
Le professeur et chef du département du droit public à la Faculté de Droit et des Sciences politiques de Tunis, Sghaier Zakraoui, a réaffirmé qu’il ne participera pas au référendum annoncé par le chef de l’Etat, Kaïs Saïed prévu pour le 25 juillet 2022. Il a affirmé être en colère contre le président de la République en raison de son comportement.
Invité le 28 avril 2022 par Khouloud Mabrouk sur les ondes de la radio IFM, Sghaier Zakraoui a affirmé que le chef de l’Etat avait trahi le processus entamé le 25 juillet et l’avait exploité afin de mettre en place son projet politique personnel. Il a considéré que le président de la République refusait le dialogue et cherchait à gouverner seul.
Le professeur de droit a exprimé son opposition à la politique du président de la République. Il a considéré que les mesures annoncées par Kaïs Saïed ne visaient pas à mettre fin au péril éminent et à garantir la tenue des élections dans les meilleures conditions.
« Le président a entamé la mise en place du projet de gouvernance par la création des sociétés citoyennes, la promulgation du décret relatif à la réconciliation pénale et l’introduction du scrutin uninominal. Il ne manque plus que la modification du régime politique présidentiel ou présidentialiste. Je suis certain que la nouvelle Constitution et la nouvelle loi électorale ont été élaborées », a-t-il déclaré.
Sghaier Zakraoui a estimé que le président de la République n’allait pas créer la commission chargée de reformuler les réponses collectées à l’occasion de la consultation électronique sous forme de proposition de révision de lois. Zakraoui a considéré que le président de la République avait rédigé lui-même les textes de lois promulgués depuis le 25 juillet 2022. Le chef de l’Etat, selon la même déclaration, a prolongé l’état d’exception sans raisons. Le professeur de droit a affirmé que le président de la République aurait pu modifier la Constitution dans les six premiers mois de l’annonce des mesures exceptionnelles.
Sghaier Zakraoui a critiqué la promulgation du décret portant révision de la composition de l’Isie. Il a affirmé que cette décision aurait dû être prise durant le dialogue national. Il a estimé que le président de la République fournissait involontairement des arguments valables à ses opposants.
Evoquant la déclaration de l’ancienne cheffe du cabinet de la présidence de la République, Nadia Akacha, insinuant que l’actuel ministère de l’Intérieur, Taoufik Charfeddine, était responsable de la situation de blocage, Sghaier Zakraoui a critiqué l’opacité et le manque de transparence de la part du chef de l’Etat.
« Nous nous attendions à une rupture avec le passé et à la création d’un nouveau contrat social. Il nous a trahis… Il n’est pas conscient de la crise économique mondiale et de l’impact du conflit russo-ukrainien… Il traite les élites comme étant un troupeau… On dirait que Kaïs Saïed éprouve du ressentiment envers eux… Il nous a diabolisés… Il s’agit d’une déception… Il prend tout le monde de haut… Même les prophètes consultaient l’élite et d’autres personnes… Il y a un véritable problème au niveau du comportement du président, de la gestion des affaires publiques et de sa méthode de gouvernance », a-t-il déclaré.
Sghaier Zakraoui a estimé que le référendum se révélera être un plébiscite sur la personne du président de la République. Il a, également, affirmé que cet événement sera marqué d’un échec cuisant. Kaïs Saïed en sera le seul responsable, selon le professeur de droit, puisqu’il n’y a pas de véritable opposition. L’invité de Khouloud Mabrouk a mis l’accent sur l’absence d’impact et de poids politique du Front du salut national.
S.G

