« L’eau est pire que le feu ». Le secrétaire d’Etat aux Ressources hydrauliques et à la Pêche, Abdallah Rebhi, n’avait pas tort. Trois citoyens sont morts en l’espace d’un weekend et un autre reste porté disparu depuis plus de 72 heures.
La saison des pluies a démarré en trombe cette année. Et elle en a surpris plus d’un ! Non seulement nos concitoyens dans le Sud, frappés de plein fouet par les intempéries, mais aussi les autorités qui ne s’y étaient pas bien préparées.
Après la fin de semaine apocalyptique vécue dans le Sud, c’est par le feu que les habitants en colère ont décidé de réagir. Brûlant des pneus, barrant la route et criant leur colère, les habitants de la ville de Zanouch reprochent aux autorités de ne pas faire le nécessaire pour retrouver l’un de leurs concitoyens. Il s’agit du délégué Mohsen Benâassi, originaire de la ville.
Son véhicule a été emporté par la pluie depuis samedi matin et aucune trace n’en a encore été retrouvée à l’heure même de la rédaction de ces lignes. Si le chef du poste de la Garde nationale l’accompagnant, Mehdi Haddad, a été retrouvé mort (paix à son âme), les chances de retrouver le délégué vivant s’amenuisent heure après heure.
Les citoyens du Sud, endeuillés et sous le choc, ont reproché au président de la République de se préoccuper plus de la qualification de la Tunisie à la coupe du monde de football que de leur sort. Ils n’ont pas tort de le penser. Alors que Youssef Chahed, en déplacement au Caire, est rentré directement à Gabès au lieu d’atterrir à Tunis, la seule apparition de Béji Caïd Essebsi le jour du drame a été constatée dans le stade de Radés où il acclamait l’équipe nationale. Si le chef de l’Etat a profité de ses félicitations pour glisser un message à l’adresse des habitants du Sud, la pilule est très mal passée. Là encore, la communication présidentielle s’avère être plus que défaillante. Un bon point pour la Kasbah et un blâme pour Carthage !
Mais au-delà des réactions émotives et à chaud, comme chaque tragédie, des leçons doivent être tirées. L’onde de choc naturelle qui s’est abattue sur le Sud, devrait permettre de déclencher un débat non seulement sur l’infrastructure mais aussi sur l’organisation de secours.
L’Armée nationale annonce le déploiement de 100 militaires, 7 camions, 3 hélicoptères et un avion de surveillance. La commission régionale de lutte contre les catastrophes naturelles se réunit pour décider des mesures d’urgence et le chef du gouvernement déplace sa délégation à Gabès pour trouver les solutions qui s’imposent. En apparence, tout va bien. Sauf que voilà, un citoyen demeure introuvable depuis samedi matin et les habitants organisent des rondes pour le retrouver et les dégâts matériels sont considérables.
Il est aisé, pour le commun des mortels, de dire que les choses ont foiré. Que l’Armée aurait dû faire ci, que les autorités auraient dû prendre cette décision pour éviter les dégâts ou que les interventions auraient dû être plus rapides ou plus efficaces. Si, dans ce genre de catastrophes naturelles, les ratages sont inévitables, il est cependant important de tirer des enseignements à tête reposée.
L’infrastructure défaillante est la première à pointer du doigt. Dans un pays faisant face à un stress hydrique imminent, pourquoi attendre une telle catastrophe avant de penser à la construction de nouveaux ouvrages hydrauliques ? On en parle aujourd’hui, et pourtant, ce n’est pas la première fois que les pluies causent des dégâts irréparables dans certaines régions du pays.
Mais au-delà de l’infrastructure, la communication sur la sensibilisation des populations locales et des alertes émises reste défaillante. Par ailleurs, au-delà du déploiement indiqué, les moyens humains et logistiques mis en place n’ont pas été à même de retrouver la trace d’un citoyen porté disparu plus de 3 jours ni d’en sauver d’autres, morts noyés.
S’il n’y a pas de trêve pour les intempéries et que ce genre de catastrophes naturelles restera toujours inévitable, il est aussi temps de penser à des solutions plus appuyées et à des stratégies à long terme afin d’éviter que ce genre de drame ne devienne « ordinaire ». Il est temps de combattre le feu par le feu, ou plutôt l’eau par le feu…
Commentaires (5)
CommenterL'ARCHE COMME NOÊ ?
Destination prison!
@ qui la faute ???
Dieu a écouté nos prières et au delà même ...
Vous voulez qu'il pleuve ??? Mais êtes vous équipé devant le déluge que je vais abattre sur vos gueules ????
Apparemment non ... le tout à l'égout date de l'époque Française ... les Oueds ne sont pas aménagés ... des habitations sont construites sur des zones inondables ... toute est anarchique ... c'est un pays qui ne possède aucun plan directeur ... forcement quand il pleut abondamment ... il y a débordement et déferlement d'eau de pluies ... et de boue ...
Les différend ministres des ressources hydrauliques sont incompétents ... et ne maitrisent pas leur dossier ...
Vous verrez qu'en Décembre et Janvier ... la neige fera d'autre dégâts comme des route coupées .. des nids de poules ...
je me demande pourquoi des ministres et des secrétaires d'Etat sont nommés à ces postes s'ils ne mettent pas en route des travaux d'envergures pour canaliser les eaux usées ... aménager les berges des oueds .. capter les eaux de pluies ...
La Tunisie doit passer immédiatement vers de GRANDS TRAVAUX ... et faire reculer cette misère ... HC
Correction
Le phénomène d'inondation est très vieux et toujours pas de barrages à l'horizon "labourage hasha elwed whiya tkoul alam am saba"
En Tunisie, le phénomène inondation est ancien. À travers l'histoire, on compte par dizaines le nombre de fois où des régions ont été touchées. Les événements les mieux décrits et les mieux connus, pour la plupart encore dans la mémoire des gens, sont ceux enregistrés depuis le début du siècle passé et notamment après les années 1950. Les inondations de 1969 (tout le pays, et notamment le centre et le Nord), 1973 (moyenne et basse Medjerda), 1982 (Sfax), 1990 (Région de Sidi Bouzid), 1995 (Tataouine), 2003 (Grand-Tunis), 2007 (Sabbalet Ben Ammar), 2009 (Redayef)' sont autant d'épisodes qui marqueront pour longtemps les chroniques hydrologiques du pays.