Chroniques
Le scandale, parce que je le veux bien

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Par Nizar BAHLOUL
Il s’appelle Bernard Kouchner. Il est ministre. Avant de le devenir, il était consultant pour des pays « démocratiques » africains. Il leur pondait des études de conseil et d’audit et ils lui remettaient des chèques. De gros chèques.
Il a également été consultant pour le compte de la firme pétrolière Total qui l’a mandaté, en 2003, pour une mission à la « très démocratique » Birmanie. Total lui a remis un beau chèque et Kouchner a pondu un charmant rapport faisant écran total sur le travail forcé en Birmanie (selon le titre utilisé alors par le Nouvel Obs).
De temps à autre, Kouchner émet quelques phrases assassines à l’égard de la politique tunisienne.
S’il était représentant d’une ONG ou d’un organe de presse, cela passerait volontiers, ça serait son rôle et il est aberrant de contester aux ONG ou aux journalistes d’effectuer leur mission. De défendre convenablement des causes aussi justes que les droits de l’Homme ou la liberté d’expression.
Mais il se trouve que Kouchner est devenu ministre des Affaires étrangères de la France (il ne remerciera jamais assez Sarkozy) et a abandonné, hier pour l’argent et aujourd’hui pour le prestige, son rôle de représentant humanitaire. Pire, il confond son image d’humaniste avec son rôle de ministre.
Le hic, c’est que cette confusion n’est valable qu’avec certains pays. Le ministre retrouve toute sa lucidité et sait se retenir quand il s’agit d’Arabie Saoudite, où il n’y a ni liberté ni expression, d’Israël où il y a près de dix mille prisonniers palestiniens sans procès, de la Russie où l’on a enregistré la mort de plusieurs journalistes cette année, ou encore des charters français remplis d’immigrés afghans illégaux. Dans pareils cas, il oublie sa casquette humanitaire et revêt sa veste de membre de gouvernement avec ses obligations de réserve.
Curieusement, cette obligation de réserve disparaît quand il s’agit de prononcer des phrases assassines à l’égard d’un pays dont le gouvernement entretient d’excellentes relations avec le sien.
Où est l’intérêt ? Quel est l’objectif ? Politiquement, c’est néfaste, humainement, c’est improductif.
Avec son ingérence et ses phrases assassines (inutiles), en ménageant les uns et en tançant les autres, Kouchner ne réussit qu’à compliquer la situation et à donner de la matière à tous ceux qui cherchent à casser les relations entre la Tunisie et la France.
Il gène les 600.000 Tunisiens vivant en France, les 25.000 Français vivant en Tunisie (en plus de 1200 entreprises) et menace les intérêts économiques entre les deux pays et leurs 13 milliards de dinars d’échanges annuels. Il dessert totalement la cause qu’il prétend défendre parce qu’il est décrédibilisé par son historique et par son présent avec ses deux vestes et ses prises de positions marquées par le fameux concept des deux poids deux mesures.
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Celle-là, elle s’appelle Shahar Peer. C’est une joueuse de tennis. Elle est Israélienne. Elle devait participer à un tournoi de tennis à Dubai, mais les autorités locales lui ont refusé son visa d’entrée. Ne cherchez pas trop les raisons du refus, elles sont liées à la nationalité de Peer. Il y a de quoi crier au scandale qu’on interdise un visa à une sportive en compétition dans un tournoi international et plusieurs ne s’en sont pas privés. Ils ont crié au scandale. On a tellement crié au scandale qu’on a fini par sanctionner lourdement les organisateurs du tournoi. On réfléchit même à le supprimer, ce tournoi.
Lui, il s’appelle Slim Hamza. C’est un joueur de tennis. Il est Tunisien. Il devait participer à deux tournois de tennis aux Etats-Unis, mais le consulat américain lui a refusé son visa d’entrée. Ne cherchez pas trop les raisons du refus, elles sont apparemment liées au patronyme de Hamza puisque d'autres de son équipes ont pu obtenir leur sésame. Pourquoi lui ? N'empêche, il y a de quoi crier au scandale qu’on interdise un visa à un sportif en compétition dans deux tournois internationaux, mais personne n’a crié au scandale. Personne n’a défendu notre jeune de 17 ans qui a décroché, avec mérite et brio, sa place au tableau final. Personne n’a sanctionné les organisateurs et personne ne réfléchit à supprimer le tournoi. Ce qui est valable pour les uns ne l’est pas systématiquement pour les autres. Tout dépend, en fait, de la nationalité et des intérêts de la partie visée. Il y a ceux qui méritent les scandales et ceux qui méritent les éloges.
Il s’appelle Bernard Kouchner. Il est ministre. Avant de le devenir, il était consultant pour des pays « démocratiques » africains. Il leur pondait des études de conseil et d’audit et ils lui remettaient des chèques. De gros chèques.
Il a également été consultant pour le compte de la firme pétrolière Total qui l’a mandaté, en 2003, pour une mission à la « très démocratique » Birmanie. Total lui a remis un beau chèque et Kouchner a pondu un charmant rapport faisant écran total sur le travail forcé en Birmanie (selon le titre utilisé alors par le Nouvel Obs).
De temps à autre, Kouchner émet quelques phrases assassines à l’égard de la politique tunisienne.
S’il était représentant d’une ONG ou d’un organe de presse, cela passerait volontiers, ça serait son rôle et il est aberrant de contester aux ONG ou aux journalistes d’effectuer leur mission. De défendre convenablement des causes aussi justes que les droits de l’Homme ou la liberté d’expression.
Mais il se trouve que Kouchner est devenu ministre des Affaires étrangères de la France (il ne remerciera jamais assez Sarkozy) et a abandonné, hier pour l’argent et aujourd’hui pour le prestige, son rôle de représentant humanitaire. Pire, il confond son image d’humaniste avec son rôle de ministre.
Le hic, c’est que cette confusion n’est valable qu’avec certains pays. Le ministre retrouve toute sa lucidité et sait se retenir quand il s’agit d’Arabie Saoudite, où il n’y a ni liberté ni expression, d’Israël où il y a près de dix mille prisonniers palestiniens sans procès, de la Russie où l’on a enregistré la mort de plusieurs journalistes cette année, ou encore des charters français remplis d’immigrés afghans illégaux. Dans pareils cas, il oublie sa casquette humanitaire et revêt sa veste de membre de gouvernement avec ses obligations de réserve.
Curieusement, cette obligation de réserve disparaît quand il s’agit de prononcer des phrases assassines à l’égard d’un pays dont le gouvernement entretient d’excellentes relations avec le sien.
Où est l’intérêt ? Quel est l’objectif ? Politiquement, c’est néfaste, humainement, c’est improductif.
Avec son ingérence et ses phrases assassines (inutiles), en ménageant les uns et en tançant les autres, Kouchner ne réussit qu’à compliquer la situation et à donner de la matière à tous ceux qui cherchent à casser les relations entre la Tunisie et la France.
Il gène les 600.000 Tunisiens vivant en France, les 25.000 Français vivant en Tunisie (en plus de 1200 entreprises) et menace les intérêts économiques entre les deux pays et leurs 13 milliards de dinars d’échanges annuels. Il dessert totalement la cause qu’il prétend défendre parce qu’il est décrédibilisé par son historique et par son présent avec ses deux vestes et ses prises de positions marquées par le fameux concept des deux poids deux mesures.
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Celle-là, elle s’appelle Shahar Peer. C’est une joueuse de tennis. Elle est Israélienne. Elle devait participer à un tournoi de tennis à Dubai, mais les autorités locales lui ont refusé son visa d’entrée. Ne cherchez pas trop les raisons du refus, elles sont liées à la nationalité de Peer. Il y a de quoi crier au scandale qu’on interdise un visa à une sportive en compétition dans un tournoi international et plusieurs ne s’en sont pas privés. Ils ont crié au scandale. On a tellement crié au scandale qu’on a fini par sanctionner lourdement les organisateurs du tournoi. On réfléchit même à le supprimer, ce tournoi.
Lui, il s’appelle Slim Hamza. C’est un joueur de tennis. Il est Tunisien. Il devait participer à deux tournois de tennis aux Etats-Unis, mais le consulat américain lui a refusé son visa d’entrée. Ne cherchez pas trop les raisons du refus, elles sont apparemment liées au patronyme de Hamza puisque d'autres de son équipes ont pu obtenir leur sésame. Pourquoi lui ? N'empêche, il y a de quoi crier au scandale qu’on interdise un visa à un sportif en compétition dans deux tournois internationaux, mais personne n’a crié au scandale. Personne n’a défendu notre jeune de 17 ans qui a décroché, avec mérite et brio, sa place au tableau final. Personne n’a sanctionné les organisateurs et personne ne réfléchit à supprimer le tournoi. Ce qui est valable pour les uns ne l’est pas systématiquement pour les autres. Tout dépend, en fait, de la nationalité et des intérêts de la partie visée. Il y a ceux qui méritent les scandales et ceux qui méritent les éloges.
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