
Le comité central du Parti unifié des patriotes démocrates (Al Watad) a affirmé son refus de participer au référendum du 25 juillet 2022 en raison de l'absence du seuil minimal de transparence, d'équité et de participation nationale. Al Watad a considéré que la crise politique, économique et sociale en Tunisie ne pouvait pas être résolue par l'adoption d'une nouvelle constitution. Le parti a estimé que le gouvernement de Najla Bouden perpétrait la même politique économique ne servant pas les intérêts du peuple et dépourvue de patriotisme.
Dans un communiqué du 17 juillet 2022, Al Watad a considéré que le projet de la nouvelle constitution n'apportait pas de solutions coupant court avec la politique d'appauvrissement du peuple et comportait des recommandations émanant du Fonds monétaire international et d'autres bailleurs de fonds notamment à travers les articles 17 et 18. Le parti a, aussi, critiqué le déséquilibre entre les pouvoirs, l'absence de contrôle de l'activité présidentielle et la provocation de débat identitaires et religieux portant atteinte au caractère civil de l'Etat.
Le communiqué en question a soulevé un grand débat au sein du parti. Il a été l'objet de refus de plusieurs structures régionales d'Al Watad. Les coordinations régionales de Gabès, Bizerte, Mehdia, Zaghouan, Sousse et Sidi Bouzid ont exprimé leur refus de se soumettre aux décisions du comité central. Ils ont affirmé que ce communiqué n'était pas représentatif du parti et de ses militants. Ils ont critiqué la prise de décisions de façon unilatérale. Les instances régionales ont affirmé que celles-ci s'inscrivaient dans le cadre d'un règlement de compte entre certains dirigeants du parti et d'autres figures d'Al Watad telles que l'unique député au sein de l'Assemblée des représentants du peuple, Mongi Rahoui. Ce dernier avait été éjecté du parti pour avoir participé aux travaux de la commission nationale consultative pour une nouvelle République.
Mongi Rahoui avait affirmé dès le début son soutien aux mesures du 25 juillet 2021 et au processus entamé par le chef de l'Etat, Kaïs Saïed. En contrepartie, Al Watad avait critiqué la monopolisation des pouvoirs et l'absence de dialogue. Suite à la publication de la liste des membres de la commission, AL Watad avait annoncé que tout membre du parti présent à cet événement sera sévèrement sanctionné. Même s'il ne mentionnait pas son nom, ce communiqué s'adressait directement à Mongi Rahoui. Ce dernier ne s'est pas rétracté. Il s'est rendu, arborant un grand sourire, au palais de Dar Dhiafa à Carthage où s'était réunie la commission. Le lendemain, la décision de son renvoi du parti avait été annoncée.
Ainsi et à l'image de plusieurs autres structures politiques ou organisations tunisiennes, telles que l'Utap ou encore la Ligue tunisienne des droits de l'Homme, Al Watad subit lui aussi un conflit interne résultant de sa position vis-à-vis du référendum du 25 juillet.
S.G

