, plus particulièrement, les assassinats et meurtres enregistrés au cours des derniers jours sont la conséquence de l’échec du gouvernement.
Au risque de les choquer, je dirais que je ne partage pas leur avis et que, personnellement, je considère que ce gouvernement n’a pas échoué, mais réussi et justement, la situation actuelle du pays est due à cette réussite flagrante du gouvernement.
Acceptons un fait : la conception du rôle du gouvernement peut changer d’une personne à l’autre et peut diamétralement s’opposer, que l'on soit progressiste-moderniste ou islamiste, tout comme cela est le cas des notions de liberté, de démocratie ou de différentes autres notions.
Ce gouvernement islamiste de la Troïka s'est défini une mission claire et a œuvré, dès les premiers jours, dans ce sens et le moins que l'on puisse dire est qu'il a réussi dans sa mission.
Il a réussi dans la bipolarisation du peuple tunisien, il a réussi dans sa mission d'instauration d'un environnement de violence et d'instabilité, il a réussi dans sa mission d'embrigadement d'une partie de la population, il a réussi dans sa mission de venir au pouvoir par la légitimité et d'y rester le plus longtemps possible.

Vous souvenez-vous des différentes vidéos relatives à des réunions fermées des leaders d’Ennahdha qui ont été divulguées ? Vous souvenez-vous de leur contenu et des messages adressés à leurs partisans, messages démentis dès qu’ils ont été portés au public ?
Vous souvenez-vous des appels à la haine et à la violence portés par les leaders d’Ennahdha et du CPR en réunions publiques et démentis par la suite ?

Vous souvenez-vous du contenu des prêches des soi-disant cheikhs importés et de leurs appels à la violence et à la sédition (fitna) ?

Vous souvenez-vous de la polémique systématiquement lancée du reportage sur le salafisme en Tunisie ? La réaction officielle et officieuse est immédiate et ne parle que de complot contre le tourisme et l’économie tunisienne comme si cela était pure invention et que le salafisme n’a jamais existé en Tunisie.

Vous souvenez-vous du nombre de terroristes qui ont bénéficié de grâce présidentielle ?

Vous souvenez-vous de l’impunité ou de la clémence accordée aux extrémistes et islamistes pour les actes qu’ils ont commis ?

Tout cela fait partie d’un programme savamment tracé qui a abouti à la situation actuelle de la Tunisie.
Il est malheureux de constater que ce qui s'est passé hier au Chaâmbi fait partie du programme de la Troïka islamiste et c'est pour cela que son gouvernement a toujours démenti l'existence de camps d'entraînement alors que les sources aussi bien nationales qu'internationales ne cessaient de le crier haut et fort. C'est pour cela qu'il a laissé faire la "salafisation" des mosquées et c'est pour cela qu'il n'a rien voulu faire contre les embrigadés partis s’entraîner en Syrie et en Libye.

Ces jeunes embrigadés serviront de bras armé en cas de besoin, et le besoin commence à se faire sentir.
D’ailleurs, ces jeunes salafistes ne rappelaient-il pas au leader islamiste sa jeunesse ?
N’auguraient-ils pas, à ses dires, d’une nouvelle culture ?
C’est justement cette culture que la Troïka islamiste et son gouvernement ont voulu instaurer, une culture de haine, une culture de violence, une culture de terrorisme.
C’est cette culture qui leur permettra de se maintenir au pouvoir et c’est justement là leur objectif : se maintenir au pouvoir.
En c'est en raison de la réussite de ce gouvernement, dans ses noirs desseins, qu’il doit être remplacé par un autre capable d’instaurer une paix sociale et un environnement de cohabitation, de tolérance et d’acceptation de tous les Tunisiens quelles que soient leurs orientations politiques ou leurs affinités religieuses.