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«Les magistrats tunisiens préfèrent mourir que de se soumettre une nouvelle fois !», dixit Raoudha Laâbidi
28/05/2012 | 1
min
«Les magistrats tunisiens préfèrent mourir que de se soumettre une nouvelle fois !», dixit Raoudha Laâbidi
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Raoudha Laâbidi, présidente du Syndicat des magistrats tunisiens (SMT), a développé, lundi 28 mai 2012, sur Shems Fm la position du SMT concernant la révocation de 81 magistrats.

Mme Laâbidi s’est étonnée de la démarche du ministère de la Justice ainsi que de ses raisons. En effet, si le ministère dispose comme il l’affirme de documents inculpant des magistrats, il aurait dûsoumettre ces dossiers à la justice pour qu’ils soient jugés, tout en leur garantissant un procès équitable et surtout le droit de se défendre, affirme-t-elle en substance.
En parallèle, les juges corrompus doivent payer pour les injustices qu’ils ont commises envers le peuple, a-t-elle souligné, alors que la révocation est une porte de sortie qui leur permet de s’entirer.C’est une protection pour eux du courroux de la justice.
La présidente du SMT a, également,précisé que les magistrats concernés par cette décision ou les structures les représentant n’ont pas été prévenus, le ministre ayant annoncé qu’ils seront joints lundi. Elle a souligné qu’il était possible qu’ils soient en train de siéger lorsqu’ils recevront leurs révocations, ce qui est, en soi, une aberration, étant donné qu’ils sont révoqués depuis samedi.

Raoudha Laâbidi a insisté sur le fait que les magistrats ne sont pas contre l’assainissement du secteur, chose à laquelle ils ont appelé à maintes reprises, notamment par le biais de la création d’une Instance provisoire indépendante de la magistrature.
En fait, la lecture de cette décision par les magistrats est différente. Pour eux, il s’agit d’une stratégie pour les soumettreà l’exécutif : le message du ministre étant, toujours selon Mme Laâbidi, «celui qui parle sera "dégagé"», ajoutant qu’au temps de l’ancien régime, les méthodes étaient moins répressives car le juge était soit muté, soit privé de sa promotion, maintenant c’est pire : le magistrat est tout bonnement éjecté.
Ainsi, le SMT appelle à l’assainissement mais par des mécanismes légaux, expliquant qu’actuellement il n’y a aucune garantie pour que cette épée de Damoclès, que représente cette mesure,ne soit pas suspendue sur la tête de tout juge ne se conformant pas au désir de l’exécutif, ce qui met en péril le principe d’indépendance de la justice, a-t-elle ajouté.
Donc, toute cette manœuvre vise àfaire main basse sur les juges et sur la justice, explique-t-elle, mais «les magistrats tunisiens préfèrent mourir que de se soumettre une nouvelle fois», prévient-elle.

En outre, Mme Laâbidi a précisé que l’assainissement du secteur de la magistrature ne revient pas au ministre de la Justice mais à l’Instance provisoire indépendante de la magistrature qui va être créée. Selon elle, et suite à cette décision, le ministère a prouvé que la création de cette instance n’est pas dans son intérêt et c’est pour cette raison que jusqu’à maintenant cet organisme n’a pas été mis en place.
Concernant le projet proposé par le ministère, elle a expliqué que dans ce projet il n’y a aucune garantie de l’indépendance de la justice. Le ministère a repris la loi de 67 que Ben Ali utilisait pour soumettre les magistrats à sa volonté, a-t-elle ajouté. Le projet prévoit également que l’instance soit présidée par le ministre de la Justice et que le président de l’Assemblée nationale nomme six personnes. Donc au bout du compte, l’instance sera composée de dix personnes nommées par les pouvoir exécutif et législatif aux côtés de six magistrats élus, a-t-elle conclu.

Concernant les réactions qui seront adoptées par les magistrats contre cette mesure, Raoudha Laâbidi a indiqué que toutes les options sont possibles et que les propositions allaient au-delà d’une simple grève générale sans vouloir les préciser. Elle a aussi souligné que pour ces questions essentielles la voix des magistrats sera unie et que personne n’exploitera leurs divergences.

Rappelons que dimanche, l'Association des magistrats tunisiens (AMT) a voté, à l’issue de son Assemblée générale extraordinaire, la tenue d’une grève, dont les modalités (date, durée) seront décidées ultérieurement par leur bureau exécutif. En outre, une lettre sera rédigée à l’adresse du peuple pour lui expliquer la réalité et les dessous de ce qui se passe dans les coulisses de ce secteur.

Imen Nouira
28/05/2012 | 1
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