Une nouvelle fois, et comme chaque année, le ministère de l’Éducation diffuse une note rappelant la loi interdisant aux enseignants de donner des cours particuliers. Et comme chaque année, certains enseignants envoient balader la note ministérielle et continuent à faire ce qu’ils veulent. Pour eux, les élèves sont comme une poule aux œufs d’or et ils ne peuvent pas s’en passer en dépit de la loi, des notes ministérielles et de la déontologie.
Il ne se passe quasiment pas une année sans que le ministère de l’Éducation ne publie une note sur la question des cours particuliers et rappeler décret n° 1619 de l'année 2015, qui définit les conditions d'organisation des cours de soutien et des cours particuliers au sein des établissements scolaires publics. En dépit des rappels annuels récurrents, le phénomène se poursuit sans répit.
Pour donner des leçons et formuler des interdictions, les enseignants du secteur public sont les champions toutes catégories. En revanche, quand il s’agit de donner l’exemple, ils deviennent les derniers de la classe.
C’est ce que l’on peut dire du phénomène des cours particuliers, sujet qui revient chaque année à la une de l’actualité. Et pour cause, puisqu’une partie des enseignants refuse encore et toujours de se conformer à la loi et continue de donner des cours particuliers à domicile à leurs propres élèves, ce qui pousse le ministère à rappeler chaque année les dispositions légales et menacer de sanctions disciplinaires et de poursuites judiciaires.
Sur le plan strictement moral et des principes généraux, la déontologie des enseignants repose sur des principes tels que l'impartialité, l'égalité des chances pour tous les élèves et le respect de l'éthique professionnelle. Lorsqu'un enseignant donne des cours particuliers à ses élèves en dehors de son cadre professionnel, il les favorise, puisque leurs parents lui offrent une rémunération. Encore davantage si cette rémunération est importante.
En donnant des cours particuliers à des élèves et pas à d'autres, cela crée une inégalité de traitement qui va à l'encontre du principe d'égalité des chances. Il y a enfin un conflit d’intérêts puisqu’il y a un lien direct entre les cours particuliers et le programme scolaire, puisque ces cours sont donnés dans un cadre informel.
L’enseignant donne par ailleurs le mauvais exemple à ses élèves-clients. Il viole ouvertement la loi et c’est ce qu’il leur enseigne, en substance. Comment obliger un jeune à respecter la loi et devenir un citoyen modèle si son enseignant la viole ouvertement et impunément.
Au-delà de toutes ces restrictions déontologiques, il est bon de noter que les centaines de millions de dinars des cours particuliers échappent totalement au fisc. C’est de l’argent sale par excellence. On imagine mal qu’un enseignant de cours particuliers va inscrire ces revenus sur sa déclaration d’impôt annuelle, alors que la loi lui interdit de les dispenser.
Le phénomène est loin d’être anodin et circonscrit dans des régions urbaines aisées. Il est généralisé.
Une étude réalisée fin 2023 par le professeur Mounir Hassine pour le compte du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), jette toute la lumière sur le phénomène. Intitulée « les dépenses de la société pour l’enseignement, entre l’illusion de la gratuité et les difficultés financières de la famille », l’étude a été réalisée au gouvernorat de Monastir et a touché quelque 954 élèves et étudiants tous cycles confondus.
D’après l’étude, 67% des élèves du primaire suivent des cours particuliers dont 51 % chez leurs propres enseignants et 42% dans le propre domicile de ces enseignants. Les prix oscillent entre vingt et 250 dinars par mois et 7% oscillent entre 180 et 250 dinars par mois.
Au collège, 61% des élèves du gouvernorat suivent des cours particuliers pour des prix oscillant entre 25 et 270 dinars par mois. 61% des cours particuliers sont dispensés dans le domicile de l’enseignant, 23% par le propre enseignant de l’élève et 44% par un enseignant du même collège.
Au secondaire, ça se corse. 80% des élèves reçoivent des cours particuliers. Au bac, ça se corse encore davantage avec 93%. Interrogés sur leurs préférences, 86% des lycéens déclarent qu’ils préfèrent recevoir leurs cours particuliers en dehors de l’enceinte scolaire, c’est-à-dire exactement ce qu’interdit la loi.
71% des cours particuliers du secondaire sont donnés dans le domicile de l’enseignant, 16% par le propre enseignant et 42% par un enseignant du même lycée. Les prix des cours particuliers du lycée sont encore plus importants et oscillent entre trente et 385 dinars par mois, d’après l’étude du FTDES. Le coût mensuel moyen est de 120 dinars, mais le prix est doublé à la fin de l’année pour le baccalauréat, remarque l’auteur de l’étude. Moins cher que les cours dispensés par les enseignants de certains lycées privés (système français) où le cours particulier de mathématiques est de 400 dinars par séance.
Au supérieur, le phénomène ne se tarit pas trop, bien qu’il ne tombe plus sous le coup du décret 1619. 56% des étudiants suivent des cours particuliers, dont 19% chez leurs propres enseignants et 73,4% chez un enseignant de la même institution universitaire. 59% de ces cours particuliers se déroulent dans le propre domicile de l’enseignant. Le coût de la séance de deux-trois heures oscille entre trente et quarante dinars et la séance est donnée pour une moyenne de sept étudiants en même temps. Certains enseignants ont des prix fixes et organisent une table de six étudiants à trois cents dinars la séance, soit cinquante dinars par étudiant. Le prix est doublé en fin d’année.
L’étude du FTDES fait une projection annuelle (sur dix mois) sur l’ensemble du pays et estime le montant total du « marché » des cours particuliers en Tunisie à quelque 1.468.269.970 dinars pour les seuls cours donnés au primaire et au secondaire. Soit près de 1,5 milliard de dinars qui échappe totalement au fisc. Au détail, on a 76.675.723 dinars au primaire, 24.465.951 dinars au collège et 45.685.323 au secondaire.
Avec de tels montants, il est clair qu’il s’agit d’un gros phénomène national qui touche presque l’ensemble des familles tunisiennes, toutes catégories sociales et régions confondues.
Outre les atteintes à la déontologie et à la loi et la fraude fiscale, le phénomène casse une idée largement répandue, celle de la gratuité de l’enseignement en Tunisie. Ces chiffres démentent catégoriquement cette idée.
En dépit de l’ampleur, le ministère se suffit à des communiqués annuels et quelques déclarations ministérielles sans lendemain. Le décret 1619 a beau menacer de sanctions disciplinaires et de poursuites judiciaires, les enseignants continuent à faire ce qu’ils veulent, comme le démontre l’étude du FTDES. Ils sont censés éduquer nos enfants (puisque le ministère s’appelle bien ministère de l’Éducation et non ministère de l’Enseignement) et les préparer à devenir des citoyens modèles dans la société, or le fait est qu’ils font tout l’inverse. Par leur irrespect de la loi et leur atteinte à la déontologie de leur propre corporation, ces enseignants sont le mauvais exemple pour les enfants.
La raison de cette indiscipline du corps enseignant ? Les parents bien entendu qui cèdent au chantage (pour ne pas dire racket), mais aussi à l’État qui est loin de passer à l’exécution de ses menaces annuelles.
Si le ministère poursuit réellement les enseignants qui violent la loi et médiatise largement les sanctions disciplinaires et les poursuites judiciaires (qui doivent être répressives et dissuasives), jamais les cours particuliers ne seraient devenus une véritable industrie et un marché pesant presque 1,5 milliard de dinars.
Raouf Ben Hédi
Cliquer ici pour télécharger l’intégralité de l’étude du FTDES
Loi de loffre/demande
Soyons réalistes
La poule avant l'?uf ?
Je suis parente de 3 enfants...privèe, ètatique..on a passè par tous. La dègradation dans les dèrnier 12 ans m'a laissè sans parole. Jusqu'au les ensegnants ne sont pas responsable pour les rèsultats des èleves, rien ne va changer. Jusqu'au l'èducation secondaire est ègale a copier du tableau les textes...rien ne va changer. Bien sur il y a des exeptions, mais rien ne motive les professeurs de mieux fair...
Un prof mat m'a expliquè un jour: si il donne des exercises à la maison, il faut les corriger dans la classe. Il perde 15 minutes et il peut plus finir le programme...
Mais pour etre juste...les parents sont fous aussi. L'ètude dans le jardin d'enfant, 1er annèe....c'est lq follie. Je suis ètrangère et je pouvait fair les exercises avec mes enfants à cet age la...
Mais si il n'y a pas de confience dans la qualitè des ètablisements scolaires, reste des cours privèes, mème si on est totalement contre.
vous écrivez: "En revanche, j'ai vécu aussi le fait qu'un enseignant traite les élèves qui ne font pas de cours particuliers chez lui, comme des moins que rien il les rabaisse et fait en sorte qu'il soient nuls"
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je cite: "La Tunisie a 900000 enseignants, dont 45 % dans le premier degré et 55 % dans le second degré" voir le lien web ***
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Question: est ce que c'est raisonnable (logique / rationnel) de généraliser à partir de l'exemple d'un seul enseignant de votre feedback sur la totalité des 900000 enseignants?
Bonne journée
Est-ce que la loi actuelle est contre les cours privés dans l'absolu ?
Tendre la main à son élève rabaisse l'enseignant et le place au rang d'un mercenaire avide d'argent, sans scrupules.
La faiblesse de l'état encourage ces mercenaires à enfreindre la loi.
C'est qu'on peut appeler "scandale national".
Main dans la main et partager le butin ? Comme tous dans les secteurs de la société, le fisc repart bredouille.
C´est la culture de l´administration tunisienne depuis 1956 (PSD / RCD)
Il est tres facile de redresser les profs , vous connaissez leurs salaires sur les x années , regardez leur train de vie , leur patrimoines heritage et si cela ne correspond pas mettez a l amende saisissez leur terrain agricole et mettez les aux encheres .
Que les choses soient clair , l etat est aux abois pour financer les 750 000 fonctionnaires , il va donc saigner chacune des castes socialo professionnel , apres les prof et s il y arrive il passera aux docteurs puis avocats , il faut que tout le monde soit pauvres
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par contre il faudrait arrêter ces histoires à la con que les enseignants donnent de mauvaises notes aux élèves afin de les pousser à prendre des cours particuliers. J'étais à l'école publique tunisienne et ça n'a jamais été ainsi. Nous sommes entrain de créer une polarité et même de la haine entre élèves-enseignants et parents-enseignants.
Puis il faudrait se débarrasser de cette idée absurde que les élèves des cours particuliers sont informés à l'avance du contenu et des questions du prochain devoir de contrôle (les devoirs surveillés)
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Il faudrait comprendre enfin que les élèves qui ne prennent pas de cours particuliers obtiennent de leurs camarades qui prennent des cours particuliers tous les exercices avec correction qui ont été faits durant les cours particuliers. Et les enseignants le savent et non rien contre ça.
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De ce fait les enseignants n'ont aucun intérêt et c'est même trop risqué d'informer à l'avance les élèves des cours particuliers du contenu et des questions du prochain devoir de contrôle (les devoirs surveillés).
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Il faut arrêter de diffuser/propager de fausses informations, certes l'état a le droit et a besoin des impôts pour se financer mais s.v.p. n'inventer pas des mensonges et détruire ainsi la relation élèves-enseignants et de même enseignants-parents.
Bonne journée
PS:
- au baccalauréat tunisien pas besoin de cours particuliers, en effet les notes et la moyenne de l'année scolaire ne comptent pas à l'examen final du baccalauréat. Seulement si un élève aurait un peu moins que 10/20 de moyenne générale à l'examen final du baccalauréat qu'il pourrait faire utilisation de sa moyenne annuelle pour le rachat.
En classe de terminal, le baccalauréat se prépare plutôt sur le Web. En effet sur YouTube des centaines de milliers de vidéos traitant tous les cours scolaires. Au diable avec le rachat, au diable avec la moyenne générale au cours de l'année du baccalauréat, concentrez vous sur l'essentiel et apprenez à être autodidacte au cours de l'année du baccalauréat.
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Lors de l'année de Baccalauréat j'étais rarement à l'école, j'ai appris en solo... J'avais 7/10 de moyenne annuelle générale l'année de baccalauréat et quand j'ai réussi au bac c'était la surprise de toute une école, de tout un village, de tous mes enseignants. Puis en Allemagne, à l'université de Munich, j'ai réussi à ma thèse de doctorat avec la mention très bien (Magna cum Laude). Sujet de la thèse: temporal logic, Artificial Intelligence et statistiques.
Après cela, j'ai enseigné à l'école, puis à l'université allemande. J'ai travaillé pour les plus grandes entreprises allemandes et internationales. Le seul secret de ma réussite est que je
suis extrêmement fort en autodidacte.
--> 10 de moyenne en autodidacte au baccalauréat valent beaucoup plus que 20 de moyenne avec tout le dopage des cours particuliers et d'apprentissage par coeur. --> Je n'avais pas de mention à l'école primaire et secondaire en Tunisie, Je suis arrivé en Allemagne sans bourse, avec 20 euros dans ma poche et un visa d'étude que l'ambassade d'Allemagne à Tunis m'a donné par erreur. En effet, l'administration munichoise (KVR) était très surprise de me voir à Munich puisque que c'est elle qui a refusé de m'accorder un visa d'étude avec l'argumentation qu'il faudrait d'abord apprendre l'Allemand en Tunisie afin de pourvoir étudier en Allemagne. Alors j'ai argumenté que j'ai appris l'allemand sur notre plantation à Tazarka (-->en Tunisie) en autodidacte avec des livres que j'ai achetés sur le marché de semaine à Korba.
--> Etant donné que j'ai réussi au test de compétence linguistique (qui est l'une des conditions essentielles d'admission à l'université allemande) l'administration munichoise a fini par m'accorder un visa d'étude!
- La meilleure université est le WEB --> ce qui compte sont plutôt les compétences et non pas les diplômes universitaires.
- Les universités forme des novices. Les compétences ne pourraient être acquises que durant la vie professionnelle ou même sur le WEB en autodidacte --> Les écoles secondaires (collèges) et les universités dans leur forme actuelle sont dépassés par le temps et les événements...
- Il y a un changement de paradigme, il est temps de mettre tous les cours théoriques de nos facultés de droit, de mathématiques, de linguistique, des sciences techniques Online et de minimiser le présentiel.
Il faut dire qu'en Allemagne, le même enregistrement vidéo sert pour plusieurs années (tant que c'est le même prof. qui tient le cours). Je dois aussi mentionner que les cours online offrent toujours le manuscrit en fichier pdf.
La formule est si simple. Prendre les cours (même en huis-clos) sur vidéos, les mettre sur le web avec les manuscrits et que chaque élève / étudiant prépare les examens en autodidacte chez lui afin de participer à la fin de l'année scolaire / universitaire à des examens de fin d'année
--> En plus, ceux qui ont un manque de concentration pourraient voir et revoir les vidéos plusieurs fois.
En revanche, j'ai vécu aussi le fait qu'un enseignant traite les élèves qui ne font pas de cours particuliers chez lui, comme des moins que rien il les rabaisse et fait en sorte qu'il soient nuls. Concernant l'examen trimestriel, ce type d'enseignants ont tendance, parfois inconsciemment, à donner des exercices qui se rapprochent beaucoup de l'examen
Il ne faut donc pas généraliser, ces lois existent à la base pour protéger nos élèves
- et ils n'ont rien contre ça.
bonne soirée
Dr. Jamel Tazarki, Mathématicien Résident à l'étranger
Combien de ces hors la loi (ou mieux Bordel Tunisien) ont déclarés par exemple l'année dernière leurs revenus des cours particuliers?
C´est vraiment le temps de casser les os entre autres de ceux qui l'ont permis .
Et les pauvres professeurs avaient tort ou avez fait ça pour piétiner les lois du pays parce qu ils sont ignorants ?..
Cela s'appelle incitation au travail illégale. Les parents aussi devraient rendre des comptes '?'
Une fois n'est pas coutume, je n'ai pas, cette fois-ci, deviné l'auteur du titre en lisant l'article. Bien que votre style soit bien trempé, le contenu m'a bien trompé et je n'aurais pu dire que c'était sous votre plume. Sous la mienne, ce qui précède est un compliment, parce que là, j'avoue volontiers et ravi, vous touchez au vif et tenez le taureau par les cornes.
Merci et cordialement,