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Chroniques
Saïed décide, Bouden exécute
Par Nizar Bahloul
31/07/2023 | 16:59
6 min
Saïed décide, Bouden exécute

 

Miracle, les boulangeries ont de nouveau du pain dans les paniers. Si ce miracle a eu lieu, c’est parce que le ministère du Commerce a décidé de les approvisionner en quantités supérieures de farine. D’après la chambre syndicale du secteur, les quotas mensuels des boulangeries classées ont été augmentés de 20%. Et voilà, d’un seul coup de baguette magique, il n’y a plus de problèmes de baguettes dans pays.

À vrai dire, ce n’était pas un miracle. Ce qui s’est passé, c’est que le président de la République a tapé du poing sur la table jeudi 27 juillet en allant sermonner, à la Kasbah, sa cheffe du gouvernement Najla Bouden et la ministre des Finances Sihem Nemsia. D’un ton ferme, il leur a ordonné de résoudre le problème. Et le problème fut résolu !

Durant la même réunion, le président de la République a évoqué le problème de Snipe La Presse, société éditrice des quotidiens publics La Presse et Asshafa et de Dar Assabah, société éditrice des quotidiens Assbah et Le Temps. « Il suffit uniquement d’appliquer l’accord conclu, a tancé le président. Il n’est pas question de céder la Presse ou Dar Assabah. Ils font partie de notre histoire, qui n’est pas à vendre. »

Aussitôt ordonné, aussitôt exécuté. Najla Bouden a réuni dès le vendredi un conseil ministériel pour proposer la fusion des deux maisons d’édition. Nul besoin de débat. La cheffe du gouvernement dépasse même l’impossibilité technique de la fusion, puisque Dar Assabah appartient encore, en partie, à un privé faisant partie de la famille fondatrice des deux journaux. Et ne parlons même pas de la viabilité du projet en rappelant que l’audience cumulée des quatre titres est inférieure au nombre d’abonnés d’un journal électronique ou d’une instagrameuse.

Les relations entre Kaïs Saïed et Najla Bouden sont en parfaite conformité de ce qu’a dit l’ancien président français feu Jacques Chirac le 14 juillet 2004 en épinglant son ministre de l’Économie, alors très populaire, Nicolas Sarkozy : « Je décide et il exécute ».

 

Le problème, c’est qu’il arrive à la dame de devoir jeter à la poubelle les propres décisions de son gouvernement.

Pourquoi, par exemple, il a fallu attendre que le président de la République s’empare du problème du pain pour que ce dernier soit résolu ? Pourquoi n’a-t-elle pas approvisionné les boulangeries en quantités suffisantes de farine dès le début ?

Pourquoi n’a-t-elle pas convoqué dès le début un conseil ministériel pour plancher sur les problèmes de la Snipe-La Presse et Dar Assabah ?

Aujourd’hui, il y a lieu de s’interroger à quoi servent les planifications et les programmes de Mme Bouden. Rien de ce qu’elle prépare n’est mené à son terme.

Le meilleur exemple en mémoire est le dossier du FMI. Elle a mis plus d’un an pour préparer tout un plan de réformes et tout a été jeté à la poubelle quand le président de la République a dit refuser de se soumettre aux conditions du FMI. Le seul ministre qui continue encore à croire à ce projet est Samir Saïed, ministre de l’Economie et de la Planification.

La dame est tellement béni-oui-oui qu’elle peut prendre des décisions contraires aux accords bi et multilatéraux signés par l’État tunisien. Ainsi sa décision de restreindre, l’automne dernier, l’importation des produits de luxe. Décision prise quand son président s’est interrogé comment on continue à importer de la nourriture des animaux domestiques ou celle des produits de beauté des plus grandes maisons cosmétiques. Aussitôt décidé, aussitôt exécuté, la dame a mis en place immédiatement des mesures de restriction, ce qui a provoqué la réaction immédiate des Européens qui l’ont appelé à suspendre les mesures annoncées, puisque contraires aux accords.

 

Le problème avec les béni-oui-oui, c’est qu’ils se moquent éperdument de l’efficacité et de l’intérêt général. Leur seul et unique dada est de répondre favorablement à la partie à laquelle ils obéissent.

Ils sont toujours là pour opiner de la tête et ne pensent jamais à s’opposer en faisant valoir le bon sens quand ils font face à des ordres loufoques.

 Si le ministère du Commerce a décidé de restreindre les quantités de farine, c’est bien pour respecter les équilibres budgétaires et réduire, un tant soit peu, le déficit. Approvisionner le marché de 20% de farine en plus va créer un déséquilibre supplémentaire dans les comptes publics.

Si le gouvernement a mis en place un plan de réformes qu’il a soumis au FMI, c’est parce que le pays a bien besoin de ces réformes et ne peut plus continuer avec cette politique de la cigale en consommant indéfiniment plus que ce qu’il produit. D’ailleurs, il n’y a aucune alternative au FMI, comme l’a si bien dit Samir Saïed devant les députés.

Si les problèmes de la Snipe La Presse et Dar Assabah n’ont pas été résolus, c’est parce que ce n’est pas à l’État de résoudre les problèmes de deux institutions dont les salariés n’ont rien fait de sérieux pour les résoudre. Que les journalistes et les commerciaux de ces deux institutions bougent et aillent chercher l’audience, les abonnements et la publicité au lieu de demander secours à l’État !

 

Kaïs Saïed fait de la politique et du populisme et ne voit les problèmes qu’à travers son prisme. Pour lui, il faut que le peuple ait du pain, quel que soit le prix de ce pain. Il ne faut pas qu’il y ait une politique d’austérité pour que le peuple ne souffre pas. Il faut préserver les institutions de presse ancestrales, même si elles n’ont pas d’audience et si elles sont déficitaires.

On ne peut qu’adhérer à la politique de Kaïs Saïed, elle est formidable. On ne demande pas mieux. On ne veut pas de la faillite de nos institutions de presse, on veut du pain à deux sous et on ne veut pas d’austérité.

Sauf que voilà, cette politique est valable au pays des merveilles. Quand on a les pieds sur terre et un peu de bon sens, il faut savoir qu’une telle politique a un prix et que la Tunisie n’a pas les moyens de cette politique.

Partant, on revient à ce qu’a dit Samir Saïed, l’unique ministre sensé de ce gouvernement, il n’y a pas d’autre alternative que les réformes et l’austérité. La politique de la cigale ne peut perdurer. Un jour ou l’autre, on va tous payer cette politique populiste et plus on retarde l’échéance, plus le prix sera onéreux et difficile à payer.

Najla Bouden n’ose pas dire cette vérité de La Palice à son président. Elle cherche à sauver sa tête en opinant éternellement et en subissant les ordres, souvent insensés, de son président. Il ordonne, elle exécute, point. 

Par Nizar Bahloul
31/07/2023 | 16:59
6 min
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Commentaires
EL OUAFFY Y
L Expérience qui manque
a posté le 02-08-2023 à 07:17
Faut Prévoir l experience ils sont la des hommes savent qu est ils font mais ils sont négligés .Ceux qui ont appris comment gerer les anciens de l etat profond .
Lassaad
Les articles
a posté le 01-08-2023 à 16:04
se suivent et se ressemblent, se répètent, se télescopent. On croirait revivre le même jour, la même rengaine, la même haine. Et les béni oui oui reprennent les mêmes articles que le dictateur (oui il parle de quatrième pouvoir), copient ses images et s'acharnent sur ses moulins à vent. Dur dur d'être lecteur. Au diable les petites mesquineries, au diable le pouvoir quel qu'il soit. Vos égos à tous nous soûlent, belligérants stériles d'action et d'idées. Journalistes, arrêtez de tirer sur les ambulances. Allez de l'avant. L'excès de hargne devient suspect. '?tre neutre dans ce pays est devenu une calamité, un chemin de croix. Que du négatif de part et d'autre. Un pouvoir obtu d'une part et une critique aveugle d'autre part. Le radicalisme ne convainc pas les personnes sensées mais harangue et mobilise les fanatiques. Si Nizar, mettez de l'eau dans votre "nebith" et ne jetez pas le bébé avec l'eau du bain, vous n'en serez que plus convaincant.
Gg
Et alors?
a posté le 31-07-2023 à 21:30
"Saïed décide, Bouden exécute"
En effet, c'est le principe du régime présidentiel.
Sérieusement, reprochez au Président de ne pas déléguer suffisamment, de ne pas faire facilement confiance, mais ne lui reprochez pas de faire son job!

Et une fois encore, on se souvient du temps pas si lointain où Ghannouchi tirait les ficelles dans le dos du président élu, et vous ne trouviez rien à redire.
Bizarre...hhhhhh

Zarzoumia
Jild el7imar
a posté le 31-07-2023 à 21:02
Saïed décide et Bouden exécute, mais tout le monde tape sur Bouden. La meilleure image donnée est celle de Hamma Elhammami avec son histoire des deux ânes. On n'ose pas arrêter l'âne fou qui saccage toute la plantation et on préfère taper l'âne calme attaché à l'arbre. Le tunisien espère toujours que l'âne produise des écus d'or à la place de son habituel crottin. Il n'a pas lu peau d'âne, pour savoir qu'avec jild el7imar on pourrait avoir meilleure fortune.
EL OUAFFY Y
Arretez
a posté le à 07:20
Manque de respect pourquoi vous moquez des autres ?
Fares
Caffeine and nicotine-fuelled decisions
a posté le 31-07-2023 à 19:12
Le putschiste kaies saied est en mode réaction depuis 2019, c'est l'arbitraire qui règne dans ce pays, zéro planification et zéro vision. Le régime ne daigne bouger le petit doigt que lorsque la barque commence à prendre l'eau et ce pour appliquer quelques rustines par-ci et par là afin de repousser un peu plus l'heure du naufrage. Le putschiste n'a qu'un seul objectif, servir ses intérêts personnels, le reste, il s'en fout éperdument. Ceux qui n'ont pas encore réalisé cela ont besoin d'une cure de débhamisation.

Quand à la mémère d'Al Kasbah, elle finira par payer pour sa complicité passive dans ce projet de destruction de la Tunisie. Elle ne pourra pas dire, je n'étais pas au courant.

Enfin, le slogan du putschiste est: "Tu bouges, je te limoges", donc il ne faut pas s'étonner de la passivité de ces ministres carriéristes.
Patriote
Conorme à la constitution
a posté le 31-07-2023 à 18:15
Aucun problème car on est en régime présidentiel qui donne tous le pouvoir au président de la république
On voit le même système dans plusieurs autres pays notamment la France
djodjo
@patriot
a posté le à 19:52
Noooooo l'ami, en régime présidentielle il y a un contre pouvoir, en France par ex, si le président rate son référendum parce que pas de majorité, le président démissionne, voir degaulle par ex, nous, pour les législatives il fait 11% et il nous impose malgré tout son parlement, je parle même pas de la constitution ou son référendum, que des fiascos populaire et il est toujours la, c'est parce que l'on est en dictature et que kais n'est pas président mais dictatour.

Svr
@djodjo le mytho
a posté le à 10:47
Le référendum de 1995 ,ça te dit quelque chose bouffon?
Le président n'a pas démissionné et a mis un gros doigt d'honneur au peuple...
BOUSS KHOUK
ET CERTAINS ça leur fait chier !!!
a posté le 31-07-2023 à 16:37
IL HOUK WOU DOUK !! KIMA EL AADA -- JRANIT OUM GOURGOUR .