Le chef de l’État se baserait sur des rapports sécuritaires préliminaires en ce qui concerne la tragédie de Zarzis. C’est ce que pense le porte-parole du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, Romdhane Ben Amor.

Au micro d'Elyes Gharbi lors de son passage à l'émission Midi Show, M. Ben Amor a estimé, jeudi 29 décembre 2022, que le président de la République avait détourné l’orientation de l’affaire et n’a pas répondu aux questions des habitants de Zarzis.

La veille, Kaïs Saïed a annoncé lors d’une réunion avec la cheffe du gouvernement, le ministre de l’Intérieur, le ministre de la Défense, la ministre de la Justice et plusieurs hauts cadres militaires et sécuritaires que l’embarcation du drame de Zarzis a été retrouvée : elle était percée et malgré les avertissements de marins aguerris concernant le chargement et la météo, l’organisateur de cette opération de migration clandestine a transporté une vingtaine de personnes alors qu’elle ne pouvait contenir que sept personnes.

Pour le chef de l’État, il s’agit d’une affaire fomentée de toute pièce : on a fait exprès de ne pas autopsier la première victime et on a jeté à la mer les autres corps pour envenimer les choses. Pire, et toujours selon lui, des fonds 100.000 dinars et 400.000 dinars auraient été donnés pour mettre en place toute cette affaire.

Commentant ces propose, le porte-parole du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux considère que le chef de l’État n’a pas répondu aux attentes des habitants.

Et d’affirmer : « Le président de la République adopte la version officielle qui évoque une surcharge de l’embarcation et de l’état de la météo : il s’agit donc d’un accident comme tous les accidents de migration clandestine, ce qu’il n’a pas avoué ouvertement, alors que les habitants évoquent un accident qu’aurait eu l’embarcation au large, un crime dont ils soupçonnent les unités maritimes ».

En outre, Romdhane Ben Amor pense que les 100.000 dinars évoqués par le chef de l’État sont relatifs à la campagne de solidarité qui a été entreprise par les habitants de Zarzis pour financer les recherches en mer : des fonds se trouvant dans un compte disposant des mécanismes de suivi, explique-t-il.

Autre fait important, M. Ben Amor a souligné : « C’est comme si le chef de l’État se basait sur des rapports sécuritaires préliminaires, ce qui est regrettable après trois mois et demi d’attente : Revenir avec des informations à moitié inexactes et à moitié incomplètes ».

Et de préciser que, cependant, le chef de l’État a présenté une information qui ne se trouve pas dans le dossier de l’affaire : l’embarcation qui était introuvable a été retrouvée, selon lui.

« Les familles vont réclamer que l’épave soit soumise à une expertise pour comprendre ce qui s’est passé », a-t-il noté, dans ce cadre.

En réponse à une interrogation de l’animateur, le porte-parole du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux a indiqué que dans le dossier cet élément n’existe pas et que peut-être le chef de l’État dispose de plus d’outils que ceux de Médenine, ce qui a permis d’avoir plus d’éléments.

« Ces gens ne vivent pas avec nous dans ce pays. Ils ne vivent pas la même réalité, les mêmes défis et les mêmes tragédies quotidiennement : ils vivent dans un autre monde et utilisent ces tragédies contre leurs opposants politiques », a-t-il affirmé, en assurant que le chef de l’État est passé près d’une occasion pour regagner la confiance des habitants de Zarzis.

Rappelons que lors du Sommet de la Francophonie, le 18 novembre 2022 à Djerba, le président de la République Kaïs Saïed avait appelé les habitants de Zarzis à faire preuve de patience.

Il avait imputé les tensions dans la ville a des parties qui œuvrent contre l’intérêt des habitants de Zarzis. 

« Patience ! La vérité finira par éclater ! », a-t-il affirmé ajoutant que plusieurs usent du malheur des habitants de Zarzis pour atteindre leurs objectifs politiques. 

I.N