La situation épidémiologique à Gabès est très inquiétante et pour cause, 291 cas d’infection au Covid-19 sont enregistrés jusqu’à ce jour à Gabès. 85 nouveaux cas de contamination locale ont été diagnostiqués samedi et 57 dimanche.

Imen Rejeb Belfekih, cheffe de service des urgences à l’hôpital de Gabès, a publié un statut alarmant sur les réseaux sociaux, qualifiant la situation sur place de « critique ». Dans une déclaration accordée à Business News, Mme Rejeb a précisé que l’hôpital, qui est déjà en perpétuels travaux à cause de son insalubrité, n’a pas les moyens matériels et humains pour accueillir des malades Covid. Le service dédié, qui n’est autre que le service cardio récemment aménagé, accueille déjà cinq malades Covid+ et deux malades en réanimation placés dans l’Unité de Soins Intensifs Cardiologiques (USIC).

Les villes d’El Hamma et Hamma Ouest, où le plus grand nombre d’infections a été enregistré, ont dû être fermées. Les malades Covid+ se trouvant à l’hôpital régional de Gabès sont, pour la plupart, arrivés d’El Hamma et l’hôpital ne dispose pas des structures, ni du matériel ni du personnel nécessaire à leur prise en charge.

« Pour aménager cet espace, qui est déjà très limité, nous avons dû déplacer les malades du service cardio dans le service de carcinologie et nous n’accueillons plus les malades en carcino. Cet espace ne tiendra pas si la situation empire et, pire encore, nous n’avons que deux respirateurs pour la réa et il n’y a pas de réanimateur pour prendre en charge les malades en réanimation. Le personnel manque cruellement et beaucoup sont coincés à El Hamma en confinement » a-t-elle ajouté.

Le manque de matériel, de personnel et de place est ainsi problématique. Si la situation empire, il faudra s’attendre à ce que les malades Covid soient placés dans de grandes salles avec d’autres patients.

Les autorités ont d’ailleurs dû installer un hôpital de campagne à El Hamma pour intensifier les tests et accueillir des patients. Aujourd’hui mêle le ministre de la Défense nationale, Imed Hazgui, le ministre chargé de la gestion des affaires du ministère de la Santé, Habib Kechaou, l'amiral Abderraouf Atallah, conseiller à la Sécurité nationale, le gouverneur de Gabès, Mongi Thameur et certains députés s’y sont rendus.

Cet hôpital, composé des équipes médicales et paramédicales, que les autorités ont dit avoir mobilisées des régions avoisinnantes, est censé permettre de renforcer les efforts fournis dans le cadre des procédures de dépistage actif intensives du nouveau coronavirus et fournir des services gratuits au profit des habitants d'El Hamma.

La cheffe de service nous a aussi certifié, que l’hôpital militaire d’El Hamma, pourtant visité ce matin par le ministre de la Défense et le ministre chargé de la Santé, n’est toujours pas fonctionnel.

« L’hôpital n’est pas fonctionnel et il n’y a pas de personnel paramédical sur place. On a dit qu’on allait dépêcher du personnel en renfort mais il n’y a personne ! Il n’y a que deux infirmiers pour faire les prélèvements qui sont arrivés de Gafsa. Personne d’autre n’est venu et le personnel d’El Hamma est confiné » a-t-elle affirmé.

Le nombre de contaminés par le nouveau coronavirus ne cesse de croitre à Gabès. A l’heure actuelle, le nombre d’hospitalisés n’est pas très important mais la situation est précaire et risque de déborder à tout instant. Le circuit covid des urgences de Gabès est déjà débordé. Avec cent prélèvements par jour, sans appareils d'oxygène et sans paramédicaux, ce sont les médecins qui prennent en charge les cas suspects, qui font les abords veineux et passent les traitements.

« Ils sont dépassés et si je n’ai pas pour habitude de prendre ainsi la parole pour m’exprimer en public sur les difficultés que nous vivons, l’heure est grave et c’est un cri de détresse que je me sens obligée de lancer avant que la situation ne dégénère » nous a confié Imen Rejeb Belfekih.

M.B.Z