L'Europe ne cesse pas de se regarder en miroir et se trouver belle et à elle-même suffisante.
Elle érigé des règles, établit des frontières morales, distribue les points entre les peuples et les cultures parce qu'elle s'est enrichie aux dépens de ces peuples aujourd'hui institués en menace à déjouer.
Lorsqu'on regarde le monde tel qu'il est, plutôt tel qu'en partie façonné par ses soins, on est pris de vertige à n'y lire que dangers, conflits, guerres inventés ou mis en scène contre les pays d'où proviennent les "migrants" dont on ne veut plus.
Les discours, les préventions parlent des images fabriquées aux époques des campagnes justificatoires des expéditions coloniales.
Ces représentations irriguent et nourrissent la xénophobie si répandue faisant de l'Afrique le continent dangereux et de ses ressortissants des indésirables.
Or, fort longtemps, on a fait appel à ces gens, on est allé les chercher ayant besoin de bras et d'intelligences pour servir les projets nationaux, aussi bien pour son économie que lorsqu'il fallait défendre le pays contre l'ennemi. Si bien qu'on peut encore pour en mesurer la permanence et l'importance en relever les noms dans les cimetières militaires ou apercevoir dans la présence au sein de la population les visages métisses qui racontent cette union forcée rendue légitime à travers cette descendance, une sorte de mémoire vivante.
Il faudrait évoquer les mélanges culturels, les arts culinaires et les traditions bigarrées... sans oublier qu'il s'agit dans les faits d'une continuation de cette Europe portée dans des corps et des vies lui offrant une longueur d'avance si elle a en vue son futur et la pérennité de ce qu'elle nomme sa civilisation.
Dans un monde où tout circule, s'échange à la vitesse effrénée des technologies du moment, on a décidé d'ériger barrières et frontières, avec une débauche de moyens et d'agitation qu'on croirait assister au spectacle d'un combat contre un péril mortel.
En somme, après avoir occupé les pays, les avoir exploités, pillés et dominé leurs populations avec une conscience aiguë de sa légitimité de civilisation supérieure, on a soutenu et installé, au besoin, des potentats à leur tête continuant ainsi à les tenir à sa botte.
On peut compléter par l'immigration "choisie", voulue et organisée parce qu'alors il fallait re-construire des pays ravagés par les guerres....
Désormais, le problème premier de l'Europe serait une menace de "submersion" venue de ce monde tenu à distance parce que moins soumis, revêche.
Toutes ces constructions sont l'expression des phobies fruit de l'imaginaire colonial et des angoisses existentielles d'un monde sur le déclin.
On peut noter un phénomène approchant au sein d'autres pays ou des aires culturelles.
L'Europe à peur d'elle-même.
Elle se donne aux USA, l'Empire du moment, et se défait de l' intérieur sous les coups de boutoir que lui porte son "protecteur" et se donne un palliatif en bombant le torse, comme de coutume, dans ses rapports avec nous.
La Tunisie souffre de n'être pas capable de se rassembler, et ses maux résident en son incapacité à instituer du commun.
L'Europe cherche ailleurs la source de ses problèmes, parce qu'elle a décidé de ne pas interroger son histoire, le processus de sa construction, et même don projet élaboré dans le dos de ses peuples.
Convenons qu'il n'y a rien à espérer d'un partenaire, si on peut dure, aussi enfermé dans ses obsessions et phobies.
S'ils veulent, les européens, faire de nous des harkis, ils trouveront quelques intelligences déjà acquises.
Je ne serai pas de cette obédience.
Darmanin, qui se réclame de son grand-père algérien, a tout bazardé et n'a pas de mémoire.
Par malheur, ils sont nombreux qui lui ressemblent.