Ce sera probablement la semaine prochaine que l’INS (Institut national de la statistique) délivrera les résultats de la croissance économique, globale et sectorielle, de l’année 2016 et quels ont été les facteurs et les déterminants de cette croissance qu’ils l’aient tirée vers le haut ou lestée vers le bas. Le rendez-vous est important car ces résultats préfigurent des capacités du pays à pouvoir réaliser l’objectif d’une croissance économique de 2,5% en 2017, et cela en comptant d’abord et avant tout sur ses propres ressources. Cela donne implicitement à voir si l’économie du pays va une fois de plus sombrer dans l’endettement ou émerger de cette spirale infernal d’emprunts. Et, de ce point de vue, la voie du salut ne réside que dans les réformes structurelles que le pays est plus que jamais dans l’obligation de mettre en œuvre rapidement. Certes, un pas significatif a été franchi dans ce sens, à travers les différentes lois adoptées pour dévisser certains écrous qui enchainaient l’économie tunisienne et rebutaient les investisseurs. Sauf que les textes d’application de ces lois tardent encore à être publiés. Pourtant, la réalité de notre croissance économique de 2016 doit suffire à faire prendre conscience de l’urgence économique et donc de l’urgence de leur parution. C’est là la seule garantie que peut présenter la Tunisie à l’occasion de ses prochaines sorties sur les marchés financiers internationaux. Et encore, si ceux qui, à plusieurs égards, peuvent constituer de bons soutiens, ne se dérobent pas. Or, c’est ce qui, malheureusement, semble être le cas actuellement.
L’Agence de rating Fitch vient récemment de dégrader la note souveraine de la Tunisie de « BB-» à « B+ » avec des perspectives « stables ». L’Agence en donne les raisons d’ailleurs. Elle a estimé que la moyenne de croissance économique n’est actuellement que de 3,5% contre 4,5% de moyenne de croissance durant les années pré-révolution. C’est une performance qui est en-deçà du critère médian de 4% fixé par l’agence pour mériter la note « BB». Fitch explique que la dégradation de la note souveraine de la Tunisie a pour raison aussi d’une part l’aggravation en fin d’exercice du déficit budgétaire 2016 par rapport aux prévisions initialement établies. Du coup, c’est l’endettement du pays qui en prend un coup. Ainsi, selon l’agence, le taux d’endettement du pays atteint 64% du PIB. Il est très au-delà des 51% fixés comme critère médian pour obtenir la note « BB ». C’est dans le même sens que s’inscrit la balance des paiements courants qui affiche un déficit de 8,9% du PIB en 2016, toujours selon l’agence, et risque d’atteindre 9,3% en 2018. Ce déficit n’est pas sans effet sur les avoirs en devises du pays qui couvrent juste 3 mois d’importation à la fin de 2016, bien en-deçà du critère médian (3,9 mois d’importation) pour maintenir la note à « BB ».
Des signaux loin d’être positifs
Et ce n’est pas tout. Fitch estime que le gouvernement n’a pas la possibilité de réaliser ses objectifs budgétaires en 2017 et projette même un déficit budgétaire d’environ 6% en 2018, supposant que le budget des rémunérations va accaparer 70% des ressources courantes ou primaires du budget et partant, réduire les marges de consolidation budgétaire. L’Agence signale par ailleurs que, pour financer le déficit budgétaire et honorer ses engagements extérieurs, les besoins de financement pour l’année 2017 représenteraient près de 10% du PIB. Le signal est loin d’être positif.
Avec cela, la levée d’un emprunt obligataire d’un milliard d’euros sur le marché financier européen, prévue avant la fin du 1er trimestre 2017, ne sera pas de tout repos. Cela le sera d’autant plus que les bailleurs de fonds multilatéraux ne donnent aucun signe d’encouragement à l’initiative tunisienne. Le communiqué de fin de mission de la délégation du FMI, venue faire le point sur l’état d’avancement du programme établi avec le gouvernement dans le cadre du mécanisme élargi de crédit, aurait pu faire allusion positive à défaut de soutien aux autorités à l’occasion de cette sortie. Il n’en fut rien.
Et plus encore, puisque le fameux communiqué n’indique même pas que le décaissement de la première et de la deuxième tranche du crédit élargi de 2,9 milliards de dollars est sur la bonne voie. Il s’est suffi à préciser que la délégation « continuera d’entretenir un dialogue de politique générale rapproché sur la réduction des déséquilibres budgétaire et extérieur et sur la redynamisation des réformes structurelles ». En langage cru, cela signifie qu’une bonne partie des critères et objectifs fixés par le programme économique du gouvernement en contrepartie du crédit n’ont pas été réalisés. Par conséquent, cela ne permet pas, pour le moment, de débloquer des tranches promises, évaluées à plus de 1,4 milliard de dinars (550 millions d’euros environ). Là aussi, le signal est loin d’être positif.
En clair, il faudra s’attendre à ce que, cette année, la Tunisie paie cher ses coûts d’emprunt. Très cher même. Et à l’économie d’endettement de prendre davantage racine dans le pays.



Commentaires (6)
Commenter#Yezi min 9ouroudh e'tamwil__bi3 el banka wil'wtil#
Avant il y avait Zaba et les 40 voleurs
Etienne Brou
Y en a marre de diagnostiquer il faut agir maintenant ...
Si j'ai bien compris...
Qui dit mieux: passer de 35% à 63% d'endettement en 5ans
Un passage magnifique à savoir "dévisser quelques écrous"!
Un "dévissage" par des LOIS étant donné que la Tinisie est un État Civil est c'est de la LEGIDYNAMISME encore une "technique"pas donnée au Gamin Chahed ...