
L'expert en économie Radhi Meddeb est revenu, mardi 29 mars 2022, sur la situation économique et financière du pays.
Au micro de Myriam Belkadhi dans l'émission La Matinale sur Shems FM, M. Meddeb a affirmé : « Aujourd’hui, nous vivons une crise financière publique qui a atteint un niveau inédit dans l’histoire de la Tunisie indépendante. En parallèle, il y a la situation difficile des entreprises publiques, qui sont au bord la faillite, des équilibres inacceptables et complétement anéantis, des entreprises publiques en difficulté à cause du manque de soutien et du manque de visibilité, une économie parallèle qui domine l’économie formelle, de contrebande, de l’évasion fiscale, un taux d’endettement qui a explosé, une note souveraine au plus bas niveau outre la baisse du pouvoir d’achat et une hausse des prix, … . Tout ceci ne nous permet pas d’être optimistes pour la période à venir ».
Ceci dit, il a estimé que : « Heureusement que le peuple tunisien demeure optimiste, car rien d’autre ne pourra changer la situation », au vu des indicateurs politiques actuels.
L’expert a ainsi précisé que la Loi de finances 2022 a été établie, comme l’a indiqué la ministre des Finances, dans l’espoir de parvenir à un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) avant la fin du premier trimestre 2022, sinon il faudra réviser structurellement le budget de l’Etat. Or, nous sommes à la fin du premier trimestre et aucun accord n’a été conclu avec l’institution financière. Une chose attendue vu qu’aucun compromis politique et social n’a été trouvé, a-t-il avoué en soulignant que « si un consensus politique est impossible, un consensus social demeure nécessaire ».
Et d’ajouter : « Dans cette situation où l’inflation est en hausse, on ne peut pas dire aux Tunisiens qu’on va geler vos salaires pour X temps ou qu’on va supprimer la compensation ».
Autre raison du blocage évoqué par Radhi Meddeb, l’argument idéologique des deux parties, comme par exemple le sujet de la privatisation des entreprises publiques, qui est secondaire par rapport à leur restructuration pour qu’elles reparticipent à la création de richesse pour le pays. Et de marteler que la situation actuelle n’est pas le fruit des huit derniers mois mais date de quelques années avant la révolution.
L'expert estime que la solution est que l’Etat lève la main sur l’économie et aide l’économie formelle à améliorer ses performances, via un ensemble d’orientations notamment :
- La publication des textes applicatifs de la Loi sur l'économie sociale et solidaire : l'économie sociale et solidaire ne représente que moins de 1% en Tunisie alors qu’elle représente 10% en Europe et 24% dans les pays scandinaves, a-t-il expliqué.
- La levée des entraves juridiques des sociétés de microfinance : « Il existe en Tunisie sept sociétés de microfinance qui interviennent auprès de 600.000 familles, soit trois millions de Tunisiens (le quart des Tunisiens), avec des besoins plus importants. Une loi de 2011 n’a pas été activée jusqu’à aujourd’hui », a-t-il indiqué.
- La nécessité de s’occuper de l’agriculture pour garantir l’autosuffisance notamment en céréales
- La reprise de l’extraction des phosphates ainsi que le développement des énergies renouvelables
I.N
Le ratio de la TVA perdue par rapport à la TVA collectée!

