Tribunes
Attention, le pays est en danger!

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Par Taïeb Zahar
Un mois après la fuite du tyran et de sa famille, la glorieuse Révolution tunisienne qui a rendu la liberté et la dignité à notre peuple, risque par les agissements des «forces du mal», de l’intérieur mais également de l’extérieur, de trahir la mémoire des martyrs qui ont sacrifié ce qu’ils avaient de plus cher : leur vie.
En effet notre pays est en train de vivre un tournant historique que si, nous savons négocier convenablement pourrait, j’en suis convaincu, déboucher sur la prospérité pour tous. A l’inverse, si nous continuons à ne pas assumer nos responsabilités (gouvernement, syndicats et société civile) et à répondre par la démagogie et la fuite en avant, sous l’œil complaisant de certains intellectuels en mal de légitimité, le pire n’est pas à exclure. Quelques exemples pour illustrer mes propos.
Premièrement. De nombreux investisseurs étrangers qui ont non seulement choisi notre pays pour le haut degré d’instruction et la compétitivité de sa main d’œuvre mais aussi et surtout pour le climat de sérénité et de sécurité qui prévalait, sont sur le point de fermer leurs usines et de quitter le pays. «On a décidé d’investir en Tunisie pour éviter le racket dont nos étions victimes dans notre pays, or aujourd’hui ce n’est pas à des revendications sociales somme toute légitimes auxquelles on a affaire même si le moment n’est pas propice, mais à un véritable chantage orchestré par des pseudosyndicalistes dont le seul but est de nous pousser à partir. Ce que nous ne voulons pas faire malgré l’appel du pied que nous font certains pays de la région» témoigne Carlo B. Italien, installé en Tunisie depuis une dizaine d’années. Saviez-vous que les entreprises étrangères (prés de 3000) emploient 300 000 personnes et contribuent à 45% de nos exportations soit plus de mille milliards de nos millimes par an?
Deuxièmement. Des hordes de sauvages sont en train de polluer le secteur du tourisme en ayant recours à l’intimidation et parfois même à la violence à l’encontre de leurs responsables dans des hôtels parfois désertés de tout client. Le cas de l’hôtel Regency à Gammarth est à ce sujet édifiant. Ses travailleurs parait-il appuyés par leur syndicat ont voulu exiger par la force des augmentations salariales au moment même où les hôteliers luttent pour la survie de leur unité et qu’ils tentent tant bien que mal d’assurer les salaires de leurs employés pour marquer leur solidarité. Ces “revendications’’, coïncident avec l’appel de nos partenaires européens à leurs concitoyens pour venir en Tunisie malgré le fait que la sécurité n’est pas encore totalement assurée ! Un sondage France24 a révélé que 39% des Français sont prêts à revenir cette année en Tunisie. Savez-vous que le secteur du tourisme fait vivre 600 000 familles en Tunisie et représente l’une des principales sources de devises du pays ?
Troisièmement. Je voudrais revenir sur deux cas qui défraient en ce moment la chronique. D’abord, Tunisie Telecom (TT) qui emploie 8500 personnes et représente l’un des fleurons de l’économie tunisienne avec plus de 400 millions de dinars de bénéfices l’an dernier. Et ce, malgré le racket de la mafia des Trabelsi dont TT en constituait l’une des plus grandes vaches à lait, et la mainmise sur le budget de communication de TT par la très controversée Agence Tunisienne de Communication Extérieur (ATCE) qui extorquait cet argent pour faire publier des suppléments sur la Tunisie, dignes de la Corée du Nord et finançait parallèlement des mercenaires dont le seul but était de harceler les opposants Tunisiens à l’étranger. Leur concurrent Tunisiana avec pratiquement la même part de marché et moins de bénéfices emploie 1500 personnes. Faut-il donc féliciter ou lyncher publiquement les cadres de TT comme nous assistons en ce moment avec l’étalage de leurs salaires sur la place publique? N’ont-ils pas été déterminants avec l’aide de l’ensemble des employés malgré ces contraintes de gestion au grand succès de leur institution ? N’ont-ils pas été patriotes en acceptant de retourner au pays en abandonnant leurs situations dorées à l’étranger?
Ensuite, la Compagnie de phosphate de Gafsa gagnait certes 1 milliard de dinars par an quand le prix de la tonne de phosphate se négociait à 100 dollars, mais aujourd’hui les prévisions tablent sur un prix de 45 dollars à l’horizon 2013 pour un coût de production de 37 dollars. Au nom de quelle logique entrepreneuriale faut-il recruter 8500 nouveaux employés comme l’exige le Syndicat au risque de noyer toute l’entreprise?
L’heure est grave et je pèse mes mots. Il faut d’urgence une prise de conscience de la part du gouvernement, des syndicats et de la société civile. Le Premier ministre, M. Mohamed Ghannouchi en vrai patriote doit tirer la sonnette d’alarme et dire la vérité au peuple. Ce gouvernement de transition ne doit pas céder à la pression d’où qu’elle vienne car en acceptant la surenchère, il hypothéquera durablement l’avenir de notre pays. M. Abdeslem Jrad et la direction de la Centrale syndicale, qui ont joué un rôle historique dans cette révolution, devront peser de tout leur poids pour arrêter la dérive des revendications quitte à être débordés par une partie de leur base, qui pour des raisons obscures veut conduire le pays au chaos. Je fais appel à leur sens de responsabilité. A la société civile et aux médias de privilégier le seul l’intérêt de la Tunisie quitte à déplaire. Trêve de démagogie. Déjouons le complot que l’on veut nous faire subir, car il y a péril en la demeure. Ne donnons pas satisfaction aux lâches qui ont pris la fuite en laissant le pays dans le pétrin. Soyons dignes de la révolution !!
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