La membre du comité de défense des détenus dans l’affaire de complot contre la sûreté de l’État et sœur de l’accusé Jaouhar Ben Mbarek, Dalila Ben Mbarek Msaddek a indiqué que la condamnation de ce dernier à six mois de prison était la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Elle a expliqué avoir entamé une grève de la faim en guise de protestation contre l'attitude des magistrats.
Intervenant le 26 février 2024 durant « Émission impossible » de Borhen Bssais sur IFM, Dalila Ben Mbarek Msaddek a qualifié la chose de grande injustice. Elle a expliqué qu’en juillet 2023, une brigade de police s’était rendue à la prison civile de La Mornaguia à la suite d’une plainte déposée par l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie). « Il a été accusé d’outrage… Nous avons visionné la vidéo sur laquelle repose l’enquête… Il n’y a aucune mention de l’Isie, de ses membres, de l’organisation des élections ou de leurs résultats ! Rien ! », a-t-elle assuré.
Dalila Ben Mbarek Msaddek a indiqué que son frère s’était simplement contenté de dire que les élections ne représentaient pas un événement politique et les a qualifiées de farce. D’après elle, Jaouhar Ben Mbarek a été convoqué par le tribunal pour être auditionné, mais avait refusé de se présenter croyant qu’il s’agissait d’une procédure s’inscrivant dans le cadre de l’enquête de complot contre la sûreté de l’État. Sa comparution devant le juge devait avoir lieu le même jour que l’annonce de la prolongation de la détention des accusés dans l’affaire de complot (21 décembre 2023).
« On lui a simplement indiqué qu’il devait se rendre au tribunal… On ne lui a pas expliqué qu’il s’agissait d’une autre affaire… Il a indiqué que ses camarades et lui refusaient de se rendre au tribunal… L’audience a été reportée au 22 février 2024… On a pris connaissance de la chose à travers des collègues présents lors de l’audience… Nous n’avons pas reçu de convocation… Le jour de l’audience correspondait au dixième jour de la grève de la faim…
Nous avons contacté le président de la chambre correctionnelle avant l’audience… Nous lui avons expliqué que Jaouhar Ben Mbarek était en grève de la faim et qu’il était fatigué… Il nous a affirmé qu’il n’y avait pas de problème et qu’il nous suffisait de se présenter et de demander cela… Abdelaziz Essid était présent… Le ministère public a refusé le report et a insisté sur l’obtention d’un jugement... Dans les affaires où l’accusé était laissé en liberté, on acceptait le report à deux, voire à trois reprises… Le juge a indiqué qu’il se prononcera au sujet de la demande de report après l’audience… Nous avions pensé que c’est ce qui allait avoir lieu…
Nous avons attendu durant toute la journée et rien n’a été annoncé… Vendredi, nous n’avons obtenu aucune information… Samedi, nous avons appris, par le biais de certaines pages Facebook, que Jaouhar a écopé de six mois de prison. Nous avons eu confirmation de la chose en consultant le système informatique… La question que je tiens à poser est la suivante : quel est le problème du ministère public ? Il (Jaouhar Ben Mbarek) se trouve en prison… Il ne peut pas fuir… Il n’a pas de passeport… Il y a une intention de lui porter atteinte », a-t-elle dit.
Dalila Ben Mbarek Msaddek a indiqué que même en l’absence de condamnation dans le cadre de l’affaire de complot contre la sûreté de l’État, Jaouhar Ben Mbarek devra purger la peine prononcée dans le cadre de cette affaire. Elle a expliqué que son frère avait été laissé en liberté dans le cadre de l’affaire l’opposant à l’Isie et qu’il était tout à fait normal d’obtenir un report. Il s'agit, d’après elle, de procédures appliquées depuis une cinquantaine d’années. L’avocate a assuré que le comité de défense fera appel. Elle a estimé que l’attitude du ministère public et du magistrat sortait de l’ordinaire.
Notons que Dalila Ben Mbarek Msaddek avait annoncé, le samedi 24 février 2024, l'entame d'une grève de la faim sauvage en guise de protestation contre les circonstances ayant conduit à cette condamnation. Elle a critiqué l’attitude des magistrats et a considéré que ces derniers acceptaient de juger les gens et de leur permettre de jouir de leur droit de se défendre. Elle a rappelé que l’enquête et l’audit de son compte bancaire ont montré qu’il n’avait pas détourné de l’argent ou qu’il ne s’était pas enrichi en détournant des deniers publics.
Pour rappel, la liste des détenus comporte les noms de Khayam Turki, Ridha Belhaj, Ghazi Chaouachi, Jaouhar Ben Mbarek, Issam Chebbi, Abdelhamid Jelassi et Kamel Letaïef. Ils ont été emprisonnés à la suite de mandats de dépôt émis le 25 février 2023. La liste des accusés comprend, également, Lazhar Akremi et Chaïma Issa. Ces derniers ont été arrêtés dans le cadre de la même affaire puis laissés en liberté à la date du 13 juillet 2023. Une partie de ceux se trouvant encore en prison a entamé une grève de la faim en guise de protestation contre leur détention depuis près d'un an.
S.G
Et bon débarras !!!