
Le soin mis par différents protagonistes pour casser et rompre les liens de ce qu’on appelle nation tunisienne est remarquable. L’idée de nation repose sur des principes simples, il ne s’agit pas seulement d’un espace géographique partagé par des millions de personnes qui ont la même carte d’identité. L’idée de nation englobe la justice, le fait de savoir que chaque citoyen dispose de droits et de devoirs, que tout le monde est traité de la même manière au regard de ces droits et devoirs, que tout cela est régi par un contrat social qui est la constitution et toutes les lois qui en découlent.
C’est dans les moments difficiles, de confrontation et de doute, que les nations et leur solidité sont testées, mises en question. Ce fût le cas lors de la seconde guerre mondiale lorsque le monde fût confronté au nazisme et au fascisme. Les pays se sont alors ligués et ont fait de grands sacrifices pour préserver leurs nations, leurs principes, leurs modes de vie. C’est devant le danger imminent qu’une nation se réveille, qu’un peuple s’unit et fait face. C’est quand il y a des choix collectifs forts à prendre et à assumer que l’on doit pouvoir sentir que nous sommes une nation.
Toutefois, il est vrai que l’idée de nation devient quelque peu désuète au vu de la globalisation tous azimuts que nous subissons depuis plusieurs décennies. L’idée même n’est plus à la mode et l’uniformisation a pris le pas sur une grande partie des particularités nationales.
Il existe cependant des moments, des virages historiques qui ramènent vers ces notions liées à la nation. La crise du Covid-19 et le plan de vaccination fait en Tunisie en sont un. La vaccination de la Tunisie a montré que la nation était gravement malade. Les principes d’égalité, d’accès aux soins pour tous, de justice… sont tous bafoués allégrement.
La décision du gouvernement de Hichem Mechichi de dispenser les citoyens libyens arrivant par les airs de confinement obligatoire d’une semaine, a provoqué un tollé. Les Tunisiens vivant à l’étranger se sont heurtés à la violente réalité selon laquelle un citoyen libyen est mieux traité qu’un ressortissant du pays. Cette inégalité de traitement a été ressentie comme une profonde injustice. Ce sentiment que l’on n’est pas vraiment un citoyen, qu’il existe des citoyens de seconde zone qui ne sont pas concernés par les avantages et les passe-droits est ce qu’il existe de plus dangereux pour la nation. La justice tunisienne, les péripéties d’une Assemblée des représentants du peuple où l’impunité règne en maître, le fait qu’être un membre du gouvernement donne droit à une priorité absolue dans la vaccination, tout cela ce sont des éléments qui accréditent la thèse selon laquelle tous les citoyens ne sont pas égaux devant la justice ni devant l’Etat. Au vu de ce qui s’est passé ces dernières années, il ne s’agit nullement d’une surprise.
En réaction au délitement continu de la nation, les gens trouvent refuge dans des ghettos, des îlots sociaux qui vont leur permettre de peser sur un Etat faible et défaillant, enclin au chantage et au tour de force. Certains vont trouver cet abri dans des syndicats professionnels comme celui des enseignants, des cheminots ou des agents du fisc. D’autres le trouveront dans leurs régions, ou même dans leurs délégations, El Kamour en est un exemple édifiant. On va même jusqu’à chercher cet abri tant désiré dans les publics sportifs qui soutiennent tel ou tel club.
Le point commun entre tous ceux-là est que le lien qui les unit est plus fort que celui de la nation. C’est pour cela que les syndicats font actuellement pression pour être vaccinés en priorité. Ils forcent la main à l’Etat pour avoir cette priorité, qui n’est aucunement justifiée au vu des critères fixés par le gouvernement. La vaccination en Tunisie a montré qu’il fallait peser, menacer de de grève et entraver la bonne marche du pays pour passer devant les autres, au détriment de toute logique. La vaccination a également montré la fragilité et la faiblesse d’un Etat qui n’a pas les ressources nécessaires pour appliquer et faire respecter ses propres directives. Un Etat avec une inquiétude tendance à céder, à fuir et à se cacher. Cela ne l’empêche pas de fournir des avantages et des priorités dans la vaccination à ses membres les plus éminents.
Quand tout le monde est persuadé que l’Etat ne peut rien et que tout est une histoire de privilèges et de débrouille, c’est toute la construction de la nation qui est en péril. Il se trouve que le fait d’être citoyen tunisien ne donne accès à rien du tout, il faut être quelque chose de plus : Citoyen et syndicaliste, citoyen et membre du gouvernement, citoyen et gréviste etc… les principes d’égalité, d’équité et de neutralité servent aujourd’hui à noircir du papier. Ce n’est certainement pas comme cela que les grands hommes qui ont bâti ce pays ont cru que les choses se passeraient. J’en profite pour saluer la mémoire de l’un des derniers qui nous a quittés récemment, Ahmed Mestiri. Paix à son âme.
J'ai été traitée de farfelue .d'enfoulardée de rétrograde, et de plein d'autres gentillesse.
Et maintenant... qu'allez vous faire ?
C'est que le fan_anatisme n'est pas uniquement religieux !!
Il peut aussi être laïc.
Mr Achouri a compris que l'étape d'universalisme est dépassée.
Oui Mr Achouri c'est le mot exact
"Uniformisme" .
Constat désolant d'un suicide collectif .
La médiocrité observée depuis plusieurs atteint son zénith avec cette dernière décision de privilégier certains tunisiens de l'étranger à d'autres..... surtout sans raison médicale valable. Par exemple le taux de vaccination!!!
La performance de la Tunisie en ce qui concerne la vaccination n'est pas idéale et on aurait pu faire mieux mais elle n'est pas catastrophique non plus, la Tunisie est troisième en Afrique derrière Les Seychelles et le Maroc.
Le nombre d'infections et de morts est très haut mais je pense aussi que les statistiques de pays comme l'Egypte par exemple ne sont pas crédibles.
Vous avez bien sur raison sur les autres points comme le chantage avec les grèves, le blocage de routes et sites de production etc.