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Tunisie : Ennahdha fait son show devant les journalistes
03/06/2011 |
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Tunisie : Ennahdha fait son show devant les journalistes
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Devant un parterre de journalistes, nationaux et internationaux très nombreux, des membres du Bureau politique du Parti Ennahdha, conduits par Hamadi Jebali, secrétaire général du Parti, ont donné jeudi 2 juin 2011 une conférence de presse pour présenter la nouvelle identité visuelle du Mouvement.
La salle « Le Bardo » de l’Hôtel International de Tunis arrivait, à peine, à contenir la foule de journalistes, de photographes et de cameramen. De leur côté, un bon nombre de membres d’Ennahdha s’affairaient à veiller au grain pour que tout se passe sans le moindre hic.
Les organisateurs ont veillé au moindre détail ne laissant rien au hasard, y compris la présence d’une jeune fille non voilée avec un look hautement branché, comme pour dire que les responsables d’Ennahdha ressemblent aux personnes ordinaires et sont des hommes et femmes politiques comme les autres.


La conférence a démarré par un speech donné par Hamadi Jebali qui a mis en exergue le rôle de la jeunesse au sein du Mouvement. Et après avoir brossé un bref exposé sur l’historique du Parti, il est passé à la justification de la création d’un nouveau logo.
La Tunisie a changé après la révolution, le monde a changé et Ennahdha doit changer, a-t-il précisé avant d’indiquer qu’il s’agit d’un œuvre réalisée par des jeunes créateurs appartenant au Parti. On est intervenu, juste pour émettre quelques remarques avant d’adopter le travail élaboré et exécuté, entièrement, par des jeunes.

Créé, au départ en 1981 par un groupe de jeunes, Ennahdha est convaincu de la nécessité du rajeunissement en cette étape, insiste M. Jebali qui a annoncé qu’un mouvement de jeunesse, militante et démocrate va bientôt voir le jour.
Place a été laissée, ensuite, à une projection vidéo commentée sur le pourquoi, le comment et les différentes étapes pour la confection de cette nouvelle identité visuelle. Mieux se démarquer des autres, garder une image marquante et gagner une facilité de perception et de communication sont les grandes lignes directrices de cette nouvelle création telle que présentée par un jeune d’Ennahdha qui a demandé de parler dans un dialecte tunisien décontracté mêlant français et arabe.
Le logo a été mis en œuvre sur deux phases. Celle du teasing et celle du revealing. Fondé sur le thème de l’entraide et de la solidarité (tout est fait « main dans la main »), le logo prêche les symboliques de la Tunisie et du Parti.
On y retrouve, ainsi, la colombe, symbole de la paix et de la liberté, l’étoile, symbole du drapeau national et des 5 fondements de l’Islam, et les feuilles d’olivier, fruits sacralisé par le Coran et une des spécificités de l’agriculture tunisienne. Et toute l’image est dirigée vers le haut, symbole du décollage et de l’évolutivité.
Au dessous du logo, une trilogie est inscrite : « Liberté – Justice – Développement ».
A noter que de nombreuses applications de ce logo ont été déjà utilisées. On citera notamment son impression sur une chemise blanche, sur un drapeau, sur un bol, sur les cartes de membres, sur Facebook, sur un pin’s et même sur des smartphone et Ipad.

Passant aux questions des journalistes, et après avoir précisé qu’il ne parlerait pas de politique, Hamadi Jebali a fini par céder sur insistance des journalistes.
Commençant par le retrait du Parti de l’Instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique, Hamadi Jebali n’y est pas allé de main morte.
« L’Instance vient de commettre sa plus grave erreur en passant à la prise de décisions par vote, a lancé M. Jebali, alors qu’elle a été mise en place pour agir par consensus. Et après tout, cette Instance autoproclamée n’a aucune légitimité, n’obéit ni à des critères ni à des normes et pourtant, elle se permet de voter des choix et de prendre des décisions sans passer par le principe du consensus !
Et c’est justement pour sauvegarder ce consensus, qu’il faut absolument retrouver, que nous avons quitté l’Instance qui outrepasse ses prérogatives en examinant des projets hors de ses compétences. Il s’agit d’une imposture que le peuple n’acceptera jamais, conclut le responsable d’Ennahdha. »

D’autre part, il va de soi que quelques représentants de médias n’ont pas raté l’aubaine pour tenter de tourner en dérision la présence de cette jeune fille très « in » à la tribune officielle en se demandant si elle n’est pas là juste pour le décor ou la galerie.
Et à M. Jebali de répondre qu’elle est là, parce qu’elle est convaincue des principes du parti qui ouvre ses portes à tous ceux et toutes celles qui veulent y adhérer sans aucune discrimination.
Quant à la tenue vestimentaire, le responsable d’Ennahdha en a profité pour réitérer qu’il s’agit d’une affaire strictement personnelle qui entre dans le cadre des libertés individuelles et dans laquelle le parti, qui a une vocation uniquement politique, n’interfère pas.

Prié de se prononcer sur certains appels parus sur Facebook sur l’idée du « takfir », sur la question du double langage d’Ennahdha et sur l’éventuel prochain méchant ogre que constituerait Ennahdha s’il parvenait au pouvoir, Hamadi Jebali a précisé que son parti ne se sent nullement engagé par ce qui paraît sur Facebook.
Toutefois, et sans nier certaines différences entre les dirigeants et la base, il a affirmé que le langage du Parti est, désormais, cohérent en faveur de la modernité et de l’évolution.
« Nous sommes un parti qui évolue vers une structure grandiose et moderne dans tous les domaines de la vie nationale, a-t-il indiqué, avant d’ajouter qu’Ennahdha ne sera jamais un second RCD et qu’il n’a jamais prôné l’esprit de vengeance, car l’heure est au travail. Et tous les procès auxquels on assiste actuellement sont des règlements de compte qui ne nous concernent pas », a-t-il conclu.

A une question sur le coût de l’opération de la nouvelle identité visuelle, posée par un journaliste qui a trouvé les vidéos habilement montés et dignes d’un Spielberg, le jeune Nahdhaoui qui a présenté la projection, a donné le chiffre de deux mille dinars, précisant sur un ton ironique (tout en adoptant un air sérieux) que Spielberg a été prié de collaborer à cette action d’Ennahdha, mais il a décliné la demande.
Et quand le journaliste a fait part de son manque d’appréciation de cette ironie, le jeune Nahdhaoui a rétorqué : « Vous m’avez parlé de Spielberg et je vous ai répondu ! ». Ambiance !
Répondant à une provocation d’une autre journaliste qui lui a fait, d’une manière hautaine, une remarque sur son français, il lui a répondu humblement qu’il n’a jamais prétendu le contraire et que dès le départ, il avait avoué ses lacunes en la matière.
On notera que Hammadi Jebali a zappé deux questions de Business News relatives à ce qu'il y a d'islamiste dans le programme d'Ennahdha et au nombre de ses militants.

A la sortie de la salle de conférence, chaque journaliste a eu droit à un gadget constitué d’une clé USB combinée à un stylo, bien entendu, portant le nouveau logo.
C’est clair, par cette conférence de presse, Ennahdha voulait donner l’image d’un parti moderne, maîtrisant parfaitement les nouvelles techniques en matière de communication et de marketing, ayant de grandes capacités, humaines et matérielles, et composé de militants ressemblant à Monsieur et Madame tout le monde.
Demeure cependant la question si Monsieur et Madame tout le monde seront convaincus par les différents shows et les beaux discours. Réponse le jour des élections.
03/06/2011 |
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