
La menace plane, silencieuse mais réelle. En Italie, elle a ravagé des millions d’oliviers. En Tunisie, des experts comme Faouzi Zayani tirent la sonnette d’alarme : si rien n’est fait, Xylella fastidiosa pourrait anéantir une part essentielle de notre patrimoine agricole.
Mais que peut faire un agriculteur ou un simple citoyen pour agir ? Voici un guide pratique pour comprendre, détecter et prévenir cette catastrophe.
1. C’est quoi, Xylella fastidiosa ?
Xylella fastidiosa est une bactérie transmise par des insectes piqueurs-suceurs, comme certaines cicadelles. Elle infecte le système vasculaire des plantes (le xylème), empêchant la circulation de la sève.
Résultat : feuilles brûlées, rameaux desséchés, fruits qui tombent prématurément, et mort progressive de l’arbre.
Aucun traitement curatif n’existe à ce jour. La seule solution : la prévention et la détection rapide.
2. Comment reconnaître un olivier infecté ?
Voici les signes qui doivent alerter :
Feuilles qui brunissent et se dessèchent (souvent sur les bords)
Branches entières qui meurent soudainement
Fruits qui tombent avant maturité
Zones mortes dans la cime de l’arbre
Arbre globalement affaibli, même s’il a été bien arrosé
Ces symptômes peuvent aussi être confondus avec d’autres maladies. Seuls des tests en laboratoire peuvent confirmer la présence de la bactérie.
3. Ce qu’il ne faut surtout pas faire
Importer ou planter des oliviers, lauriers ou amandiers sans certificat phytosanitaire
Réutiliser des outils non désinfectés entre deux arbres ou deux parcelles
Laisser pousser des plantes hôtes comme le laurier-rose à proximité des cultures
Ignorer la présence d’insectes étranges (petites cicadelles notamment)
4. Les gestes à adopter pour protéger ses oliviers
Inspecter régulièrement ses arbres, surtout en période de stress hydrique
Installer des pièges jaunes pour surveiller les insectes vecteurs
Nettoyer et désinfecter les outils agricoles entre chaque utilisation
Éliminer les plantes hôtes connues autour des oliviers
Garder un œil sur les oliviers voisins, en particulier ceux récemment plantés
5. Signaler sans attendre
En cas de suspicion :
Contacter immédiatement la CRDA (Commissariat régional au développement agricole) de votre gouvernorat
Ou contacter la Direction générale de la production agricole (DGPA)
Prendre des photos claires des feuilles et rameaux touchés
Si nécessaire, demander une analyse en laboratoire (via l’INRAT ou un centre régional spécialisé)
Ne jamais procéder à l’arrachage ou au traitement sans confirmation officielle.
6. Et les autorités, que doivent-elles faire ?
Les professionnels et les décideurs sont appelés à :
Mettre en place un dispositif national de surveillance
Former les agents agricoles et agriculteurs
Lancer des campagnes d’information locale dans les régions oléicoles
Faciliter l’accès au diagnostic pour les petits producteurs
Encourager la recherche sur des variétés résistantes tunisiennes
En résumé
Protéger nos oliviers, ce n’est pas seulement sauver une culture. C’est aussi défendre des emplois, préserver une alimentation saine et locale, et sauvegarder un héritage millénaire.
Ressource utile
Liste des CRDA en Tunisie



