
Ancien ministre du Transport et des Affaires sociales sous le gouvernement d’Habib Essid, Mahmoud Ben Romdhane, ex-titulaire de chaire de macro-économie à la Faculté des sciences économiques de Tunis El Manar, a donné une conférence, samedi 21 janvier 2017, au palais de l’Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts (Beït Al-Hikma), à Carthage.
Durant cette conférence, organisée par Beit al-Hikma, le Cercle Kheireddine et l’Association des économistes tunisiens, et intitulée, « La Tunisie face à ses grandes crises économiques : les voies de la sortie », Mahmoud Ben Romdhane a tenu à préciser que sous les multiples effets des déficits du budget de l’Etat, des entreprises publiques et du système de protection sociale, l’économie de la Tunisie a enregistré des pertes de revenus considérables, des déficits et un endettement publics sans précédent.
Et d’ajouter que pour sortir de la crise actuelle, il est impératif d’éviter le spectre grec, estimant qu’il faudrait trouver un compromis, pas très évident, fondé sur un ensemble de principes réunissant, à la fois, un modèle social solidaire, la souveraineté nationale, la compétitivité, la productivité et l’efficience.
Or, pour parvenir à une véritable souveraineté nationale, l’économiste prône la mise en place d’un plan clair permettant le désendettement public, l’interdiction des financements étrangers au profit des partis politiques et le contrôle rigoureux du financement des associations. Quant au modèle social solidaire, il consiste, selon Mahmoud Ben Romdhane en un ensemble d’avantages nécessaires, à savoir une couverture sociale universelle, un revenu décent, même en cas de perte d’emploi, une formation professionnelle de qualité et un intérêt accru pour les personnes porteuses de handicap.
Concernant la compétitivité, M. Ben Romdhane se prononce pour des efforts supplémentaires afin de rendre les régions intérieures du pays plus attractives pour les investisseurs grâce à la mise en place d’une stratégie en faveur de l’infrastructure de base et d’un aménagement mieux étudié du territoire.
M. Ben Romdhane appelé, par ailleurs, à la mise sur pied d’un plan de lutte contre la corruption au sein de l’administration publique et à l’élaboration d’un pacte environnemental pour la révision des finances publiques, de l’administration et des caisses de sécurité sociale.
Passant aux propositions concrètes pour sortir, justement, de la crise, l’ancien ministre privilégie l’intégration du budget de l’Etat pour les cinq prochaines années dans une perspective de moyen et long termes tout en préconisant la réforme de l’administration pour parvenir à une masse salariale par rapport au PIB de 11 à 12% à l’horizon 2020.
Et tout en se prononçant en faveur d’un appel aux compétences de très haut niveau pour une durée et des missions déterminées avec un statut spécifique et des avantages particuliers, Mahmoud Ben Romdhane appelle, également, à des reformes immédiates des caisses sociales par le redressement du régime des retraites qu'il qualifie de « source de l'hémorragie », et ce en retardant l’âge de départ à la retraite de 2 ans et en appliquant un taux de pension uniforme de l’ordre de 2% par année de service.
Commentaires (5)
Commenter@Antinida
BCE a coupé toutes les têtes qui dépassent
L'Economie Solidaire et Sociale
Il ne s'agit pas non plus de prendre les recettes monétaristes que la Grande-Bretagne à mise en application, consistant à ce qu'un chômeur doit accepter des travaux de durée d'une heure s'il le faut et que durant cette heure de travail, il n'est plus considéré comme demandeur d'emploi, d'où la course folle pour le demandeur d'emploi à recherche un emploi d'une heure ici, une heure là-bas sans arriver à vivre de sa précarité.
On se rend compte que les recettes toutes faites de pays socio-démocrates ou de pays monétaristes ne peuvent répondre aux problèmes crées par la société tunisienne.
Il faut donc réfléchir à un train de mesures adaptés, à des solutions alternatives qui sortent des recettes toutes faites pour inviter les citoyennes et les citoyens à l'esprit d'initiative et à l'entreprenariat quand cela est possible.
Pour être très concret, les micro-crédits, attribués à certaines conditions, peuvent financer le redéploiement d'une quantité importante d'une population active qui serait prête à s'investir pour sortir de la crise.
Je vous donne un exemple précis. Il existe en Tunisie d'excellents apiculteurs réduits à la pauvreté car ils ne disposent pas d'une colonne vertébrale suffisamment solide pour vivre décemment du travail d'apiculture. C'est tout un pan du secteur économique qui s'éteint peu à peu, alors qu'avec l'économie solidaire, avec un tuteur capable de soutenir les efforts des apiculteurs entreprenants et aider à la renaissance d'un secteur économique qui peut être florissant à moyen terme.
Il ne s'agit pas de convertir la population sans emploi à la religion de l'apiculture, il s'agit de saisir l'opportunité de relancer l'apiculture auprès d'apiculteurs honnêtes et compétents à suivre une formation d'excellence pour leur permettre à la fois de vivre de leur travail et ensuite de hisser le miel de Tunisie au palmarès des miels de luxe que le monde entier serait disposé à acheter au prix fort.
Avec un millier d'apiculteurs nouveaux, la production de miel pourrait être de 100.000 kilos de miel dès la première année et la vente de ces 100 tonnes peut, dès la première année de travail, attribuer des revenus qui sortent 1000 personnes du chômage, sans ruiner les deniers de l'Etat.