A l’actualité cette semaine, le bras de fer qui continue entre le gouvernement et les syndicats de l’enseignement, une bagarre entre un pilote et un mécanicien-avion de Tunisair qui a fait suspendre tous les vols de la compagnie, une polémique futile autour d’enregistrements d’une réunion de Nidaa Tounes et l’entrée de nouveaux noms dans ce même parti.
Que faut-il penser du nouveau bras-de-fer entre les syndicats de l’enseignement et le gouvernement ? Aux dernières nouvelles, on se prépare à annoncer une grève ouverte jusqu’à ce que l’on limoge le ministre Néji Jelloul. Voilà où on en est à force de permissivité, de laxisme et de faiblesse de l’Etat. A voir le niveau de beaucoup d’entre eux, certains syndicalistes de l’enseignement ne méritent d’être ni dans la prestigieuse UGTT ni dans l’enseignement. Et c’est justement parce qu’ils ont ce bas niveau qu’ils sont à la fois ici et là et font la pluie et le beau temps en toute impunité. Comment mettre un terme à ce manège qui a trop duré ? Il n’y a pas 36.000 solutions, il faudrait appliquer les lois existantes et en créer une nouvelle adaptée à l’époque. Pour les lois existantes, il faut obligatoirement arrêter de payer les jours de grève, cela dissuadera plus d’un. Pour les lois à créer, il faudrait que les grèves se décident par vote secret par les adhérents. Il est inadmissible que 3-4 syndicalistes continuent à prendre en otage l’ensemble de leurs collègues, de leurs camarades et de leurs élèves. Hier, c’était à la Santé où l’on a demandé et obtenu la tête du ministre, aujourd’hui c’est à l’Enseignement et demain à qui le tour ?
A Tunisair, jeudi dernier, un mécanicien-avion et un pilote en sont venus aux mains. La situation était tellement tendue que la compagnie a dû suspendre un temps tous ses vols. Pour des raisons de sécurité évidentes, il était impossible de faire décoller des avions non contrôlés par les mécaniciens. Et après ? Que s’est-il passé ? On a promis une application stricte de la loi, on a juré que ce sera le cas. Il n’en fut rien ! Quand deux citoyens se bagarrent dans la rue, la police vient les chercher et leur fait passer la nuit au trou pour perturbation de l’ordre public. Mais quand deux individus se bagarrent dans le cockpit d’un avion, bloquent toute une compagnie et salissent l’image de tout un pays, on passe l’éponge. Pourquoi ? Parce qu’il y a un syndicat très fort derrière le pilote. Parce qu’il y a un syndicat très fort derrière le mécanicien. Jusqu’à quand va durer ce manège ?
L’Etat est faible, on le sait, on ne fait que le constater depuis 2011. Mais qu’en est-il de l’UGTT ? La centrale et son nouveau bureau fraichement élu ne peuvent-ils pas mettre un terme à cette immunité et cette impunité qui bloquent tout le pays ? Dans un pays qui n’applique plus ses lois, ou plutôt les applique à la tête du client, c’est la loi de la jungle qui finira par s’imposer. Et dans ce cas, il n’y aura plus ni d’Etat, ni d’UGTT.
Le parti « au pouvoir » Nidaa a réuni hier, dimanche 12 mars, ses hauts cadres et souhaité la bienvenue à de nouveaux entrants dont quelques ministres et anciens ministres. Au menu du jour, la question de la fuite des enregistrements. D’après Hafedh Caïd Essebsi, le « coupable » est identifié avec des preuves irréfutables. On ne prend pas le risque de citer son nom publiquement, mais les preuves sont irréfutables, répète-t-on. Quelles sont les preuves ? Elles sont irréfutables, tu ne comprends pas ? Dans les coulisses, et sous le off, les langues se délient plus facilement. Côté accusés, on a d’abord cité Sabrine Goubantini. Grande gueule, cette dernière a prouvé son innocence. Elle ne perd rien pour attendre, son tour viendra avec une nouvelle accusation. En attendant, elle était absente hier.
Deuxième accusée, Wafa Makhlouf. Caractérielle et cartésienne, elle a réussi à réfuter leurs preuves irréfutables. Elle ne perd rien pour attendre, elle aussi, son tour viendra.
Troisième coupable, Leïla Chettaoui. Les preuves ? On l’a entendu chuchoter près du micro et «Croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer » c’est elle. Ceux qui ne savent pas sont sceptiques. Ceux qui savent rigolent de la légèreté des preuves et préviennent de l’injustice qui pourrait frapper cette députée et membre de la commission d’investigation sur les départs en Syrie. C’est pour quand la fin des futilités ? C’est quand le début du vrai travail d'un parti capable d’attaquer les prochaines élections ?
En attendant, un coup d’œil sur la nouvelle composition des hauts cadres de Nidaa. Il ya trois pelés et un tondu qui ont fait leur entrée hier et qui serviront de vitrine et de diversion pour les médias. On amusera l’opinion publique comme on peut avec des histoires de fuites et de batailles d’égo entre membres, mais on aura tort de croire que Nidaa est fini.
Le véritable enjeu n’est pas là, car c’est dans l’antichambre que les choses intéressantes se passent. Dans cette antichambre, on voit que le « Palais » a quasiment placé tous ses conseillers au sein de Nidaa dont notamment le chef de cabinet du président de la République, Slim Azzabi.
Du côté de la présidence du gouvernement, Youssef Chahed n’a quasiment placé personne parmi ses fidèles, à l’exception quand même de son chef de cabinet Hédi Mekni. Très faible représentation quand on sait que le chef du gouvernement et son équipe sont fortement attaqués au sein de Nidaa.
Que signifie ce dispatching entre les cadres de Carthage et ceux de la Kasbah ?
Youssef Chahed et Slim Azzabi ont commencé ensemble et sont tous les deux transfuges d’Al Joumhouri. Les deux ont la pleine confiance du président de la République, dont ils sont parents lointains, les deux sont jeunes, les deux ont appris, sur le tard, les méandres de l’Etat et les deux visent, à terme, la tête de l’Etat. Les deux savent qu’ils ont une épine au pied qui s’appelle Hafedh Caïd Essebsi et les deux travaillent, pour le moment, en étroite intelligence. Ils ont réussi à s’imposer devant le père, après avoir soigneusement écarté le fils.
BCE, en vieux de la vieille, n’ignore rien de tout cela. Après avoir constaté l’échec de Mohsen Marzouk, avoir été déçu par Ridha Belhadj et avoir constaté (sans surprise) les limites de Hafedh Caïd Essebsi, il envoie ses troupes au complet à la réunion de Nidaa. Un Nidaa déjà vidé de plusieurs hauts cadres de grande valeur dont notamment Said Aïdi et Hichem Ben Ahmed ou encore Moncef Sellami, Lazhar Akremi et Abdelaziz Mzoughi. L’opération vidage de Nidaa continue avec le ciblage de Wafa Makhlouf et Leila Chettaoui dans l’affaire des fuites.
BCE reprend donc de nouveau le contrôle du parti pour pouvoir affronter les élections municipales et faire réussir au gouvernement sa mission et ouvre un grand boulevard devant ses deux poulains Youssef Chahed et Slim Azzabi. La question qui demeure sans réponse est : pour combien de temps encore ces deux là vont travailler en étroite intelligence sans se piétiner leurs platebandes.



Commentaires (11)
CommenterNotre nahdha rêve d'un sultanat, mais elle peut attendre!
BCE use et abuse de son jeu politico-stratégique favori...
Celui des pions interchangeables et du fils indétrônable...
C'est un jeu où les pions ont l'illusion d'être gagnants à court terme, mais sont systématiquement perdants à moyen terme...
A court terme, ils pensent être gagnants, soit en composant directement avec le père, soit en se mettant sous l'aile du fils. Dans le premier cas, ils finissent par incommoder le fils. Dans le deuxième cas, ils finissent par être totalement écrasés par l'arrogance du fils. La résistance de chacun sera proportionnelle à ses ambitions et son opportunisme politiques. Mais dans tous les cas, ils finiront par être éjectés à partir du moment où ils commenceront à faire de l'ombre au fils ou à le contester ouvertement.
Ce jeu peut être parasité par les jeux des autres partis et organisations, et il est parfois légèrement modulé. Mais BCE qui donne l'apparence d'un leadership sur le mode du "laisser-faire" ne perd pas le nord et garde le cap. Celui du maintien de sa crédibilité et du maintien tout court de son fils dans la direction du parti. De sorte que rien ou presque n'échappe au contrôle du père et du fils.
a l'actualité cette semaine ta loupé
Les voteurs du nidaa doivent donner une claque à la bande de HCE...
Finies les moqueries et les feintes.
Au peuple tunisien de s'unir, et de se débattre pour se débarrasser de ce piège infernal.
N'est-ce pas M.Mohsen Marzouk ? Regardez comment leur comportement devient étrange envers-vous et qui n'inspire pas à la confiance.
Dis moi qui tu frequentes......
Est ce Un travail journalistique ou un stratege pour mettre HCE en difficulte et exposer son inaptitude a mener une reunion ....a fortiori a diriger quoi que ce soit ? Son pere le sait
Je confirme la qualite de journalisme de BN que je consulte depuis son lancement en Tunisie. Bravo
3 FEMMES ET DES FUITES !
Similitude entre le gouvernement et ses tracasseries et le cokpit
Elle est F=....
Mais cette gouvernance est SCIENTIFIQUE grâce à l'application de la loi de Bernoulli!
Alors comment fortifier F constitutionnellement parlant?